A Chypre, les migrants de la zone tampon une nouvelle fois repoussés après avoir tenté d’entrer en territoire UE

Plusieurs migrants prisonniers de la zone tampon entre les parties turque et chypriote de l’île ont échoué lundi à traverser la Ligne verte en direction de la zone UE. Ils réclament depuis des mois l’accès à la procédure d’asile qui leur est refusée, malgré des conditions de vie déplorables et le manque d’alternatives.

Ils tentaient d’alerter sur leur sort. Plusieurs migrants prisonniers de la zone tampon à Chypre ont tenté d’entrer en zone chypriote lundi 19 août, avant d’être repoussés par la police, selon le site d’informations local Cyprus mail.

Selon Menelaos Savva, chef de la communauté d’Avlona, ​​qui se trouve en partie dans cette zone de 180 kilomètres, les migrants ont brandi des banderoles et ont commencé à traverser la Ligne verte en direction d’Akaki avant l’intervention de la police. Cinq heures plus tard, ils sont retournés en direction de leurs tentes installées par le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), les ONG n’ayant pas accès à la zone tampon.

D’après Menelaos Savva, ils demandaient l’accès à l’éducation pour leurs enfants et le respect de leurs droits, eux qui n’ont pas reçu l’autorisation de déposer une demande d’asile depuis trois mois.

La zone tampon de l'ONU sépare l'île de Chypre en deux. Crédit : Google Maps

Contactée par InfoMigrants, Corina Drousiotou, coordinatrice du Conseil chypriote pour les réfugiés, a déclaré que plus de 80 migrants se trouvaient actuellement dans la zone tampon.

« Nous espérions que la situation ait été résolue, car des réfugiés sont admis [au centre d’accueil de] Pournara presque tous les jours, mais malheureusement, les refoulements se sont poursuivis cette semaine également vers la zone tampon. Nous sommes déçus, car au lieu de trouver une solution au problème, le nombre de migrants dans la zone tampon augmente ».

En juin, cinq migrants syriens avaient, eux aussi, été refoulés par les autorités du sud de l’île alors qu’ils approchaient le centre d’accueil de Pournara.

Pas de retour en arrière possible
Depuis la mi-mai, près de 80 migrants sont bloqués dans la zone tampon de l’île. Contrôlée par l’ONU, elle sépare le nord du territoire chypriote, administré par la Turquie, de sa partie sud, membre de l’UE depuis 2004. Ces exilés, comme des milliers d’autres présents à Chypre, sont arrivés par avion côté turc, et avaient pour objectif de passer au sud via la Ligne verte, ligne de démarcation entre les deux territoires.

Interrogée sur la situation des migrants bloqués dans la zone tampon, Corina Drousiotou, coordinatrice du Conseil chypriote, complète : « La seule solution est d’accepter leurs demandes d’asile, parce qu’ils sont coincés et qu’ils ne pourront pas retourner dans la partie nord de Chypre de peur d’être arrêtés ou poursuivis pour franchissement illégal de la frontière. Ils n’ont donc pas d’autre choix que de rester dans la zone tampon et d’essayer de demander l’asile dans la République de Chypre ».

Opposition entre l’UE et les autorités chypriotes
Jeudi 8 août, la Commission européenne a rappelé à Chypre ses obligations en matière de droit d’asile : « La possibilité pour toute personne de demander une protection internationale sur le territoire d’un État membre, y compris à sa frontière ou dans une zone de transit, est établie par le droit de l’UE », a martelé un porte-parole de la Commission au Cyprus Mail.

La veille, lors d’une visite au Centre d’accueil et d’hébergement pour les demandeurs de protection internationale à Kofinou, le vice-ministre chypriote des Migrations et de la Protection internationale, Nicholas Ioannides, avait déclaré son opposition à tout flux migratoire en provenance de la Ligne verte : « La République de Chypre a pris la décision de ne pas accepter les flux via la Ligne verte, puisque nous avons réussi à atteindre zéro flux par mer et nous ne voulons pas créer un nouveau passage […]

Nous sommes en dialogue avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, pour résoudre le problème des personnes qui sont déjà là-bas mais aussi pour réguler la situation en général, afin que la Ligne verte ne devienne pas une route migratoire ».

infomigrants

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