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Audition de l ARCOM, en vue d attribution des canaux de televisions de la television par voie hertzienne terrestre

Un « déséquilibre durable » des opinions exprimées à la télévision et la radio sera sanctionné, promet l’Arcom

L’ONG Reporters sans frontières (RSF) est à l’origine de cette procédure, considérant que CNews « est devenue un média d’opinion », ce que l’intéressée récuse.

L’annonce intervient après un coup de semonce en février pour CNews. Le régulateur de l’audiovisuel, L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), pourra sanctionner tout « déséquilibre manifeste et durable » dans l’expression des opinions sur chaque radio et télé, a-t-il annoncé, jeudi 17 juillet.

Jusqu’alors, l’Arcom évaluait essentiellement le pluralisme politique sur chaque antenne, avec un décompte des temps de parole. Désormais, « le contrôle doit aller au-delà », a déclaré devant la presse le président de l’autorité indépendante, Roch-Olivier Maistre.

Pour juger du respect général du pluralisme, au-delà des temps de parole politique, l’Arcom s’appuiera sur un faisceau d’indices : variété des sujets abordés à l’antenne, diversité des intervenants et pluralité de points de vue, selon cette délibération prise mercredi, qui tire les conséquences d’une décision du 13 février du Conseil d’Etat.

Cette décision avait fait l’effet d’un coup de tonnerre : la plus haute juridiction administrative avait sommé l’Arcom de renforcer son contrôle sur la chaîne d’info CNews, dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré.

L’ONG Reporters sans frontières (RSF) était à l’origine de cette procédure, considérant que CNews « est devenue un média d’opinion », ce que l’intéressée récuse. Elle s’est classée numéro un des chaînes d’information en continu (en parts de marché) en mai et juin devant BFM-TV, performance inédite.

« Primauté de la liberté de communication »
L’Arcom a fixé de nouvelles règles s’appliquant à l’ensemble des médias audiovisuels. Dans sa délibération, elle rappelle tout d’abord « la primauté de la liberté de communication ». « Les médias sont libres de choisir les sujets qu’ils veulent traiter » et « il n’est pas question pour le régulateur ni de cataloguer, ni de ficher, ni d’étiqueter les intervenants – animateurs, journalistes, invités », a souligné devant la presse le président de l’autorité indépendante, Roch-Olivier Maistre, alors que des inquiétudes avaient émergé.

Radios et télés n’auront pas à faire de décompte régulier auprès de l’Arcom des sujets traités et des intervenants, comme elles le font actuellement pour les temps de parole politiques.

Ce n’est qu’en cas d’alerte ou de litige qu’elles auront à prouver ce respect général du pluralisme.

Radios et télés, qui ont été reçues au préalable par l’Arcom, redoutaient de nouvelles règles difficilement praticables, voire, comme CNews, des atteintes à la « liberté d’expression ». In fine, l’appréciation du gendarme de l’audiovisuel se fera sur un mois pour les antennes d’info continue, sur trois mois pour les autres. Le déséquilibre devra être « manifeste et durable » pour donner lieu à une mise en demeure ou, en cas de répétition, à une éventuelle sanction – ce qui risque donc d’être rare.

Nombreux rappels à l’ordre pour CNews
Le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin, s’est félicité dans un communiqué de ces mesures qui « doivent permettre de sanctionner les éditeurs qui contournent le principe du pluralisme de la loi de 1986 » sur l’audiovisuel et « réduisent leurs programmes à une succession de commentaires à l’unisson sur des thèmes ressassés », ciblant par là CNews.

En pleine procédure de renouvellement de quinze fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT), les responsables de CNews, auditionnés lundi par l’Arcom, ont tenté de donner des gages, avec notamment une prochaine « direction du pluralisme ». La chaîne et ses figures, comme Pascal Praud et Laurence Ferrari, sont souvent accusées de traiter préférentiellement d’immigration et d’identité et de véhiculer des opinions d’extrême droite, ce que CNews conteste.

Comme C8, qui appartient également à Canal+, la chaîne est régulièrement rappelée à l’ordre par l’Arcom en raison de propos tenus sur son antenne. RSF a regretté que les directives de l’autorité indépendante arrivent « tardivement », « dans un contexte post-électoral qui a montré le besoin de pluralisme ».

Le régulateur a adressé fin juin une mise en demeure à un autre média dans le giron de M. Bolloré, la radio Europe 1, en pointant un traitement « largement univoque » des législatives dans une émission de Cyril Hanouna, avec une surreprésentation de l’extrême droite. Téléspectateurs et auditeurs peuvent encore saisir l’Arcom de toute séquence depuis mi-février qui contreviendrait à leurs yeux au respect général du pluralisme.

lemonde

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