Pourquoi la propagation de la grippe aviaire chez les vaches pourrait menacer les humains

Des vaches qui mangent moins, produisent du lait plus épais et jaunâtre qu’a l’accoutumée. Ce sont des signes qui ne trompent pas : elles sont contaminées par le virus H5N1, celui de la grippe aviaire. Dans la grande majorité des cas, les bovins s’en remettent heureusement grâce à quelques soins, mais la maladie continue de s’étendre dans les troupeaux. Au total, ce sont tout de même 36 troupeaux dans neuf états différents qui sont aujourd’hui contaminés par la grippe aviaire, qui fait des ravages sur les volatiles du monde entier.

Épidémie aux États-Unis

Si ce qui se passe dans les élevages laitiers américains inquiète, c’est que contrairement à l’épidémie qui touche des phoques en Antarctique, elle a lieu à proximité des humains. Or chacune des potentielles interactions est autant d’opportunités pour le virus d’améliorer son adaptabilité.

Actuellement, personne ne sait exactement comment le virus passe d’une vache à l’autre.

Le contact avec des machines à traire contaminées semble responsable d’une bonne partie des transmissions. Il est également possible que le virus se propage par voie fécale orale ou par air contaminé. Cette dernière piste serait particulièrement préoccupante car beaucoup plus difficile à contenir.

Pour y faire face, la meilleure arme est la prévention.

Pour la virologiste moléculaire, « tous les acteurs semblent avoir pris la mesure du problème et ne le sous-estiment pas ». Aux États-Unis, le centre de contrôle et de prévention des maladies a réalisé plusieurs douzaines de tests et l’état de santé d’une centaine de personnes est surveillé. Mais voilà, les tests ne sont pas systématiques.

Certains ouvriers et travailleurs agricoles sont réticents à l’idée de se faire tester, en raison du coût des soins aux États-Unis et du manque de confiance envers les organismes étatiques, bien que certains soient malades.

Impossible donc de confirmer qu’il s’agit de grippe aviaire ou non. Même problème pour les vaches. Les éleveurs ne font pas de tests car ils ne souhaitent pas voir leur troupeau flanqué d’une pancarte « infecté », ce serait mauvais pour les affaires. Problème, cela empêche de mieux connaître l’ampleur de l’épidémie ainsi que la compréhension de la manière dont le virus se propage.

H5N1, pas si dangereux ?

Lorsque le virus contamine sporadiquement un humain, les conséquences sont connues. Attraper la grippe aviaire, ressemble à contracter une grippe classique : fièvre et courbatures, nez bouché ou congestion. Le travailleur laitier du Texas diagnostiqué avec la grippe aviaire souffrait également d’une conjonctivite.

Des symptômes bénins, mais la grippe aviaire peut parfois conduire à la mort.

EN 2024, un enfant en février au Cambodge et un adulte en mars au Vietnam en sont décédés. Au total, depuis 2003, le virus H5N1 est responsable de 463 morts pour 889 cas selon l’OMS.

Cela donne un taux de mortalité particulièrement élevé, mais qui doit être nuancé pour Nadia Naffakh. 

« Il faut être vigilant sur ce chiffre déjà car dans les années 2000, il s’agissait d’une souche du virus différente de celle d’aujourd’hui. Par ailleurs un certain nombre de décès peuvent être imputés au manque d’accès aux soins dans certaines parties du globe ». La preuve, le travailleur américain ayant été contaminé a pu être soigné sans trop de problèmes.

Il semble en effet que la souche du H5N1 qui se propage en ce moment soit sensible aux antiviraux existants.

Par ailleurs, des vaccins candidats sont déjà en cours de fabrication. « Il y a une meilleure préparation et connaissance du virus que ce n’était le cas pour le SARS-CoV-2 ». Malheureusement il est impossible de tout prévoir. Le virus H5N1 reste inconnu du système immunitaire humain, ce qui offre une protection bien moindre comparée à d’autres infections comme la grippe hivernale. Aussi, il est impossible de prédire comment il pourrait muter pour se propager dans nos organismes.

Le HuffPost

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