Alors que les déclarations récentes de Kamala Harris sur la guerre à Gaza laissent entrevoir un possible changement dans la politique américaine vis-à-vis d’Israël, la vice-présidente devra convaincre les sceptiques, chez lesquels les attentes sont fortes, notamment les plus jeunes et les soutiens de la cause palestinienne.
La vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, actuellement en campagne pour obtenir l’investiture du Parti démocrate après le retrait de Joe Biden, brillera par son absence au Congrès lors de l’intervention du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, ce mercredi 24 juillet. Elle devait présider la séance.
Ses équipes invoquent des contraintes d’emploi du temps, mais pour beaucoup dans le camp démocrate, la vice-présidente peut représenter un espoir de changer le positionnement américain vis-à-vis d’Israël, en particulier dans sa guerre à Gaza. Pour certains analystes, cela témoigne d’une préoccupation concernant les victimes civiles de la guerre dévastatrice dans le territoire palestinien.
Il y a eu des divisions au sein du Parti démocrate au sujet d’Israël. Une position qui était considérée comme étant trop proche des Israéliens et qui ignoraient la situation désastreuse des Palestiniens. […] Une attitude très courante évidemment chez les gens d’origine arabe et de confession musulmane.
Kamala Harris semble bénéficier du soutien des grandes voix de son parti, avec une campagne ayant récolté plus de 80 millions de dollars depuis le retrait de Joe Biden.
Certains démocrates affichent un enthousiasme certain, espérant une victoire face à Donald Trump. De plus en plus de démocrates peinent à maintenir l’équilibre fragile entre le soutien à l’allié israélien et la dénonciation des horreurs en cours à Gaza. Mais la vice-présidente doit aussi convaincre les électeurs, en particulier ceux qui avaient rejeté Joe Biden à cause de sa politique vis-à-vis d’Israël.
Si M. Biden a fortement soutenu la guerre d’Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza depuis les attaques du 7 octobre et a maintenu l’aide militaire de son pays malgré les tensions avec M. Netanyahu, Kamala Harris a été plus nuancée. En mars, elle avait émis les commentaires à l’époque les plus fermes de la part d’un responsable de l’administration, lorsqu’elle avait appelé à un accord de cessez-le-feu pour mettre fin à « l’immense souffrance » et avait critiqué Israël pour l’insuffisance des livraisons d’aide.
Les soutiens de la cause palestinienne doutent d’un changement
À New York, les opinions des pro-palestiniens sur Kamala Harris sont loin d’être favorables. « Je ne soutiens pas Biden et je ne soutiens pas Kamala Harris, tacle un New-Yorkais, au micro de notre correspondante, Loubna Anaki. Elle vient du même cercle : ils sont tous pro-Israël, ils soutiennent le génocide et reçoivent de l’argent du lobby pro-israélien. »
Une autre voix exprime également son désenchantement : « Des enfants palestiniens se font tuer, mais Joe Biden n’a rien fait à part soutenir Israël. Ça, ça a vraiment du mal à passer. Et malheureusement pour Kamala Harris, elle fait partie de cette administration, et lorsqu’elle a été interrogée sur le génocide, elle n’a rien condamné. »
Pour ces pro-Palestiniens qui manifestent depuis dix mois contre la guerre à Gaza, la politique d’Israël et le soutien militaire et financier apporté par Washington, le parti démocrate est considéré comme « responsable du massacre à Gaza ».
Leur mouvement avait appelé à boycotter l’élection ou à voter blanc, voire pour un candidat indépendant, afin de punir Joe Biden.
Le retrait du président ne semble pas modifier leur position : « Je ne vais probablement pas voter cette année, à moins qu’un démocrate ne se présente en affirmant clairement que ce qui se passe est un génocide », déclare l’une d’entre eux.
Une autre ajoute : « J’espère, sans vraiment y croire, qu’ils vont plutôt choisir un candidat clairement en faveur d’un cessez-le-feu et de la Palestine. Sinon, il y aura des conséquences. »
Convaincre une partie de ces électeurs sera l’un des principaux défis pour Kamala Harris si elle souhaite améliorer ses chances face à Donald Trump, notamment dans des États clés comme le Michigan et le Minnesota, qui comptent une importante population arabe et musulmane.
rfi