Jusqu’à récemment, les traitements contre la tuberculose impliquaient des injections quotidiennes ou d’importantes doses de comprimés pendant au moins 18 mois, avec parfois de forts effets secondaires.
Un traitement plus rapide et beaucoup plus efficace contre la tuberculose pharmacorésistante est déployé en Asie-Pacifique, laissant espérer une « nouvelle ère » dans la lutte contre l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières au monde.
Forts effets secondaires
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), c’est dans cette région que l’on a recensé la plus grande proportion des 10,6 millions de nouveaux cas de tuberculose dans le monde en 2022, et plus de la moitié des 1,3 million de décès. Bien que la tuberculose puisse être guérie par des antibiotiques, plus de 3% des nouveaux patients atteints de maladie infectieuse souffrent d’une forme résistante aux médicaments.
Jusqu’à récemment, les traitements impliquaient des injections quotidiennes ou d’importantes doses de comprimés pendant au moins 18 mois, avec parfois de forts effets secondaires : des nausées et, dans des cas extrêmes, la cécité.
De nombreux patients abandonnaient leur traitement.
Un nouveau traitement plus léger et avec moins d’effets secondaires commence à être proposé dans la région, notamment aux Philippines, au Vietnam et en Indonésie. Des essais ont montré un taux de guérison de plus de 90% après six mois. Le traitement BPaL, qui combine les antibiotiques bédaquiline, prétomanide et linézolide, a été approuvé dans plus de 60 pays, selon l’organisation à but non lucratif TB Alliance, qui l’a développé.
« C’est très difficile. Vous êtes toujours au lit »
Pour le cuisinier philippin Efifanio Brillante, qui souffrait d’une forme de tuberculose pharmacorésistante, le changement a été salvateur. Avec son précédent traitement, il devait avaler 20 comprimés par jour mais se sentait tellement nauséeux qu’il ne pouvait ni travailler ni manger. Il a arrêté au bout de deux semaines, malgré les risques.
« C’est très difficile. Vous êtes toujours au lit ».
« Parfois, je n’arrivais même pas à respirer », a indiqué à l’AFP le Philippin de 57 ans. Le mois suivant, il a participé à un essai de BPaL dans un hôpital de la province de Pampanga, au nord de Manille, la capitale des Philippines. Avec trois à sept pilules par jour, il a guéri au bout de six mois. « Si je n’avais pas pris ce BPaL, je serais peut-être déjà au cimetière », reconnaît-il.
La tuberculose est causée par une bactérie qui s’attaque principalement aux poumons et se transmet par voie aérienne par les personnes infectées.
Présente dans tous les pays, elle touche principalement les plus pauvres qui vivent et travaillent dans des locaux surpeuplés. En 2022, les deux tiers des nouveaux cas ont été détectés dans huit pays : l’Inde, l’Indonésie, la Chine, les Philippines, le Pakistan, le Nigeria, le Bangladesh et la République démocratique du Congo.
L’un des principaux défis est de pousser les patients, rebutés par les coûts, les déplacements ou les effets secondaires, à prendre leur traitement jusqu’au bout.
Au Vietnam, presque tous les patients de tuberculose résistante ont dû faire face à des dépenses « catastrophiques » pour leur traitement, indique à l’AFP Hoang Thi Thanh Thuy, du programme national vietnamien de lutte contre la tuberculose.
Identifier les malades et combattre la stigmatisation est une autre difficulté. En Indonésie, certains établissements de santé ne sont toujours pas en mesure de diagnostiquer correctement la maladie, relève Imran Pambudi, du ministère de la Santé.
Nouvelle ère
Après des années de déclin, la tuberculose est repartie en hausse pendant la pandémie de Covid-19, qui a perturbé le diagnostic et le traitement de la maladie. L’OMS a réclamé une hausse des financements.
Non, la tuberculose n’a pas disparu.
A 30 kilomètres de Paris, à Bligny, se trouve le dernier sanatorium de l’Hexagone où 250 patients sont pris en charge chaque année pour de longues hospitalisations qui durent souvent plusieurs mois.
Reportage.
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Mais « lorsque la tuberculose a cessé d’être un problème pour les pays à revenus élevés, la motivation pour investir dans la recherche et le développement de nouveaux médicaments contre la tuberculose s’est tarie », note Sandeep Juneja, un responsable de la TB Alliance.
Afin d’accélérer le déploiement du BPaL, TB Alliance a ouvert un centre à Manille pour fournir formation et assistance aux pays de la région.
En Inde, qui compte le plus de cas au monde, on attend avec impatience l’arrivée du médicament. « Le BPaL devrait être mis en place rapidement, il épargnera aux patients de nombreux problèmes (…) tout en réduisant le coût du traitement à long terme », selon Ravikant Singh, fondateur de l’ONG de santé publique Doctors For You.
Pour Sandeep Juneja, le nouveau traitement signifie qu’on ne s’interroge plus désormais sur les chances de survie d’un patient. « J’espère que ce n’est que le début d’une nouvelle ère de traitement de la tuberculose, avec des traitements encore plus simples et plus courts », dit-il.
afp