Surnommé « le roi des pauvres », à son arrivée au pouvoir en 1999, Mohammed VI a fait du développement économique son premier objectif. Si au cours des 25 dernières années, le Maroc a connu des avancées indéniables en matière de lutte contre la pauvreté et d’amélioration des conditions de vie, des défis majeurs persistent et la priorité est désormais accordée à la réduction des inégalités.
Lutte contre la pauvreté et inclusion sociale
À l’aube du règne de Mohammed VI, le Maroc faisait face à une situation sociale préoccupante. En 2004, 60% de la population rurale était analphabète et le taux de chômage officiel atteignait 10%. Les disparités entre zones rurales et urbaines étaient criantes, avec un indice de développement humain (IDH) évalué à seulement 0,529 entre 2000 et 2004.
Face à cette situation, le roi a lancé en 2005 l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), un programme ambitieux visant à lutter contre la pauvreté et à améliorer les conditions de vie des Marocains.
Le taux de pauvreté absolue a connu une baisse spectaculaire, passant de 15,3% au niveau national en 2001 à seulement 1,7% en 2019, d’après l’Observatoire National du Développement Humain.
Ce programme a mobilisé des ressources considérables : 43 milliards de dirhams (4,3 milliards $) qui ont été investies au cours des deux premières phases, entre 2005 et 2019. L’INDH s’est concentrée sur cinq axes prioritaires : les infrastructures routières en milieu rural, l’accès à l’eau potable, l’électrification, l’éducation et la santé. Les résultats de ces efforts sont tangibles.
Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’IDH du Maroc a progressé de 18,3% entre 2005 et 2019, atteignant 0,686. Plus remarquable, le taux de pauvreté absolue a connu une baisse spectaculaire, passant de 15,3% au niveau national en 2001 à seulement 1,7% en 2019, d’après l’Observatoire National du Développement Humain (ONDH).
Investissements dans le capital humain
Dès son accession au trône, Mohammed VI a placé l’éducation au cœur de ses priorités. En 1999, une Charte nationale d’éducation et de formation a été élaborée, marquant le début d’une réforme en profondeur du système éducatif marocain. La période 2000-2009 a d’ailleurs été baptisée « décennie nationale de l’éducation et de la formation ».
Ces efforts ont porté leurs fruits. Le taux de scolarisation des enfants de 6 ans est passé de 53,7% en 1999 à 95% en 2013.
L’investissement financier a été conséquent : le budget consacré à l’enseignement scolaire, supérieur et à la formation professionnelle a augmenté en moyenne de 7,15% par an entre 2001 et 2013, passant de 24,8 milliards de dirhams en 2001 à plus de 56,7 milliards de dirhams en 2011.
Plus récemment, le gouvernement a lancé un programme de réformes visant à améliorer la performance globale du secteur éducatif sur la période 2015-2030, avec un accent particulier sur l’inclusion des filles et l’égalité des chances. Les dépenses consacrées à l’éducation en pourcentage du PIB ont continué d’augmenter, passant de 4,6% en 2015 à 6,8% en 2020.
Renforcement du système de santé
Dans le domaine de la santé, les progrès sont également notables. En 1999, le Maroc comptait 2138 établissements de soins de santé de base et 112 centres hospitaliers.
Mars 2024 – Mohammed VI lance 2e phase du programme des Unités Médicales Mobiles Connectées
Le ratio était de 2370 habitants par médecin. Vingt-trois ans plus tard, en 2022, le nombre d’établissements de soins de santé de base a dépassé les 3000, tandis que le nombre de centres hospitaliers a triplé pour atteindre 331. Le ratio est passé à 1312 habitants par médecin.
Vingt-trois ans plus tard, en 2022, le nombre de centres hospitaliers a triplé pour atteindre 331.
Le budget alloué au secteur de la santé a connu une augmentation spectaculaire, passant de 4,9 milliards de dirhams en 1999 à 23,5 milliards de dirhams en 2022. Deux mesures phares ont marqué le règne de Mohammed VI dans ce domaine : l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et le Régime d’Assistance Médicale (RAMED). Ce dernier, lancé en 2008 et généralisé en 2012, comptait environ 11 millions de bénéficiaires en 2022.
Vers un État social
Malgré ces avancées, des défis importants persistent. La lutte contre les inégalités continue d’être un objectif majeur : selon un rapport commandé par le roi en 2019, « les 10% de Marocains les plus aisés concentrent encore onze fois plus de richesses que les 10% les plus pauvres ».
Selon un rapport commandé par le roi en 2019, « les 10% de Marocains les plus aisés concentrent encore onze fois plus de richesses que les 10% les plus pauvres ».
Le chômage, en particulier chez les jeunes, demeure un défi. Pour répondre à ces défis, Mohammed VI a lancé en 2020 un vaste chantier visant à généraliser la protection sociale à l’ensemble de la population marocaine d’ici 2025. Ce projet ambitieux comprend la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire, l’extension des allocations familiales, l’élargissement de la base des adhérents aux régimes de retraite et la généralisation de l’indemnité pour perte d’emploi.
Plus récemment, en décembre 2023, le gouvernement marocain a annoncé la mise en place d’une aide directe mensuelle pour près d’un million de familles défavorisées. Cette mesure, qui s’inscrit dans le cadre de la réforme sociale impulsée par le roi, prévoit le versement d’au moins 500 dirhams (environ 45 euros) par mois à chaque famille bénéficiaire.
Conclusion
Après 25 ans de règne, le bilan social de Mohammed VI est inachevé. Des progrès indéniables ont été réalisés en matière de réduction de la pauvreté, d’accès à l’éducation et aux soins de santé. Cependant, les inégalités persistent et de nouveaux défis émergent, notamment liés à l’emploi des jeunes et à la généralisation de la protection sociale.
Le vaste chantier de réformes sociales lancé ces dernières années témoigne de l’ambition du Maroc de se doter d’un véritable « État social ».
Sa réussite sera cruciale pour consolider les acquis des dernières décennies et répondre aux attentes d’une population aspirant à plus de justice sociale et d’opportunités économiques.
ecofin