De fait, quand son frère aîné Andréa Casiraghi est quatrième dans l’ordre de succession au trône monégasque, la fille de Caroline de Monaco et de Stéfano Casiraghi n’est que onzième.
La chance pour qu’elle porte un jour la couronne monégasque comme son oncle Albert de Monaco est donc infime, ce qui lui laisse tout le loisir de se consacrer à d’autres activités.
Que fait donc Charlotte Casiraghi dans la vie ? Si le grand public ne l’aperçoit le plus souvent que dans ces moments « exceptionnels » où elle est en représentation, comme le Bal de la rose où elle s’autorise parfois des danses endiablées, ou dans les grands événements qui rythment la vie de la principauté, à l’instar du Grand Prix de Monaco où elle est passée avec tous les hommes de sa vie, l’existence de la maman de Raphaël et Balthazar, nés de ses amours avec Gad Elmaleh et Dimitri Rassam, dont elle est désormais séparée, se situe loin de la politique et du protocole. Charlotte Casiraghi est une femme de la culture, des arts et bien sûr de la mode.
Dans ce domaine, elle a hérité des goûts familiaux. Sa mère avait porté à 5 ans sa première robe griffée Givenchy, que lui avait offerte la princesse Grace. C’est sensiblement au même âge que Charlotte revêtira sa première création Chanel réalisée par Karl Lagerfeld. Logiquement, après un pas de côté chez Gucci en 2012 où elle était l’égérie d’une collection tournant autour du milieu équestre, son autre passion, et un petit passage par Yves Saint-Laurent en 2018, elle est devenue le 1er janvier 2021 la nouvelle égérie de prêt-à-porter de la marque de luxe française Chanel.
Entre Chanel et les Grimaldi, c’était une longue histoire. Karl Lagerfeld avait dans sa jeunesse convaincu Caroline de poser nue devant son objectif. Avec Charlotte, il avait d’autres ambitions, ainsi qu’elle le confiait à Madame Figaro en juin 2021. « Ma passion pour les livres a créé entre nous une proximité très forte. C’était un partage intime, presque secret. Il n’avait aucune envie de faire de la mode avec moi. Il m’a énormément encouragée dans mes études. À 16-17 ans, j’ai passé deux étés chez lui, à Biarritz.
Il m’a fait découvrir Lou Andreas-Salomé, la poésie d’Emily Dickinson et de Rainer Maria Rilke… Ensuite, il m’envoyait des livres de philo allemande supercompliqués, des traductions d’ouvrages introuvables. Ce projet est le reflet de ma relation avec Karl autour du plaisir de la lecture.«
Ce « projet » dont elle parle, c’est celui qu’elle va lancer en 2021 lorsqu’en devenant égérie de la marque, elle demande en même temps à assouvir sa passion pour la littérature et la philosophie.
Faveur accordée.
Virginie Viard, qui a succédé à Lagerfeld, lance aussitôt avec elle Les Rendez-vous littéraires rue Cambon. Des rencontres qui se tiennent régulièrement depuis lors dans la boutique parisienne de l’enseigne et où Charlotte reçoit des autrices et des amies de la Maison afin d’explorer le thème de l’émancipation des femmes, à travers leurs propres oeuvres ou celles de figures littéraires fédératrices.
Charlotte n’avait pas attendu ce moment pour donner libre cours à ses envies de philosophie.
En 2015, elle avait lancé à Monaco un rendez-vous annuel, Les Rencontres Philosophiques, destinées à démocratiser cette matière, à l’ouvrir au plus grand nombre en proposant des cycles thématiques. « Le point commun entre les Rencontres philosophiques de Monaco et les Rendez-vous littéraires, confiait Charlotte aux Echos en juin 2023. C’est la volonté de transmettre la culture à un public plus large et à plus grande échelle. Pour que des spécialistes, philosophes et auteurs, rendent leur travail et leurs idées plus accessibles. (…) Même si vous ne passez pas beaucoup de temps à lire de la littérature ou de la philosophie, elles peuvent avoir une place importante dans votre vie.«
Ces deux événements culturels sont désormais devenus incontournables.
