Afrique de l’Ouest: L’Alliance des États du Sahel tiendra son premier sommet le 6 juillet à Niamey

Niamey, la capitale du Niger, s’apprête à accueillir le premier sommet des chefs d’État de l’Alliance des États du Sahel (AES), créée en septembre 2023. Le colonel Assimi Goïta du Mali et le capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso seront reçus par leur homologue nigérien, le général Abdourahamane Tiani. Une rencontre juste avant le sommet de l’organisation régionale ouest-africaine, la Cédéao, prévue le jour suivant à Abuja et dont ils ont claqué la porte en début d’année 2024.

À Niamey, le mot d’ordre est passé. Pour ce premier sommet de l’Alliance des États du Sahel annoncé comme un « événement historique » les populations ont été invitées à sortir « massivement afin d’accueillir chaleureusement les leaders révolutionnaires qui oeuvrent pour la sécurité et le développement de la région ».

Niamey entend en effet marquer le coup, et donner une impulsion à cette jeune organisation dont les chefs respectifs sont arrivés au pouvoir entre 2020 et 2023 par des coups d’État.

Ce sera la première rencontre du genre entre les trois chefs d’État, même si plusieurs rencontres bilatérales ont déjà eu lieu. Tous ont depuis tourné le dos à la France, l’ancien colonisateur, et à la Cédéao, qu’ils accusent d’être inféodée à Paris et de ne pas assez les soutenir dans leurs batailles contre les jihadistes.

Malgré cette prise de distance, plusieurs chefs d’État de la région continuent d’appeler au dialogue entre les deux blocs. C’est notamment le cas de Bassirou Diomaye Faye du Sénégal qui, à peine installé au pouvoir à Dakar, avait jugé possible une réconciliation entre la Cédéao et l’AES.

La Cédéao se réunit également, dans un contexte de crises

L’an prochain, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) fêtera ses 50 ans, mais la santé de l’organisation régionale est fragile, a reconnu devant les ministres des Affaires étrangères, le président de la Commission de la Cédéao. Omar Alieu Touray énumère : sur le plan sécuritaire par exemple, impossible jusque-là de mettre sur pied une force anti-terroriste opérationnelle.

Le Mali, le Niger et le Burkina Faso constituent dans le Sahel l’épicentre de la lutte contre les jihadistes. Mais ces trois pays ont claqué la porte de l’organisation, et malgré l’assouplissement des sanctions contre eux, la situation est toujours bloquée.

Ce dossier reste un caillou dans la chaussure de la Cédéao.

Le sujet divise pour le moment : il y a à Abuja, où se trouve le siège de la Cédéao, les pays qui demandent de prendre acte de la rupture avec ces trois pays et d’assumer les conséquences ; et il y a ceux qui plaident encore pour des négociations.

Par ailleurs, le plan du développement des pays membres de l’espace Cédéao est de plus en plus remis en question. Outre le terrorisme, il faut compter avec l’insécurité alimentaire et le chômage des jeunes.

Pour bon nombres de délégués présents au Nigeria, l’heure n’est plus aux discours, conclut notre correspondant régional, Serge Daniel : la Cédéao est en train de devenir de plus en plus une coquille vide.

rfi

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