Méditerranée : plus de 500 migrants secourus en quatre jours par des navires humanitaires

Le Sea-Eye 4 et le Humanity 1 ont porté assistance à 522 personnes lors de huit opérations de sauvetage en mer Méditerranée, entre vendredi et lundi. Le premier navire fait désormais route vers Gênes, dans le nord de l’Italie, et le deuxième vers Bari, dans les Pouilles. Les ONG déplorent des ports éloignés de la zone de recherche et de sauvetage qui nécessitent plusieurs jours de navigation supplémentaires.

La fin de semaine a été dense en mer Méditerranée. Deux navires humanitaires qui sillonnaient la Méditerranée ont multiplié les opérations de sauvetage.

Le Humanity 1, de l’ONG allemande SOS Humanity, a porté assistance à 291 migrants entassés sur trois bateaux vendredi 5 juillet. Les exilés avaient pris la mer depuis les côtes libyennes, selon l’équipage.

Les opérations ont débuté dans la matinée lorsque le navire humanitaire a « découvert un bateau pneumatique surpeuplé et inutilisable » au large de la Libye, a indiqué SOS Humanity sur X (ex-Twitter). Cent onze migrants ont été pris en charge. Puis, 102 personnes, à bord « d’un [canot] pneumatique voisin », ont été secourues.

Enfin, une troisième embarcation a été repérée. « L’eau était déjà entrée dans le canot lorsque l’équipage a sauvé de la détresse les 78 personnes qui s’y trouvaient », a précisé l’ONG.

Parmi ces 291 exilés secourus par le Humanity 1 se trouvent « plus de 70 mineurs non accompagnés, quatre jeunes enfants et plusieurs femmes, dont au moins trois enceintes ».

Le centre de coordination de sauvetage italien (MRCC) a demandé aux humanitaires de déposer une partie de ces exilés au port de Lampedusa. Finalement, les garde-côtes italiens sont venus samedi à la rencontre du Humanity 1 et ont pris en charge les 111 rescapés, secourus lors de la première opération.

Les 180 autres naufragés devront, eux, débarquer au port de Bari, dans les Pouilles, à trois jours et demi de navigation.

Ils « se voient refuser le droit à un débarquement rapide. Les demandes pour un port plus proche ont été ignorées », a déploré SOS Humanity. Et ce alors que « des vents forts avec des vagues de plus de 1,5 mètres » étaient attendus lundi soir et mardi en Méditerranée, selon l’ONG.

« État d’urgence en Méditerranée »

Le Sea-Eye 4, de l’ONG allemande éponyme, a aussi enchaîné les opérations en mer ce week-end. En seulement 24 heures, entre dimanche et lundi matin, le navire humanitaire a secouru 231 personnes, réparties dans cinq bateaux.

Le premier sauvetage s’est déroulé dimanche midi au large de la Libye après une alerte de la plateforme d’aide aux migrants en mer Alarm Phone. Quarante-six exilés à bord « d’un canot pneumatique en détresse » ont alors été pris en charge, a affirmé l’ONG dans un communiqué.

Quelques heures plus tard, un autre message d’alerte a permis au Sea-Eye 4 de secourir 60 personnes, dont une mère et son bébé.

Leur canot était « innavigable, prenait l’air et [était] partiellement rempli d’eau ».

Le Sea-Eye 4 en Méditerranée (archives). Crédit : Sea-Eye

Puis, dans la nuit de dimanche à lundi vers 2h du matin, le navire humanitaire a porté assistance à 10 autres personnes. Deux dernières opérations survenues lundi matin ont permis de mettre en sécurité 58 et 57 exilés.

Parmi les personnes secourues, beaucoup « sont affaiblies et gravement déshydratées. Certaines souffrent de brûlures de carburant, des brûlures chimiques qui se produisent lorsque l’essence se mélange à l’eau de mer et se retrouve au contact de la peau », a signalé la médecin Ayesha Sattar à bord du Sea-Eye 4.

Rome a désigné le port de Gênes, dans le nord de l’Italie, au navire humanitaire pour y débarquer les naufragés, ce qui représente six jours de voyage supplémentaires.

« Cinq sauvetages en 24 heures : cela montre l’état d’urgence qui règne actuellement en Méditerranée, et combien il est important que nous soyons là pour sauver des vies », a affirmé dans son communiqué Sea-Eye.

Si certains exilés sont secourus par des navires humanitaires, d’autres n’ont pas cette chance. Samedi, 44 migrants ont été pris en charge par des pêcheurs tunisiens au large de Lampedusa mais trois passagers manquaient à l’appel. Selon les survivants, ils n’ont pas survécu à la traversée de la mer.

Depuis le début de l’année, près de 900 personnes ont péri en Méditerranée centrale en tentant d’atteindre les côtes européennes, d’après les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM).

Et depuis 2014, date des premiers recensements, l’agence onusienne dénombre plus de 23 000 décès dans cette zone maritime, qui en fait la route migratoire la plus meurtrière au monde.

INFOMIGRANTS

You may like