Les derechos, ces lignes d’orages extrêmement violents, capables de provoquer des intempéries sur une distance de 1 000 kilomètres, se multiplient et s’aggravent en France à cause de l’augmentation de la chaleur humide dans l’air. Une équipe du CNRS vient de livrer ses conclusions sur l’évolution des orages les plus destructeurs connus en France.
L’un des plus violents orages survenus ces dernières années est celui qui a touché la Corse le 18 août 2022 : une dégradation orageuse exceptionnelle avait provoqué des vents jusqu’à 225 km/h à Marignana, un record absolu. Douze personnes ont perdu la vie, dont cinq en Corse et plus de 100 autres personnes ont été blessées.
Il ne s’agissait pas d’un orage isolé, mais d’un derecho étendu sur 800 kilomètres entre la Corse, l’Italie, l’Autriche, la Slovénie et la Tchéquie.
En l’espace d’un plus de deux mois, le territoire français métropolitain a connu deux des phénomènes météorologiques les plus extrêmes qui existent sur Terre. Un derecho le 18 août en Corse et un outbreak de tornades dans le Nord de la France ce dimanche 23 octobre. © Blitzortung pic.twitter.com/uvz81PVgt2
— Nahel Belgherze (@WxNB_) October 24, 2022
Le réchauffement climatique et la variabilité naturelle vont mener à davantage d’orages extrêmes
Une nouvelle étude du CNRS publiée dans Weather and Climate Dynamics menée par le chercheur Lucas Fery s’est penchée sur l’occurrence des derechos en France. Le climatologue Davide Faranda, qui a participé à l’étude, a recensé 38 événements de ce type entre 2000 et 2022.
« Avec une moyenne de 1,7 événement par an, soit près de cinq événements tous les trois ans.
Bien que ces orages touchent presque tout le territoire français, leur fréquence est particulièrement élevée dans le nord-est et l’est du pays, et affecte souvent la Suisse, le Benelux et l’Allemagne », explique le scientifique.
La formation d’un derecho dépend fortement de deux paramètres : la chaleur et l’humidité, deux éléments qui vont continuer à s’accentuer en France avec le réchauffement climatique.
Une augmentation de la Cape (Convective Available Potential Energy) a été constatée ces dernières années : il s’agit de l’énergie potentielle de convection, soit la quantité de « carburant » disponible pour un orage en développement.
À GAUCHE, LES TRAJECTOIRES OBSERVÉES DES DERECHOS EN FRANCE ENTRE 2000 ET 2022, ET À DROITE, LES ZONES LES PLUS TOUCHÉES, EN PARTICULIER LE NORD-EST AVEC UN À DEUX PHÉNOMÈNES PAR AN.
« Nous avons observé une augmentation de l’instabilité atmosphérique ces dernières années, pouvant intensifier ces tempêtes.
Cette tendance est attribuée à deux facteurs principaux : d’une part, l’augmentation de la chaleur et de l’humidité dans les couches inférieures de l’atmosphère, due aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre mais également à la variabilité naturelle ; d’autre part, des changements dans les vents, principalement influencés par la variabilité climatique naturelle », précise le chercheur Davide Faranda.
La variabilité naturelle comprend de grands phénomènes climatiques comme le cycle Enso (El Niño et La Niña) et l’oscillation atlantique multidécennale (AMO, Atlantic multidecadal oscillation). Ces deux phénomènes sont liés à des variations de la température de surface des océans, qui influencent ensuite la météo dans la majeure partie du monde.
Extrêmes et alertes dans le monde via catnatnet : RT @infoclimat: Météo-France qualifie officiellement de DERECHO l'épisode orageux qui ont concerné la Corse le 18 août 2022. L'institut officialise également les 225 km/h à Marignana (2A) soit le nouveau … pic.twitter.com/WdT4P8UD7q
— Savoiemétéo (@savoiemeteo) October 1, 2022
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