Si, comme des millions de Français, vous êtes vrillé sur votre écran depuis le début des Jeux Olympiques, peut-être avez-vous remarqué que certains nageurs affichaient d’étranges marques parfaitement circulaires. Ce ne sont ni des tâches de naissance, ni des tatouages, mais les stigmates d’une drôle de technique de récupération.
Depuis 2016 et l’apparition de Michael Phelps aux JO de 2016, le corps couverts d’étranges marques circulaires, il n’est plus rare de voir des tableaux similaires dans les compétitions de natation. La preuve avec les JO de Paris, où les téléspectateurs ont pu admirer ces marques sur le corps de plusieurs nageurs. Des preuves que ces derniers ont recours à une médecine traditionnel chinoise ancestrale : le cupping.
Le cupping, également connu sous le nom de « hijama » ou « ventousothérapie », est une pratique de la médecine traditionnelle chinoise qui date de plus de 2000 ans. Cette technique consiste à appliquer des ventouses sur la peau pour créer une succion, visant à attirer le sang vers la surface de la peau.
Il existe deux principales méthodes de cupping :
Le cupping sec : où les ventouses sont simplement appliquées sur la peau pour créer une succion. Cette méthode est souvent utilisée pour traiter des douleurs musculo-squelettiques et améliorer la circulation sanguine.
Le cupping humide : où une légère scarification de la peau est effectuée avant d’appliquer les ventouses, permettant ainsi une petite quantité de sang de s’échapper.
Cette méthode est censée éliminer les toxines du corps.
Les ventouses peuvent être en verre, en bambou, en céramique ou en silicone. Elles peuvent être chauffées à l’aide d’une flamme pour créer un vide, ou des dispositifs mécaniques sont utilisés pour aspirer l’air et provoquer la succion. Cette technique est de plus en plus populaire parmi les athlètes, notamment les nageurs, qui espèrent améliorer leur récupération et leurs performances.
Quels sont les effets visés ?
Les partisans du cupping soutiennent que cette technique peut offrir plusieurs bénéfices pour la santé, notamment un soulagement des douleurs chroniques dues à l’arthrite, aux lombalgies ou aux douleurs cervicales. La succion est censée détendre les muscles et les tissus conjonctifs, réduire les spasmes et les contractures musculaires.
En outre, en attirant le sang vers la surface de la peau, le cupping pourrait aider à diminuer l’inflammation et favoriser la guérison des tissus endommagés.
Il est également censé stimuler la circulation sanguine et lymphatique, facilitant ainsi l’élimination des toxines et l’apport de nutriments essentiels aux muscles et aux tissus ce qui, croient certains, peut renforcer le système immunitaire.
Enfin, de nombreux utilisateurs rapportent une sensation de bien-être et de relaxation après une séance de cupping, similaire à celle obtenue après un massage.
Quels sont les risques ?
Bien que le cupping soit généralement considéré comme sûr, il comporte certains risques et effets secondaires potentiels.
Parmi eux, les fameuses marques circulaires rougeâtres laissées par les ventouses sont le plus courant. Ces marques peuvent durer de quelques jours à deux semaines et sont causées par la rupture des petits vaisseaux sanguins sous la peau.
Bien que rares, des infections peuvent survenir si la peau n’est pas correctement nettoyée avant le traitement ou si les ventouses ne sont pas stérilisées.
Les ventouses chauffées peuvent parfois causer des brûlures si elles sont mal appliquées ou si la peau est sensible.
Enfin, certaines personnes peuvent ressentir des vertiges ou des nausées pendant ou après une séance de cupping, surtout si elles ne sont pas habituées à cette technique.
Est-ce que ça fonctionne ?
L’efficacité du cupping fait débat parmi les scientifiques et les professionnels de la santé. Bien que de nombreux athlètes et utilisateurs rapportent des bénéfices significatifs, les preuves scientifiques restent limitées et sont souvent contradictoires.
Certaines études suggèrent que le cupping pourrait avoir des effets positifs sur la réduction de la douleur et l’amélioration de la circulation sanguine. Par exemple, une étude de 2023 a montré des bénéfices modérés pour la douleur musculo-squelettique. Cependant, la qualité des études varie et beaucoup sont critiquées pour leur manque de méthodologie.
L’effet placebo semble jouer un rôle important dans les perceptions des bénéfices du cupping.
Si les utilisateurs croient fermement que la technique fonctionne, ils peuvent ressentir une amélioration subjective de leurs symptômes.
Toutefois, la plupart des experts demeure sceptique quant à l’efficacité du cupping, soulignant le manque de preuves robustes et bien contrôlées.
En France, l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes a interdit la pratique du cupping en 2021. L’absence de données concluantes sur l’efficacité et la sécurité du cupping a conduit les autorités à considérer cette pratique comme non justifiée médicalement.
Les lésions cutanées (marques circulaires, risques de brûlures et d’infections) peuvent être dangereuses et sont considérées comme trop risquées compte tenu du manque de preuves quant à l’efficacité de la pratique.
Les autres techniques de récupération des athlètes
Outre le cupping, les athlètes ont recours à de nombreuses techniques pour favoriser leur récupération et améliorer leurs performances.
Parmi les plus populaires, la cryothérapie, qui consiste à s’exposer au froid extrême, aiderait à réduire l’inflammation et les douleurs musculaires.
Les massages sportifs sont également plébiscités pour détendre les muscles, améliorer la circulation sanguine et lymphatique, et prévenir les blessures. Ils peuvent également aider à réduire le stress et la tension musculaire.
Dans la lignée du cupping, l’acupuncture trouve son public parmi les sportifs. Cette technique traditionnelle chinoise utilise des aiguilles insérées dans la peau pour stimuler des points spécifiques du corps, soulager la douleur et favoriser la guérison.
Enfin, les athlètes ont régulièrement recours à des dispositifs d’électrostimulation pour stimuler les muscles, améliorer la circulation sanguine et réduire les douleurs.
Rares sont ces techniques à faire l’unanimité chez les professionnels de santé, ce qui n’empêche pas les athlètes d’y avoir recours pour tenter d’optimiser leurs performances et leur récupération.
Et s’ils sont toujours aussi populaires, c’est en partie parce que les sportifs de haut niveau ont une conscience aiguë de leur corps, ce qui les rendrait plus réceptifs à l’effet placebo.
Les marques circulaires visibles sur les nageurs des JO 2024 témoignent donc de leur recours à cette méthode ancestrale, malgré les débats et les interdictions entourant sa pratique.
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