Famine au Darfour du Nord : La FAO exhorte à une aide à grande échelle pour stimuler la production alimentaire locale

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a exhorté, lundi 5 juillet 2024, à une aide vitale à grande échelle pour stimuler la production alimentaire locale. Cette décision fait suite à l’escalade de la violence qui sévit au Soudan, plongeant certaines parties du Darfour du Nord dans la famine.

Suffisant pour l’agence onusienne basée à Rome d’exhorter à une cessation immédiate des hostilités, à une augmentation rapide de l’aide alimentaire, nutritionnelle et en espèces, ainsi que de l’aide agricole d’urgence pour faire face à cette urgence.

Rappelons que le Soudan est plongé dans une crise de sécurité alimentaire sans précédent, confronté aux pires niveaux de faim jamais enregistrés dans le pays, ainsi qu’à la plus grande crise de personnes déplacées au monde.

Selon l’ONU, la famine sévit dans les camps de Zamzam, qui accueillent 500 000 personnes déplacées à l’extérieur de la ville d’El Fasher, au Darfour du Nord.

Famine dévastatrice au Darfour du Nord

Un nombre impressionnant de 755 000 personnes sont actuellement confrontées à des niveaux catastrophiques de faim aiguë (phase 5) – la pire forme de faim – tandis qu’un total de 25,6 millions de personnes sont confrontées à des niveaux élevés de faim aiguë (phases 3 et supérieures), a clarifié la FAO.

Face à cette situation alarmante, l’organisation onusienne et ses partenaires mènent des efforts multisectoriels pour prévenir une escalade de la famine dans le pays.

Outre l’urgence de l’aide alimentaire pour les personnes confrontées à de graves pénuries alimentaires, l’agence onusienne entend s’orienter vers la production alimentaire locale.

Elle distribue ainsi des semences à 1,2 million de ménages agricoles en vue de la principale campagne de semis qui a débuté en juin 2024. La campagne se concentre sur la distribution de semences à environ 6 millions de personnes à travers le pays, notamment dans les régions d’Al Jazirah, du Nil bleu, du Nil blanc, du Grand Darfour et du Kordofan où les niveaux d’insécurité alimentaire sont les plus élevés.

Près de 65 % de la population travaille dans l’agriculture

Si la campagne de semences de la FAO est pleinement mise en œuvre, elle permettra aux agriculteurs soudanais de produire une récolte prévue de 2,4 à 3,6 millions de tonnes de grains de sorgho.

Les deux parties notamment la FAO et ses partenaires ont également vacciné plus de 2,7 millions d’animaux contre les maladies courantes du bétail, atteignant plus d’un demi-million de ménages pastoraux et agropastoraux.

En outre, 2,5 millions d’animaux devraient recevoir un soutien vétérinaire durant la saison hivernale (de novembre 2024 à février 2025), bénéficiant à un total de 170 000 ménages.

Mettant en garde contre cette situation alarmante, a Qu Dongyu, directeur général de la FAO a laissé entendre : « nous avons tiré la sonnette d’alarme au sujet de cette catastrophe imminente, mais en raison du conflit en cours et de l’accès limité de l’aide humanitaire, ces communautés ne reçoivent toujours pas l’aide immédiate dont elles ont besoin. Nous avons besoin d’une action urgente et concertée pour empêcher qu’une catastrophe encore plus grande ne se produise ».

Signalons que le Soudan est très dépendant de l’agriculture, puisque près de 65% de sa population travaille dans ce secteur. Et c’est ce secteur, les moyens de subsistance ruraux et les systèmes agroalimentaires qui sont en première ligne du conflit, subissant de graves dommages et perturbations – avec des conséquences en cascade et inquiétantes pour la sécurité alimentaire et la nutrition.

Il ne faut pas attendre les déclarations de famine

La situation risque d’être encore aggravée par des précipitations supérieures à la moyenne et des températures plus élevées que la moyenne dans les États du sud et du centre du Soudan, en raison des conditions La Niña prévues pour les mois d’août et de septembre.

Les inondations potentielles pourraient accroître le risque de pertes supplémentaires de récoltes et de bétail, tandis que l’accès humanitaire limité aggrave les disponibilités alimentaires et augmente le risque de famine sévère, met en garde la FAO.

En attendant, l’agence onusienne estime que la communauté internationale ne peut pas attendre les déclarations de famine, elle doit plutôt agir à grande échelle et de toute urgence lorsque les alertes servent de déclencheur à l’action.

« La famine peut être stoppée, mais la cessation immédiate des hostilités est une première étape essentielle. La paix est une condition préalable à la sécurité alimentaire et le droit à l’alimentation est un droit humain fondamental », a encore fait valoir directeur général de la FAO.

VivAfrik

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