Les fonctionnaires suédois devront-ils dénoncer les immigrés sans-papiers avec qui ils sont en contact ? C’est ce qu’envisage une proposition de loi portée par le gouvernement de droite, allié au parti d’extrême droite, qui veut à tout prix accélérer l’expulsion des migrants en situation irrégulière. Mais cette proposition de loi se heurte à une très forte opposition au sein des services publics suédois.
En Suède, les fonctionnaires ont d’ores et déjà appelé à la « désobéissance civile ». « Tous les employés du secteur public doivent être exemptés. Aucun professeur, directeur d’école, médecin, infirmier, bibliothécaire ne s’est engagé dans son métier pour faire de la délation. La police fait son travail, nous le nôtre.
Il est important dans un État de droit comme la Suède que chacun garde son rôle », avertit Johanna Jaara Astrand, présidente du syndicat des enseignants.
🔴 We're in the Swedish Parliament today to fight gov's plans to oblige public sector workers to denounce undocumented people to police/immigration enforcement. We join Swedish trade unions, NGOs, academics and the Church of Sweden.
Our press release: https://t.co/ThDaBWkp1P pic.twitter.com/UPcWLVzZJ8
— Platform for Undocumented Migrants (PICUM) (@picum_ngo) May 29, 2024
À l’instar de Jaara Astrand, les fonctionnaires se mobilisent depuis plusieurs jours en Suède contre une proposition de loi du gouvernement de droite, allié au parti d’extrême droite.
Le texte, largement controversé dans le pays, vise à obliger les travailleurs du secteur public à dénoncer aux autorités les personnes sans-papiers avec lesquelles ils sont en contact. Une mesure jugée raciste et discriminatoire par les opposants au projet.
« Cela équivaut à instaurer un État policier »
Le personnel médical aussi refuse de se soumettre à cette loi. Quelque 4 000 soignants ont signé une tribune pour dénoncer un texte qui va à l’encontre du serment d’Hippocrate. « Cela aura des impacts de santé publique : des maladies pas traitées qui deviennent graves, la propagation de maladies infectieuses », explique la tribune.
« Les sans-papiers sont déjà assez marginalisés.
Une telle proposition est très négative. Cela équivaut à instaurer une espèce d’État policier. Et c’est pour cela qu’on demande à ce qu’elle soit complètement abandonnée », explique Michèle Le Voy, présidente de PICUM, une ONG de défense des droits des sans-papiers.
Les risques encourus par les fonctionnaires qui ne se plieraient pas à l’injonction du signalement ne sont pour l’instant pas définis. La mission d’information parlementaire sur cette proposition de loi très controversée va durer jusqu’à l’automne.
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