Comme une consécration. Il est certes probable que Charlotte Casiraghi n’ait besoin d’aucun adoubement, elle qui, si bien née, semble réussir tout ce qu’elle entreprend, reste que ces succès constituent peut-être quand même pour elle une petite revanche…
Son parcours scolaire avait été un sans faute. Après des premières années à Monaco puis à Saint-Rémy de Provence où sa mère avait emménagé après la mort de son mari Stefano dans un terrible accident nautique, Charlotte Casiraghi était partie vivre avec sa famille et le nouveau mari de Caroline, Ernest-Auguste de Hanovre, à Fontainebleau. C’est là qu’elle a passé son bac, obtenu en 2004, il y a tout juste vingt ans, avec une mention très bien.
La suite s’imposait : poursuivre ses études, ainsi que le lui conseille vivement Karl Lagerfeld dont elle est très proche à l’époque.
« Ce qui l’intéressait, disait-elle aux Echos, c’était ce que je lisais, ce que j’étudiais. Il estimait et admirait énormément les femmes cultivées qui s’engagent dans la quête du savoir. Il m’a vraiment encouragée à continuer, à ne pas abandonner cet aspect de ma vie, et c’était très fort.«
La prépa sera littéraire.
Elle qui aimait déjà la poésie et notamment Les Fleurs du Mal, de Baudelaire, qu’elle avait ouvert dès l’âge de 10 ou 11 ans, découvre la philosophie en terminale. Son professeur s’appelle Robert Maggiori. Sa plume est connue, que l’on retrouve dans le journal Libération. C’est avec lui que plus tard, elle fondera les rencontres monégasques. En attendant, il la trouve « douée et scrupuleuse » et lui fait découvrir Descartes et les autres philosophes.
Direction le lycée Fénelon à Paris pour une hypokhâgne et une khâgne. Deux ans de dur labeur.
« Je n’étais pas hyperfunky à l’époque, surtout pendant les classes préparatoires, très angoissée, perfectionniste. Je n’ai pas vécu l’euphorie des 18-20 ans : toutes mes amies sortaient et étaient beaucoup plus libérées« , se remémorait dans Madame Figaro celle qui se prend alors de passion pour Colette, en s’identifiant à la Claudine du Blé en Herbe.
Une prépa, c’est donc deux ans de sacrifice. Deux ans à potasser des livres, à jouer les rats de bibliothèques, à passer des nuits blanches sur d’interminables copies, à se priver de sortie. Le but, à l’issue de ce chemin de croix : passer un concours afin d’intégrer l’ENS, l’école normale supérieure. Normale Sup’ dans le jargon étudiant. Un accomplissement. Un Graal. L’excellence de l’éducation publique à la française au même titre que Sciences Po ou l’Ena.
Hélas… Comme tout concours, celui de l’ENS est extrêmement sélectif, moins de 5% de ceux qui le tentent le réussissent. Et comme tout concours, on peut être brillant et le rater. C’est ce qui est arrivé à Charlotte Casiraghi. Dans ce cas-là, certains choisissent d’insister en « cubant » c’est-à-dire en redoublant leur khâgne afin de repasser le concours l’année suivante. Ce n’est pas ce qu’a décidé Charlotte Casiraghi.
Après ses deux ans de prépa, elle a intégré une licence de philosophie à la Sorbonne.
Elle l’a décrochée facilement. On connaît la suite. Elle s’est écrite sans que la prestigieuse ligne Normale Sup’ ne figure sur son CV. Preuve que celui-ci ne fait pas tout. Reste que toute talentueuse soit-elle, descendre des Grimaldi constitue sans doute un sésame à même d’ouvrir les jolies portes qu’elle a poussées depuis.
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