Grand échange de prisonniers entre la Russie et les Occidentaux dont le journaliste Evan Gershkovich

Le Kremlin et les Occidentaux se sont accordés sur un grand échange de 26 personnes – dont 24 prisonniers-, dont la libération de plusieurs Américains. Parmi eux, le journaliste du Wall Street Journal Evan Gershkovich détenu en Russie depuis 2023, rapportent jeudi 1er août des médias américains. La Turquie affirme avoir coordonné à Ankara un échange de vingt-six prisonniers.

Cet accord autour de 26 personnes, qui semble être l’un des plus importants depuis la Guerre froide, prévoit également la libération de l’ex-Marine Paul Whelan, selon CNN, tandis qu’ABC rapporte que d’autres pays occidentaux sont impliqués dans cet échange. La Turquie a coordonné à Ankara un échange de vingt-six prisonniers entre la Russie et plusieurs pays occidentaux, a annoncé ce jeudi la présidence turque.

Cet échange de prisonniers serait le premier entre Moscou et les Occidentaux depuis la libération en décembre 2022 de la joueuse américaine de basket Brittney Griner détenue en Russie pour une affaire de stupéfiants contre celle du célèbre trafiquant d’armes russe Viktor Bout, emprisonné aux États-Unis.

Des réactions américaines et russes
Le président des États-Unis Joe Biden a salué une « prouesse diplomatique ».« Certaines de ces femmes et certains de ces hommes ont été injustement détenus des années durant. Tous ont enduré des souffrances inimaginables. Leur agonie est aujourd’hui terminée », a écrit le dirigeant démocrate dans un communiqué.

L’accord qui a permis cet échange est le résultat d’une prouesse diplomatique. De nombreux pays ont participé à cet accord. Ils ont participé à des négociations difficiles et complexes à ma demande, et je les remercie tous personnellement une nouvelle fois. Cet accord n’aurait pas été possible sans nos alliés, l’Allemagne, la Pologne, la Slovénie, la Norvège et la Turquie. Ils se sont tous engagés à nos côtés et ont pris des décisions audacieuses et courageuses.

Le Kremlin a remercié les pays ayant contribué à l’échange de prisonniers.

Le président russe Vladimir Poutine a accueilli et remercié jeudi à l’aéroport Vnoukovo de Moscou les huit citoyens russes libérés. L’ex-président russe Dmitri Medvedev a salué jeudi le retour en Russie de citoyens « ayant travaillé pour la patrie » et échangés dans le cadre d’un échange de prisonniers massif avec les Occidentaux.

« Je voudrais évidemment que les traitres de la Russie pourrissent dans un cachot ou meurent en prison (…) mais il est plus utile de récupérer les nôtres, ceux qui ont travaillé pour le pays, pour la patrie, pour nous tous », a écrit Dmitri Medvedev, actuellement numéro 2 du Conseil de sécurité russe, sur Telegram.

Un ressortissant russe incarcéré en Allemagne pour assassinat, Vadim Krasikov, a été remis à la Russie, selon la présidence turque. Le journaliste russo-espagnol Pablo González arrêté en Pologne et accusé d’être un espion de Moscou a été libéré et transféré en Russie.

Des pressions américaines pour la libération d’Evan Gershkovich
Les États-Unis ont fait pression sur Moscou pour obtenir la libération du journaliste du Wall Street Journal, Evan Gershkovich, condamné le 19 juillet en Russie à 16 ans de prison à l’issue d’un procès expéditif pour « espionnage », une accusation jamais étayée.

C’est le 30 mars 2023 que le reporter avait été arrêté en plein reportage sur l’économie de guerre. Depuis, Evan Gershkovich a été condamné pour espionnage. Son seul espoir de libération reposait sur un échange de prisonniers.

Le Wall Street Journal a salué jeudi la libération de son journaliste.

« Evan est libre et en route pour rentrer chez lui (…) Nous sommes profondément soulagés et heureux pour Evan et sa famille, ainsi que pour les autres personnes qui ont été libérées », a indiqué dans un communiqué une responsable du journal, parlant d’un « jour historique ».

L’ONG Reporters sans frontières s’est dite « immensément soulagée » de cette libération.

« Nous sommes immensément soulagés d’apprendre que le calvaire d’Evan Gershkovich, qui a duré 16 mois, devrait enfin prendre fin. Nous attendons avec impatience des nouvelles de son retour sain et sauf aux États-Unis », a déclaré Rebecca Vincent, directrice des campagnes de RSF dans un communiqué transmis à l’AFP, ajoutant que l’ONG reste « profondément préoccupée par le maintien en détention de plus de 40 autres journalistes en Russie », dont la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva.

Des accusations d’espionnage
Les enquêteurs du FSB accusaient d’espionnage Evan Gershkovich. Après ses reportages dans l’Oural où se concentrent des usines d’armement. Des accusations d’espionnage pour le compte de la CIA, taxés d’absurde par son employeur, le Wall Street Journal.

L’arrestation d’un journaliste étranger, installé depuis 2017 et muni d’une accréditation en bonne et due forme, a choqué les confrères qui découvrent que plus personne n’est à l’abri en Russie. Cette première détention d’un journaliste occidental pour espionnage depuis la fin de la Guerre froide est très vite exploitée par le Kremlin.

Les autorités russes affichent rapidement leur intention d’utiliser le journaliste comme monnaie d’échange avec les États-Unis.

Au micro du journaliste américain Tucker Carlson en février dernier, Vladimir Poutine avait suggéré de l’échanger contre Vadim Krasikov.

Depuis, les négociations se sont poursuivies dans l’ombre entre Washington et Moscou. Alors qu’il est détenu dans la sinistre prison de Lefortovo, le Wall Street Journal n’a cessé de rappeler son cas et d’exiger sa libération.

Le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a fait part jeudi de son « soulagement » après la libération par la Russie de journalistes et de militants des droits humains, réclamant d’autres libérations.

Volker Türk « exprime son soulagement après la libération d’Evan Gershkovich, Vladimir Kara-Mourza, Alsu Kurmasheva et Oleg Orlov, entre autres. Tous les journalistes et défenseurs des droits détenus uniquement pour avoir fait leur travail doivent être libérés. Ils doivent pouvoir travailler en toute sécurité, sans crainte », a indiqué le Haut-commissariat sur le réseau social X.

L’Union européenne s’est dite « soulagée » par la libération jeudi par Moscou de détenus « injustement persécutés » dans le cadre d’un vaste échange entre la Russie et l’Occident, réclamant la libération de tous les prisonniers politiques.

Rfi

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