Depuis le début de la guerre à Gaza, ces images reviennent sans cesse : des Gazaouis arrêtés par l’armée israélienne, dénudés, les yeux bandés, agenouillés et les mains liées dans le dos. Accusés d’appartenance au Hamas, ils sont notamment emprisonnés à Sdé Teiman, une base de l’armée israélienne dans le désert.

Un médecin israélien, un lanceur d’alerte qui y a travaillé, dénonce des traitements inhumains infligés aux détenus gazaouis.

Il est chirurgien israélien et témoigne anonymement.

À la demande de l’armée israélienne, il se rend sur la base militaire israélienne de Sdé Teiman. Sa mission : opérer un détenu gazaoui blessé par balle. « Les patients n’ont pas de nom. Ils sont tous attachés à leur lit. Ils ne peuvent pas bouger. Ils ont les yeux bandés. Ils sont nus. Ils portent des couches. C’est une violation assumée de la Convention de Genève, et du code de déontologie de l’Organisation mondiale de la santé.

C’est bien plus que de la torture physique et psychologique », relate-t-il.

S’il prend la parole, « c’est pour mettre fin à ce calvaire », dit-il. « Je souhaite que l’on ferme Sdé Teiman. Les détenus n’y sont pas traités comme des êtres humains ».

« Une politique de disparition forcée »
« À Sdé Teiman, on a été torturés puis soignés uniquement pour nous maintenir en vie afin de nous interroger », confie à RFI un-ex détenu, libéré et renvoyé à Gaza.

Physicians for Human Rights Israel ne cesse d’alerter sur leur situation.

Naji Abbas travaille pour cette ONG qui a déposé plusieurs recours pour faire fermer cette prison militaire devant la Cour Suprême israélienne, en vain pour le moment. « À Guantanamo, en 20 ans, 20 personnes ont perdu la vie. Mais là, en six mois, on parle de 40 morts. C’est peut-être pire que Guantanamo. Le ministère de la Santé israélien accepte que ces prisonniers soient mal soignés.

Ce que l’armée israélienne fait à ces détenus, c’est ce qu’on appelle une politique de disparition forcée », assure-t-il.

Car ces détenus, soupçonnés d’appartenir au Hamas, sont arrêtés à Gaza et emprisonnés sans jugement. Alors que la Cour pénale internationale demande des mandats d’arrêt contre des responsables israéliens, l’armée annonce ouvrir une enquête sur Sdé Teiman.

RFI

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