L’Iran, il en est également question au 77ᵉ festival de Cannes. Vendredi 24 mai, le cinéaste Mohammad Rasoulof viendra en personne présenter son nouveau long métrage sélectionné en compétition. Le réalisateur de 52 ans a fui l’Iran clandestinement la semaine dernière. Il était condamné à une peine de prison ferme par le régime des mollahs.
Ce sera aussi l’occasion de braquer les projecteurs du monde entier sur le mouvement « Femmes, vie, liberté » qui se poursuit en Iran et qui mobilise les artistes iraniens en exils, présents à Cannes.
Quand on pénètre dans l’enceinte du Majestic, l’un des hôtels de luxe de la Croisette, on est accueillis par un ensemble de photos grand format, les portraits de quinze artistes iraniens dont les films ont été censurés. Certains ont été assassinés, d’autres emprisonnés. La plupart vivent maintenant en exil comme Sepideh Farsi.
La réalisatrice estime que le slogan « Femme, vie, liberté » est devenue le cri de ralliement de tous ceux, et pas uniquement les femmes ou les Iraniens, qui se battent pour la liberté.
La sélection des Graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof est pour Sepideh Farsi un beau symbole. Ce film raconte l’histoire d’un juge d’instruction sombrant peu à peu dans la paranoïa, au moment où d’immenses manifestations éclatent dans la capitale, Téhéran.
« Ça nous fait chaud au cœur que Cannes ait sélectionné le film.
On aurait aimé qu’il y ait plus de films iraniens dans les différentes sélections et qu’il y ait plus de tribunes pour les Iraniens, regrette la co-réalisatrice du film d’animation La Sirène. C’est aussi très important que Mohammad arrive, qu’il ait réussi à quitter l’Iran malgré tous les obstacles sur sa route.
C’est un pied de nez au régime iranien, une façon de dire : « Vous faites ce que vous voulez, mais nous, on continuera à se battre en faisant des films et en hurlant ce slogan : Femme, vie, liberté » ».
Une première apparition publique depuis sa fuite clandestine d’Iran
Mohammad Rasoulof, dont le siège de juré était resté vide l’an dernier, car il était assigné à résidence, tient en effet à présenter son film en personne ce vendredi. Ce sera sa première apparition publique depuis qu’il a fui l’Iran clandestinement la semaine dernière.
Grande voix du cinéma iranien, dans le viseur du régime des mollahs depuis des années, le réalisateur de 52 ans a été récemment condamné en appel à huit ans de prison dont cinq applicables.
Dénonçant une peine « injuste », il est parvenu à quitter clandestinement l’Iran et à se réfugier en Allemagne au début du mois de mai. Il a raconté au journal britannique The Guardian un voyage « de plusieurs heures, épuisant et extrêmement dangereux, accompagné d’un guide », qui lui a permis de traverser les montagnes et passer discrètement la frontière à pied.
Malgré cette menace d’incarcération, Mohammad Rasoulof, qui a reçu de nombreux prix internationaux dont l’Ours d’or à Berlin en 2020, remis en son absence, n’a pas écarté dans The Guardian la possibilité de retourner dans son pays « assez vite ».
RFI