Pérou: en plein «scandale des montres Rolex», le Premier ministre demande la confiance du Parlement

Le nouveau Premier ministre du Pérou, Gustavo Adrianzen va demander ce mercredi 3 avril un vote de confiance au Parlement au moment où un scandale lié à des montres de luxe Rolex fait trembler le fragile gouvernement de la présidente Dina Boluarte.

Gustavo Adrianzen, un avocat de centre-droit de 57 ans, a remplacé début mars Alberto Otarola après la démission de ce dernier en raison d’une enquête pour trafic d’influence. La Constitution péruvienne prévoit que dans les trente jours de la nomination du Premier ministre, celui-ci se présente devant le Parlement pour exposer sa politique générale et demander un vote de confiance.

Le Parlement monocaméral est contrôlé par une majorité de partis de droite et d’extrême droite, soutiens de Dina Boluarte.

Pour qu’il obtienne un vote de confiance, Gustavo Adrianzen doit recueillir la moitié des votes des 130 membres du Parlement, plus un. Tout porte à croire que la droite la lui accordera. « Nous devons accorder un vote de confiance pour garantir la gouvernabilité. Nous sommes dans une situation de crise », a assuré à la presse le député Jorge Montoya, du parti conservateur Renovación popular.

Des enrichissements illicites liés à des montres Rolex
Ce vote intervient alors que la présidente Dina Boluarte est impliquée dans plusieurs affaires, dont la dernière concerne des faits présumés d’enrichissements illicites liés à des montres Rolex qu’elle est soupçonnée de ne pas avoir déclaré dans son patrimoine. Son domicile dans la banlieue de Lima ainsi que son bureau présidentiel ont été perquisitionnés le 30 mars dans le cadre de cette affaire.

Aucune montre n’a été trouvée et le parquet l’a sommée de les présenter lors d’une convocation devant la justice vendredi.

Le 2 avril, le procureur général Juan Villena a annoncé que l’enquête portait désormais aussi sur des bijoux, dont un bracelet d’une valeur de 56 000 dollars, et des dépôts bancaires de quelque 270 000 dollars entre 2021 et 2022. Le scandale, baptisé par la presse « Rolexgate », a éclaté le 15 mars, quand un site d’information a publié une série de photos montrant Dina Boluarte portant différentes montres de luxe alors qu’elle était au gouvernement en 2021 et 2022.

Six nouveaux ministres et une troisième demande de destitution
Dina Boluarte, dont la cote de popularité ne dépasse pas les 10 % dans les enquêtes, a assuré avoir les « mains propres » et ne posséder qu’une seule montre. Dans la foulée des perquisitions, six des 18 ministres du gouvernement ont annoncé lundi leur démission. Si le ministre de l’Intérieur a invoqué des « problèmes familiaux », ceux de l’Éducation, de la Femme, du Développement agraire, de la Production et du Commerce extérieur n’ont fourni aucune raison.

En pleine nuit, Dina Boluarte a fait prêter serment aux six nouveaux ministres nommés en remplacement des partants.

En cas de poursuites, en vertu de la Constitution, elle ne pourra être jugée avant juillet 2026, date de la fin de son mandat. L’opposition a présenté samedi 30 mars une demande de destitution pour « incapacité morale permanente ». La motion, présentée par Peru Libre, le parti de gauche auquel appartenait Dina Boluarte avant d’accéder à la présidence, est soutenue par 30 parlementaires.

Mais pour être admise au débat, elle doit recueillir plus de cinquante voix sur les 130. Il s’agit de la troisième demande de destitution que présente la gauche contre Dina Boluarte. Aucune n’a encore été admise au débat.

rfi

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