Environ 40 % des personnes diagnostiquées comme dépressives pourraient, en réalité, souffrir de troubles bipolaires. Et si une simple prise de sang pouvait poser un diagnostic ? C’est ce que promet « myEDIT-B », un test sanguin commercialisé depuis le lundi 1er avril en France qui détermine si le patient est atteint de bipolarité, avec une fiabilité estimée à 80 %.
La bipolarité touche 1,6 million de personnes en France. L’une des difficultés liées à la prise en charge de ces troubles psychiques repose sur le diagnostic, souvent confondu avec la dépression. En effet, les malades alternent entre phase dépressive et phase euphorique ou maniaque, les phases dépressives étant souvent plus fortement marquées.
Par conséquent, les patients mettent en moyenne 8 à 10 ans pour être correctement diagnostiqués, sachant que durant ce laps de temps, la prise éventuelle d’antidépresseurs peut aggraver la maladie.
LE TEST DIAGNOSTIQUE « MYEDIT-B » REPOSE SUR UNE PRISE DE SANG COUPLÉE À L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, PERMETTANT DE VISUALISER LES BIOMARQUEURS SPÉCIFIQUES À LA BIPOLARITÉ DANS L’ARN SANGUIN.
Lutter contre l’errance médicale
L’errance médicale qui découle de ces délais de diagnostic a des conséquences non négligeables sur le bien-être des patients et de leur entourage. Face à ce constat, des chercheurs du laboratoire pharmaceutique Alcediag ont mis au point un test diagnostique innovant, reposant sur une prise de sang couplée à un algorithme basé sur l’intelligence artificielle.
En effet, chez les personnes bipolaires, il existe des variations de l’activité de certains gènes, appelées modifications épigénétiques, visibles lors du séquençage de l’ARN sanguin.
Ainsi, une analyse sanguine permet, dans 80 % des cas, de repérer ces biomarqueurs spécifiques, en prenant également en compte des données multifactorielles telles que l’âge, le sexe, les traitements et les addictions.
Ce test, appelé myEDIT-B, doit être prescrit sur ordonnance par un psychiatre, et réalisé dans l’un des 400 laboratoires de la marque Synlab, avant le diagnostic final posé par le médecin.
Malgré son coût élevé – 899 euros et non remboursé – c’est une solution avantageuse en matière de rapidité de prise en charge des patients. Une nouvelle étude clinique doit être menée sur les trois prochaines années, afin de mesurer l’impact du test sur l’évolution de la maladie, et éventuellement décider d’une possible prise en charge par la Sécurité sociale.
Pour le moment, il vise les personnes majeures traitées par médicaments pour un épisode dépressif caractérisé modéré ou sévère.
futura