Marais salants : un programme européen de 5 millions d’euros pour préserver la biodiversité

Un programme financé à hauteur de 5 millions d’euros par l’Union européenne contribue à la réinstallation d’espèces menacées habitant les marais salants à Guérande.

Durant la campagne des Elections européennes 2024, la question de la protection de l’environnement s’est imposée dans les débats comme un enjeu majeur.

Une occasion d’aborder certains programmes financés par l’Union européenne (UE), comme Life Sallina, subventionné à hauteur de 5 millions d’euros et qui contribue depuis 2018 à la restauration des espèces habitant les zones humides littorales en Pays de la Loire.

Trois territoires en bénéficient : les marais de Guérande et du Mès, le marais breton (marais de Millac) et l’île de Noirmoutier. 

Un écosystème riche où prospèrent oiseaux et végétaux 

Les vastes marais salants de Guérande, aménagés dans une immense lagune, sont exploités depuis des siècles pour la production de sel marin. Cette activité a créé les paysages actuels, qui attirent une biodiversité d’une richesse exceptionnelle.

Les marais salants de Guérande sont notamment reconnus pour l’accueil de nombreuses espèces d’oiseaux, en période d’hivernage, de migration ou de reproduction.

Ces différentes espèces animales et végétales jouent un rôle crucial dans la régulation de l’écosystème des marais salants.

Parmi celles-ci, l’Avocette élégante, qu’on distingue par son plumage contrasté noir et blanc et son bec légèrement retroussé, ou encore la Sterne pierregarin, dont la tête est couverte d’une calotte noire et le plumage est blanc et cendré, comme les mouettes.

On la reconnaît également pour son bec rouge orangé à pointe noire.

Ces oiseaux sont nécessaires à la vie du marais puisqu’ils régulent les populations d’invertébrés aquatiques, d’insectes et de poissons et fertilisent les sols par leurs excréments.

D’autres espèces, comme la Tolypelle saline, petite algue protégée, sont également présentes et contribuent notamment à l’oxygénation de l’eau pour divers organismes aquatiques et à la stabilité des sédiments.

Des marais salants détruits par l’urbanisation et l’agriculture

Les marais salants ont été largement transformés et détruits par l’urbanisation, la pollution et l’agriculture intensive, réduisant les habitats disponibles pour ces espèces. Leur réintégration a pour but d’inverser cette tendance négative pour assurer la pérennité des marais.

Le programme Life Sallina vise à restaurer les habitats et offrir des sites de nidification aux laro-limicoles sur plus de 390 hectares de marais pour inverser cette tendance négative.

Sans le travail des paludiers (appelés sauniers au sud de la Loire) qui récoltent le sel, les espèces inféodées au milieu saumâtre sont en danger, les marais salants étant un milieu créé par l’Homme générant un fragile équilibre entre les espèces locales et l’activité humaine. 

C’est alors que le programme vise à sensibiliser ces acteurs locaux aux enjeux écologiques des marais.

La modernisation et l’intensification des pratiques d’entretien des salines exploitées d’une part et la déprise salicole et agricole d’autre part mettent en péril toute cette biodiversité. S’ajoutent à cela l’enjeu climatique avec une modification des régimes de précipitations et la montée du niveau de la mer.

C’est par un système de digues, construites au 19ème siècle, que les paludiers assurent la protection de nombreuses espèces nichant au cœur des marais des assauts de la mer.

Les marais salants de Guérande : la biodiversité menacée par les assauts de la mer

« La protection des marais est assurée par des digues qui subissent l’effet mécanique des vagues lors de grosses tempêtes », nous explique Yann Henry, président de l’ASA (association syndicale autorisée) du bassin des marais salants de Guérande.

Il est question de 16 km de digue principale protégeant le travail des saliculteurs mais aussi la faune et la flore qui s’y installent.

Des évènements climatiques extrêmes sont d’autant plus attendus que le dérèglement du climat s’accentue. « Lors de la tempête Xynthia (lire l’encadré ci-dessous), on a eu près de 42 brèches sur l’ensemble des digues protégeant les marais », ajoute le spécialiste.

La tempête Xynthia, qui a touché plusieurs pays européens dont les côtes atlantiques françaises dans la nuit du 27 au 28 février 2010, a été à l’origine de phénomènes de submersion et d’érosion d’une rare intensité, notamment en Charente-Maritime, sur le littoral des Pays de la Loire, et sur les côtes normandes. L’évènement a causé la mort de 59 personnes et près de deux milliards d’euros de dommages.

« La presqu’ile de Guérande et ses marais, ce sont des terres qu’on a gagnées sur la mer. Actuellement, on est capable de protéger les marais et de renforcer les digues mais à plus long terme, cela ne suffira plus », regrette Yann Henry.

Brèche sur un talus dans les marais salants suite à une submersion

Le programme Life Sallina devrait offrir l’opportunité à de nombreuses espèces de pouvoir subsister. Les habitats sont également cartographiés et caractérisés pour comprendre un peu plus le fonctionnement des marais salants.

sciencesetavenir

You may like