Mer Méditerranée : l’Ocean Viking secourt 360 personnes en deux jours

Entre mardi et mercredi, l’ONG SOS Méditerranée a porté secours à quelque 360 personnes qui se trouvaient sur des embarcations en difficultés alors qu’elles cherchaient à rejoindre l’Europe. Les départs d’embarcations se multiplient avec le début de l’été. Quelques jours plus tôt, environ 500 personnes avaient été secourues par deux navires en quatre jours.

Avec le début de l’été, les départs de migrants se multiplient en Méditerranée depuis les côtes d’Afrique du nord. Entre le mardi 9 et le mercredi 10 juillet, l’Ocean Viking de l’ONG SOS Méditerranée a porté secours à quelque 360 personnes en péril. Les exilés se trouvaient à bord de plusieurs embarcations inadaptées à la navigation en mer et cherchaient à rejoindre les côtes européennes.

Au cours de ces deux jours, l’équipage a réalisé six sauvetages dans une zone comprise entre les côtes tunisiennes, libyennes et italiennes. Mardi, 120 personnes ont été secourues.

Puis ce sont 53 personnes qui ont été récupérées près de l’île italienne de Lampedusa alors qu’elles se trouvaient « à bord d’une embarcation en métal surchargée qui prenait l’eau et était sur le point de chavirer ».

Le navire s’est ensuite dirigé vers une embarcation en bois à double pont et secouru 98 personnes dont, six femmes et trois enfants, avant de secourir 43 personnes supplémentaires qui tentaient également de franchir la Méditerranée à bord d’un petit bateau en bois.

Enfin, les équipes de l’Ocean Viking ont stabilisé une embarcation en fibre de verre avec à son bord une cinquantaine de personnes qui ont ensuite été recueillies sur un navire des garde-côtes italien.

Toutes les personnes secourues ne se trouvent pas à bord de l’Ocean viking car certains sauvetages ont été réalisés avec le soutien des garde-côtes italiens. Plusieurs dizaines d’exilés ont été pris en charge sur leurs bateaux.

SOS Méditerranée a indiqué mercredi avoir « 261 personnes, dont 13 femmes, 11 enfants et 41 mineurs non accompagnés » à bord de l’Ocean Viking.

Départs en hausse mais des arrivées en baisse
Depuis l’arrivée au pouvoir en octobre 2022 de la coalition de la Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni, les navires des ONG opérant en Méditerranée ne sont théoriquement autorisés à effectuer qu’un seul sauvetage à la fois et doivent se rendre « sans délai » dans un port immédiatement après – une politique qui les empêche d’en effectuer plusieurs à la suite. Les ONG estiment que cela viole le droit maritime, qui oblige tout navire à venir en aide à un bateau en détresse.

Rome accuse les navires de sauvetage d’être un « facteur d’attraction », même si en réalité la grande majorité des migrants qui arrivent en Italie sont récupérés par les garde-côtes tunisiens ou libyens. Selon les chiffres du ministère italien de l’Intérieur, les arrivées par la mer ont considérablement baissé depuis le début de l’année : 27 744 personnes sont arrivées en Italie entre le 1er janvier et le 10 juillet, contre 72 036 lors de la même période de 2023.

L’été dernier, l’Union européenne a signé un accord controversé avec la Tunisie destiné à « la gestion des frontières (…), des opérations de recherche et de sauvetage (…), la lutte contre le trafic de migrants et la politique de retour ». Tunis s’est ainsi engagé à bloquer les départs des migrants en échange d’une enveloppe de 105 millions d’euros.

Et début juin, le ministre italien de l’Intérieur a annoncé la création d’une zone de recherche et de sauvetage (SAR zone) tunisienne.

Désormais, les autorités tunisiennes sont responsables d’un large périmètre en mer leur permettant d’intercepter légalement les canots de migrants dans les eaux internationales pour les ramener dans le pays.

Ainsi, le nombre d’interceptions est passé de 23 000 entre janvier et mai 2023 à près de 30 000 à la même période de 2024, selon les chiffres des autorités tunisiennes. Des arrestations en Méditerranée souvent émaillées de violences. Des exilés ont raconté à InfoMigrants que les garde-côtes tunisiens n’hésitaient plus à user de manœuvres dangereuses en mer pouvant faire chavirer les embarcations.

Incidents en mer
Les incidents en mer entre bateaux de migrants ou humanitaires et les navires de garde-côtes sont nombreux. Dernier en date : le 9 juillet, des hommes armés, cagoulés et non identifiés ont semé la panique pendant une opération de sauvetage de SOS Méditerranée, au large de la Libye.

Dans la matinée de mardi vers 6h, le navire humanitaire Ocean Viking se dirigeait vers une embarcation en détresse en mer Méditerranée.

L’alerte avait été donnée par Alarme phone, une plateforme téléphonique joignable par les migrants perdus en mer. Alors que les équipes de SOS Méditerranée procèdent au sauvetage sur zone et sortent un à un les 93 passagers, deux vedettes, non identifiées, s’approchent d’eux.

Deux hommes armés montent alors à bord du canot en bois, créant la panique chez la quinzaine d’exilés encore dessus. « Ils ont sauté à l’eau, ils ont peur que ce soit des Libyens », précise le service communication de SOS Méditerranée.

Sur les images diffusées sur X, des exilés se jettent effectivement à l’eau avec leur gilet de sauvetage pour essayer d’atteindre à la nage les sauveteurs de SOS Méditerranée. Un homme armé, visible à l’image, débout sur l’embarcation en bois, ne bouge pas et observe la scène. Il ne sort pas son arme. Il est cagoulé.

Fin juin, l’ONG allemande Sea-Watch a diffusé une vidéo montrant des garde-côtes libyens, munis de bâtons, frapper des migrants qui venaient d’être secourus par un navire marchand. Sous la menace, les exilés ont été forcés de descendre du pétrolier et ramenés en Libye où ils risquent de multiples abus.

Début avril, des Libyens avaient également ouvert le feu en direction de l’un des canots de sauvetage du bateau humanitaire Mare Jonio. L’équipage était en train de secourir une embarcation de migrants lorsque les Libyens sont intervenus, provoquant un mouvement de panique. Même scène en mars dernier : les garde-côtes libyens ont tiré des coups de feu vers des migrants alors que le Humanity 1 procédait à leur sauvetage. Dans la panique, plusieurs exilés s’étaient jetés à l’eau et l’un d’eux s’était noyé.

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