Une photo publiée le 20 mai et vue des millions de fois sur les réseaux sociaux prétend prouver que l’hélicoptère du président iranien Ebrahim Raïssi aurait été abattu par une arme laser. Or, l’appareil visible dans cette photo n’est pas celui du président : les motifs de peinture de l’hélicoptère présidentiel et la configuration du rotor arrière sont différents de l’appareil visible sur les photos officielles.
La vérification en bref
- L’hélicoptère du président iranien n’aurait pas été victime d’un accident mais abattu par un laser, prouverait une photo publiée le 20 mai et vue des millions de fois sur les réseaux sociaux.
- L’hélicoptère visible dans cette image n’est pas celui qui transportait le président Ebrahim Raïssi. Selon des photos officielles prises avant l’accident, on constate que l’hélicoptère présidentiel présente des motifs de peinture différents de ceux visibles sur l’hélicoptère de la photographie diffusée sur les réseaux sociaux.
La vérification en détail
Alors que les médias officiels iraniens ont déclaré que le président Ebraim Raïssi avait été victime le 19 mai d’un accident d’hélicoptère provoqué par des mauvaises conditions climatiques, sur les réseaux sociaux, une publication vue près de 25,6 millions de fois sur X et Facebook depuis le 20 mai prétend révéler une vérité que « personne d’autre n’a dite » : l’hélicoptère du président iranien aurait été abattu par « un laser tiré de l’espace ».
La photographie d’un hélicoptère bleu, en vol et endommagé, en serait la preuve.
En réalité, il apparaît que l’hélicoptère visible dans la photographie diffusée sur les réseaux sociaux n’est pas celui du président iranien.
Des photos de l’hélicoptère présidentiel ont été prises par l’Agence de presse de la République islamique (Irna) le 19 mai, le jour de l’accident. Il s’agit d’un Bell 212, un modèle américain datant des années 60.
It is unclear why the US-made Bell 212 helicopter that was carrying Iran’s president and foreign minister crashed into a mountainside near the Azerbaijan border on Sunday.https://t.co/jsZZhIk5To pic.twitter.com/iTpFelWtvj
— Financial Times (@FT) May 21, 2024
Sur la photographie de l’Irna, ainsi que sur d’autres images d’hélicoptères utilisés par le gouvernement iranien, on constate que les appareils officiels portent des schémas de peinture spécifiques : une queue peinte en bleu foncé et, sur l’avant de l’appareil, des rayures bleues sur fond blanc.
L’hélicoptère présenté sur la photographie publié sur les réseaux sociaux présente un autre schéma de peinture : il est peint en bleu sur toute la longueur. De plus, son rotor de queue est logé dans un fenestron, c’est-à-dire qu’il est situé dans une cavité entourée d’un carénage. Une configuration différente de l’hélicoptère présidentiel, qui est équipé d’un rotor conventionnel dont les pales sont à l’air libre, ainsi que le montrent les photos officielles.
Il est donc certain que les modèles d’appareils sont différents.
Enfin, aucun élément ne vient corroborer la possibilité d’un tir laser pour abattre l’appareil.
Si des constructeurs américains comme Lockheed, ou les armées israélienne et britannique développent des armes laser, notamment pour intercepter des drones ou des missiles, beaucoup de ces projets sont encore à l’état de prototypes en phase de tests, notamment pour des raisons de coûts, et n’ont pas été employés contre des cibles opérationnelles.
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