Le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, revient sur l’appel du 3 avril avec son homologue russe, Sergueï Choïgu. « Nous avions une information précise, en matière de lutte contre le terrorisme, contre l’État islamique ».
Depuis octobre 2022, les ministres français et russes de la Défense ne s’étaient pas parlé, jusqu’à l’appel du 3 avril. Le Kremlin a rendu compte de cet échange en affirmant « espérer » que les services de renseignement français n’étaient pas derrière l’attentat de Moscou. Ce qui a fait réagir vivement l’Élysée, le président de la République qualifiant ces propos de « baroques et menaçants ».
Pourquoi cet appel avec le ministre russe de la Défense ?
Sébastien Lecornu. – Tout simplement parce que nous avions une information précise, en matière de lutte contre le terrorisme, concernant l’État islamique, que nous souhaitions communiquer à Moscou. Considérant que le peuple russe – pas le régime russe – a été victime d’un attentat terroriste ; que cela nous parle, à nous Français.
Et si j’ai passé cet appel, c’est pour marquer politiquement aussi, et acter devant tout le monde, que nous ne faisions pas de rétention d’information, que la Russie ne pourra pas nous reprocher cela. L’échange a été dur. Le compte rendu qui en a été fait par Moscou n’est pas conforme à nos échanges, puisque l’objet de mon appel était uniquement la lutte contre le terrorisme.
Uniquement ?
Uniquement. J’ai condamné de nouveau l’instrumentalisation que la Russie veut faire de cet attentat en le retournant contre les Ukrainiens et leurs alliés. Mais cela, je le savais au moment où je passais le coup de téléphone. Ce qu’il faut que nos lecteurs comprennent, c’est que plus de vingt ans de lutte contre le terrorisme islamiste militarisé ont fait que nos services sont véritablement à la pointe, et cela doit être rassurant pour tout le monde.
Beaucoup d’attentats sont déjoués.
Notre très forte culture partenariale suscite la confiance de tous. Ce que nous avons fait au Sahel, ce que nous avons fait avec nos alliés en Syrie et en Irak, le fait que nous soyons le pays européen parmi les plus touchés par le nombre de victimes et la dureté des différents attentats, fait de nous un pays à part, un pays aux responsabilités particulières dans ce domaine.
Selon nos informations, des pilotes ukrainiens seraient formés dans le sud de la France à l’usage des avions de chasse de dernière génération. Vous pouvez nous le confirmer ?
Oui, sur une formation généraliste, sur Alpha Jet, qui permet à des pilotes ukrainiens d’acquérir des fondamentaux sur le pilotage d’un avion de chasse. Dans le cadre de la réflexion sur les avions, on a réussi quelque chose de technologiquement important, l’adaptation des bombes air-sol guidées AASM sur des avions de classe soviétique.
Ce n’est pas le tout d’avoir un avion, si vous n’avez pas de pilotes formés et les munitions qui vont avec. Nous avons pris les devants avec ces bombes AASM pour être capables de fournir ces munitions à l’Ukraine.
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