La commission d’enquête de la Chambres des représentants s’ouvre ce mardi à Washington avec de premières auditions. Une commission qui divise républicains et démocrates.
Bannières pro-Trump brandies, casquettes rouges vissées sur leurs têtes, les assaillants arrivent à s’introduire de force dans le Capitole : l’assaut du siège du Congrès américain, le 6 janvier dernier, a marqué profondément la vie politique américaine. Une nouvelle commission d’enquête doit se rassembler ce mardi 27 juillet pour mettre en lumière les origines de cet assaut, qui avait été décrit comme une « sédition » par Joe Biden deux semaines avant son investiture.
Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, a d’ores et déjà affiché son intention de prendre en considération la responsabilité politique de Donald Trump. Il n’en fallait pas plus pour raviver les tensions entre démocrates et républicains à propos d’un événement qui faisait pourtant auparavant l’unanimité.
Deux élus républicains mis de côté
Le principal point de tension vient du fait que deux élus pro-Trump ont été écartés par la présidente Pelosi au moment de constituer les membres de la commission d’enquête. Cette commission doit être composée de huit membres de la majorité à la Chambre des représentants et de cinq membres de l’opposition, des élus républicains.
Le leader des républicains, Kevin McCarthy, a transmis cinq noms, comme le veut la Constitution américaine. Mais Nancy Pelosi a mis son veto à la présence de deux d’entre eux, Jim Banks et Jim Jordan. La présidente, fervente opposante à l’ancien président des États-Unis, a justifié cette décision dans un communiqué. Elle y soutient que la seule nécessité est de préserver « l’intégrité de l’enquête », et émet des « inquiétudes concernant des déclarations et des actions » de ces deux élus. Jim Banks et Jim Jordan avaient en effet voté conte la ratification des résultats de l’élection présidentielle remportée par Joe Biden, contestés par les assaillants au Capitole le 6 janvier dernier.
Kevin McCarthy décide de retirer ses trois autres candidatures et dénonce un abus de pouvoir de la présidente Pelosi. Pour l’heure, la totalité de la composition de la commission d’enquête n’est pas encore connue. Seuls deux républicains, directement choisis par Nancy Pelosi, ont accepté de participer : Liz Cheney et Adam Kinzinger, tous deux connus pour être anti-Trump. La commission est « une imposture » dont le « résultat est prédéterminé », a tonné Kevin McCarthy en accusant ces deux élus d’être au service de Nancy Pelosi. Un commentaire jugé « puéril » par Liz Cheney.
Le rôle de Donald Trump et de ses alliés questionné
Le but de cette commission est de déterminer « qui a organisé cette attaque, qui a payé pour, comment ils ont presque réussi à renverser le résultat d’une élection présidentielle, [et] pourquoi ils l’ont fait ». La responsabilité de Donald Trump n’est pas écartée pour l’heure. Selon des révélations du « New York Times », le fait que « des membres du Congrès aient été impliqués dans l’organisation du rassemblement qui a précédé les violences » n’est pas impossible. Un accusé soutient même avoir été en lien direct avec trois élus pour organiser l’assaut.
Le quotidien new-yorkais se demande également ce que faisait Donald Trump au moment des faits. Alors que l’ancien président assure avoir demandé l’intervention de la garde nationale pour protéger le Capitole des manifestants, son secrétaire d’Etat à la Défense dit ne pas avoir été en contact avec lui ce jour-là.
Des élus de la majorité démocrate dévoilent même que des républicains auraient fait visiter le Capitole à certains assaillants avant les faits. Dans un autre article, le « New York Times » explique que ces élus auraient même fourni des informations aux manifestants avant l’attaque.
Le témoignage de policiers présents le 6 janvier
Des policiers traumatisés par l’assaut sur le Capitole témoignent ce mardi devant des élus du Congrès à l’ouverture des travaux de la commission d’enquête. Quatre agents se succéderont dans l’imposant bâtiment qu’ils ont tenté de défendre le 6 janvier contre des centaines de partisans de Donald Trump venus perturber la certification de la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle.
L’un d’eux, Michael Fanone, a subi un arrêt cardiaque et un traumatisme crânien lors de l’assaut. Il l’a décrit depuis comme « le corps-à-corps le plus brutal, le plus sauvage » de sa vie. Un autre, Aquilino Gonell, un ancien militaire, a été roué de coups avec le mât d’un drapeau.
Ces agents de police devraient témoigner des failles du dispositif de sécurité le 6 janvier. Les images qui tournaient alors sur les réseaux sociaux montrent que les forces de l’ordre du Capitole étaient submergées par le grand nombre de manifestants. N’arrivant pas à contenir la foule, ils n’ont eu d’autres choix que de laisser les assaillants s’introduire en son sein, par la force.
Ces témoignages sont d’autant plus « importants que certains essaient aujourd’hui de réviser l’histoire et de présenter le 6 janvier comme une simple visite de touristes », a déclaré lundi sur CNN l’élu démocrate Adam Schiff, qui siège au sein de la commission d’enquête.
La commission divise au Congrés et n’aura pas le même appui que si elle avait été constituée d’autant de démocrates que de républicains. Le président Joe Biden, lui, se pose en réconciliateur. Selon la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki, « il a le même objectif que Nancy Pelosi : aller au fond de ce qui s’est passé et empêcher que ça se reproduise. »
Source: nouvelobs