La région de Tonj (Soudan du Sud) tente de faire face aux inondations

La région de Tonj, au Soudan du Sud, connaît des cycles de conflits entre différents clans d’éleveurs armés. Elle également frappée par le changement climatique : depuis 2019, des inondations ont détruit les cultures, et en 2021, une situation de famine a même été déclarée par l’ONU.

Avec les interventions humanitaires et le reflux des eaux, la situation s’est légèrement améliorée. Mais de nouvelles inondations menacent cette année, avec un niveau du Nil et de ses affluents, qui bat à nouveau des records.

Pour venir à Mabior Yar, on emprunte la route qui trace vers le nord depuis la ville de Tonj et semble marquer la frontière entre deux mondes.

À l’ouest, le village et ses grands arbres feuillus, son petit centre de santé, son marché.

De l’autre côté, à l’est, c’est un paysage de désolation marqué une immense plaine désertée à cause des inondations. Suffisant pour un officiel du village, James Gai Bok, d’expliquer qu’« avec ma famille, nous avons quitté cet endroit en 2020, ça fait donc quatre ans. Les inondations ont été massives. Et elles ont apporté avec elles des maladies, des serpents, des moustiques… C’est devenu invivable par ici ».

« Ces inondations nous pourrissent la vie »

Pourtant, certaines familles réfugiées comme lui de l’autre côté de la route ont décidé de revenir. C’est le cas d’Adhieu Manyual Ater, une grand-mère accompagnée de son mari très âgé, de ses enfants et petits-enfants. Ils sont revenus construire un, puis deux tukuls, ici, un peu au milieu de nulle part, en décembre 2023.

La seule eau disponible provient d’un puits creusé à la main…

« Nous sommes très inquiets. Vous voyez, à l’intérieur de ma hutte, il n’y a rien, mon grenier est vide. Nous n’avons rien à manger », indique la grand-mère. « Cela fait quatre ans que ces inondations nous pourrissent la vie. Vous cultivez, et puis vous perdez tout à cause de l’eau. Nous avons besoin d’aide ».

Sa belle-fille, Aluel Ajuang Anei, renchérit : « Avant les inondations, nous cultivions plein de choses : des courges, du sorgho, de l’arachide, du mil, de l’okra et de la khudra. Mais à cause de ces inondations, nous n’avons pas été capables de cultiver quoi que ce soit. »

De nombreuses précipitations attendues cette année

La culture du riz a été introduite l’année dernière avec succès dans le village, mais cette famille n’a pas eu le courage de participer, pensant – à tort – que l’eau allait encore tout détruire. Les chefs de Mabior Yar tentent de guider les habitants en prévision des inondations.

« Il y a déjà eu deux pluies, ça veut dire qu’il va pleuvoir beaucoup cette année », avance Angelo Magak Deng, responsable local.

« Nous disons aux gens qu’il faut cultiver sur des terres surélevées. Les terrains qui sont bas et qui vont être inondés, il faut les laisser pour faire pousser du riz ».

Le ministère des Ressources hydriques à Juba a annoncé, jeudi 16 mai 2024, l’arrivée d’un volume d’eau très important dans le Nil, avec l’ouverture annoncée des vannes d’un barrage en Ouganda, dans les prochains jours.

 VivAfrik

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