Pourquoi le 400 m est-il la course la plus douloureuse pour l’organisme ?

La course du 400 m en athlétisme fait figure d’épreuve redoutable. Après avoir dompté d’intenses contractions musculaires, des maux de tête, parfois des étourdissements, seuls dans leur couloir, les athlètes ressortent « détruits » de cette compétition de vitesse. Quels sont les processus énergétiques mis à contribution dans l’organisme ? La faute à l’acide lactique et voici comment.

Championne olympique du 400 mètres, la Française Marie-José Pérec parle de ce tour de piste comme d’un supplice : « Une course pas normale » au cours de laquelle « le corps est poussé à l’extrême » ! Avec des douleurs indescriptibles. Comment expliquer cette spécificité ? En athlétisme, l’épreuve du 400 m apparaît souvent décrite comme « à part ».

Dans un numéro du quotidien Libération d’août 2006, l’entraîneur tricolore François Pépin la décrit parfaitement : « Un sprinteur sur 100 m ou 200 m, il est épuisé quand il a fini. Un coureur de 400 m, il est détruit »…

La raison tient en un mot : . Pour comprendre, il faut en revenir aux notions d’aérobie et d’anaérobie.

« La course à pied fait appel à des filières énergétiques différentes, selon l’effort produit », analyse Jean-Jacques Minne, entraîneur de la Fédération française d’athlétisme et au sein de l’Azur olympique de Charenton. « Sur les distances longues et donc d’endurance, celle privilégiée est l’aérobie, avec un processus métabolique qui utilise en priorité les glucides et les lipides en présence d’oxygène. Mais, si sa capacité est très importante, sa puissance est relativement limitée ».

Augmentation brutale des lactates

« Si les filières énergétiques fonctionnent simultanément, sur des distances de type sprint, l’anaérobie devient la filière prépondérante. Précisément, l’anaérobie lactique sur le 400 m », poursuit le coach pour décrire un processus complexe qui nécessite de nombreuses  au niveau des voies métaboliques. « L’une des principales, pour fournir l’, est la transformation du glucose en glycogène, qui va ensuite aboutir à la production de lactates », reprend Jean-Jacques Minne.

Lors d’effort à intensité légère ou modérée, la concentration sanguine en lactates évolue peu par rapport au repos. En revanche, elle augmente brutalement, avec l’intensité de l’effort.

Image du site Futura Sciences

Un supplice « jusqu’au bout des ongles »

« D’une manière générale, les lactates sont recyclés pour produire à leur tour de l’énergie », enchaîne-t-il. Mais sur un effort comme le 400m, « il s’ensuit une telle accumulation dans le sang, en peu de temps, que l’organisme n’a pas la possibilité de tout  ».

Une partie devient en quelque sorte des  qui s’accumulent et qui créent d’intenses douleurs : « jusqu’au bout des ongles », schématise le coach. « Elles sont difficiles à supporter avec des ressentis de contractions musculaires fortes, des maux de tête et autres étourdissements ! ». Et d’ajouter que « l’entraînement vise aussi à supporter ces doses de lactates très importantes dans le sang ». Et donc ces douleurs.

Le seuil d’accumulation est différent sur 100 m

Sur un 100 m ou un 200 m, le ressenti sera différent, « car le coureur sera dans la filière lactique très peu de temps », explique-t-il. Certes, l’athlète va produire aussi beaucoup de lactates du fait de son effort, mais il ne parviendra pas à ce seuil d’accumulation si douloureux comme lors d’un 400 m ou d’un 800 m.

La solitude du coureur dans son couloir…

Enfin, Jean-Jacques Minne avance une autre raison qui illustre l’effort si particulier du 400 m : « C’est la dernière course réalisée entièrement en couloirs. À un moment donné, sur un 800 m, les athlètes se rejoignent en peloton avec des notions stratégiques en fonction de l’allure imposée et à laquelle le coureur s’adapte. Sur un 400, il reste seul dans son couloir et produit seul son effort. Cet aspect mental concourt aussi la difficulté ».

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