Dix-huit personnes, dont 11 adultes et 7 enfants, viennent d’être secourues par notre équipe d’action de la Croix-Rouge à Mradi, Mathare 4A, après s’être retrouvées bloquées en raison des eaux de crue causées par les fortes pluies de la nuit dernière à Nairobi. Les précipitations ont touché de nombreux quartiers de la ville. D’autres interventions vitales sont en cours dans d’autres régions du pays.
Elles ont déjà fait 228 victimes. Ce week-end, les autorités ont procédé à l’évacuation, parfois de force, des populations vivant en zones inondables. C’était notamment le cas dans les bidonvilles de Nairobi. Mais aujourd’hui, ces populations doivent affronter un autre problème : la propagation de maladies. Reportage à Kibera, le plus grand bidonville de la capitale.
Dans la clinique Shofco, dans le quartier de Makina à Kibera, Bahati sert son bébé contre elle. Les inondations ont emporté une partie de sa maison. Malgré cela, Bahati y vit toujours, car elle n’a nulle part où aller.
Depuis quelques jours, son bébé est très malade : « Il a la poitrine prise et il tousse depuis quatre jours maintenant. avant mon bébé allait bien, mais depuis que les pluies sont là, il a les poumons engorgés. Les travailleurs sociaux m’ont envoyée ici. Je suis très inquiète. »
Wellington, lui, a tout perdu.
De sa maison, il ne reste que les murs… et aujourd’hui c’est pour sa santé qu’il s’inquiète : « J’étais devant ma maison à réfléchir à ce que serait ma journée quand j’ai été frappé par de violentes douleurs au ventre et des crises de diarrhées. C’est quand les pluies et les inondations ont commencé que j’ai commencé à avoir de la fièvre. »
Diarrhée, fièvre, toux… les symptômes sont variés, mais la cause est unique : l’eau impure qui depuis les inondations s’immisce partout. Trente-quatre cas de choléra ont été dénombrés par le ministère de la Santé, surtout dans le comté de la rivière Tana, dans l’est du pays. Dans les bidonvilles de Nairobi, où ces épidémies sont fréquentes, l’inquiétude monte « L’eau n’est pas traitée comme elle le devrait, explique le Dr Dalmas Otieno, médecin à la clinique Shofco.
Souvent, vous trouvez des tuyaux qui se baladent à l’air libre. Avec les inondations, des eaux sales les ont pénétrées. On travaille avec des agents communautaires de santé à qui on a fourni du zinc à distribuer, des sels de réhydratation et des Aquatab pour traiter l’eau. »
« Une épidémie serait très dangereuse ici »
À Kisumu Ndogo, un autre quartier de Kibera, Nicolas vit près de la rivière Nairobi. Bien que sa maison ait été inondée, il a décidé d’y rester malgré les conditions d’hygiène médiocres : « On n’a pas de salle de bain et l’eau est difficile à trouver. Il y a une rivière là-bas, on va y chercher l’eau avec laquelle on se lave, mais cette eau n’est pas pour les humains. On n’a pas d’argent, pas de travail, on ne peut pas acheter de l’eau, c’est cher. »
Un bidon d’eau à Kibera coûte 20 shillings (environ 14 centimes d’euros). Wellington, lui, vit à Lindi. Il préfère utiliser des toilettes dans la rue : « Ces latrines sont publiques, il n’y en a pas assez, il n’y a pas d’eau. Elles sont très sales parce que personne ne s’en occupe. Chacun vient, s’en sert et s’en va. Une fois que j’y suis allé, j’utilise l’eau des robinets de la rue, c’est ce qu’on utilise pour se laver. »
Pour Dr Dalmas Otieno, une épidémie de choléra est un vrai risque : « Tous les bidonvilles sont en danger, car l’eau sale envahit tous les endroits où le drainage est mauvais. Une épidémie serait très dangereuse ici. Alors une des choses que nous essayons de faire, c’est d’enseigner aux populations comment traiter l’eau et soigner les diarrhées dès le début. »
Dans son dernier bulletin publié aujourd’hui, l’Institut météo kényan prévoit encore de fortes pluies pour toute la semaine.
RFI.