Crues : à Chinon, la Vienne enfin en décrue

La décrue de la Vienne a commencé lundi à Chinon (Indre-et-Loire), où la population a été appelée la veille à évacuer en raison de la montée des eaux dans ce département toujours en vigilance rouge, tandis que douze autres départements sont placés en vigilance orange.

A Chinon, les flots de la Vienne restent tumultueux, même si une légère décrue s’amorce: sur les arcades du pont routier, l’eau laisse des traces d’humidité en se retirant, constate une journaliste de l’AFP sur place.

« La décrue est nette (…) la Vienne est en baisse », a déclaré le préfet de l’Indre-et-Loire, Patrice Latron, lors d’une conférence de presse à Chinon, estimant l’épisode « exceptionnel ».

Cependant, « dans les jours qui viennent, nous resterons vigilants » car « on annonce des pluies dans les départements qui bordent (le nôtre) et ces pluies conditionnent le niveau de la Vienne », a-t-il précisé.

La Vienne s’affiche lundi matin aux alentours de 5,40 mètres, observant « un plateau », a précisé à l’AFP Dominique Marteau, agent de la Dreal Nouvelle-Aquitaine à Poitiers chargé de mesurer le débit de la rivière pour la carte de vigilance nationale Vigicrues.

Si certaines rues et routes restent inondées, les habitants de la petite ville, dont la forteresse médiévale surplombe la rivière en crue, se promènent par un grand ciel bleu.

Certains viennent en famille, en attendant la messe qui sera célébrée comme d’habitude en ce lundi de Pâques dans l’église Saint-Etienne de Chinon.

« C’est une belle crue mais pas la crue du siècle », commente Sophie Vincent, 57 ans, commerçante.

– Evacuations –

Dans l’ensemble du département d’Indre-et-Loire, 562 personnes ont été évacuées depuis samedi à la mi-journée, dont 370 à Chinon, a indiqué à l’AFP la préfecture d’Indre-et-Loire, précisant qu’aucune autre évacuation n’est pour l’instant prévue.

Le préfet a annoncé « autoriser la réintégration des résidents de l’Ehpad »(Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), évacués sur la commune de l’Île Bouchard, en bord de Vienne, ainsi que le retour des habitants du quartier de Saint-Jacques, à Chinon.

Selon le maire de Chinon, environ « une cinquantaine de foyers » n’ont pas souhaité quitter leur domicile.

Dans plusieurs rues de Chinon, des habitants ont tenté de barricader leurs logements avec des parpaings, des bâches ou encore des pierres.

Parfois sans succès. Trempé jusqu’aux cuisses, Antoine, gérant du Café de la Liberté, constate les dégâts. « Ma pompe à bières est fichue et toute l’électricité en bas a sauté », soupire-t-il. L’établissement devra fermer temporairement ses portes.

Dans le quartier de Saint-Jacques, Eva, 77 ans, ouvre les volets bleus clairs de sa maison. Elle a refusé d’être évacuée dimanche. « C’est n’importe quoi, l’eau ne va pas monter à l’étage. »

Si « les dégats sont difficiles à estimer », les services en « eau potable, assainissement, téléphonie ont été maintenus », ainsi que l’électricité, se félicite M. Dupont.

En Haute-Vienne, les recherches ont repris pour retrouver un kayakiste, après une alerte donnée samedi vers 16H00 par plusieurs témoins qui avaient aperçu l’homme « en difficulté » depuis la commune d’Aixe-sur-Vienne, à 10 kilomètres à l’ouest de Limoges.

La préfecture signale cependant l’absence « de signalement d’un proche disparu ».

– Vigilance orange –

Douze autres départements sont en vigilance orange pour risque de crues jusqu’à mardi, selon le bulletin de Météo France.

Il s’agit des Alpes-de-Haute-Provence, Bouches-du-Rhône, Charente, Charente-Maritime, Côte-d’Or, Dordogne, Gard, Gironde, Saône-et-Loire, Var, Vaucluse et Yonne.

En Côte-d’Or, à Venarey-lès-Laumes, 16 clients du camping municipal ont été évacués dans la nuit, a indiqué à l’AFP son gérant, Dominique Machado. A Arnay-sous-Vitteaux, un parc animalier a dû fermer ses portes et se mobilise pour « mettre en sécurité » ses quelque 500 animaux.

Dans le Gard, la préfecture a annoncé la fermeture à la circulation de 17 ponts submersibles et passages à guet, ainsi que de nombreux ponts submersibles communaux.

Mi-mars, huit personnes avait péri dans les intempéries liées à la tempête Monica qui avaient frappé le sud-est de la France. Parmi elles, six étaient décédées dans le Gard, emportées en tentant de traverser des rivières en crue en voiture, un dans l’Hérault et un en Ardèche.

afp

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