Des microplastiques identifiés dans des bouteilles de Coca-Cola et de Schweppes, une association alerte

This photo taken on November 12, 2015 in Grigny, near Paris, shows Coca-Cola soft drink bottles on the new assembly line at a Coca-Cola Entreprise bottling plant. AFP PHOTO ERIC PIERMONT / AFP PHOTO / Eric PIERMONT

Dans une enquête dont les résultats ont été publiés ce jeudi 22 août, l’association écologiste Agir pour l’environnement explique avoir retrouvé six sortes de plastiques différents dans les bouteilles de Coca-Cola et de Schweppes.

950 millions.

C’est le nombre de bouteilles de Coca-Cola vendues chaque année en France.

Mais que contiennent-elles vraiment? Polyéthylène téréphtalate, polychlorure de vinyle, polyéthylène… Dans une enquête publiée ce jeudi 22 août, Agir pour l’environnement dit avoir identifié la présence de « six sortes de plastiques différents » dans les bouteilles de Coca-Cola et de Schweppes Indian Tonic analysées.

Le directeur général de l’association de défense de l’environnement, Stéphen Kerckhove, estime que les consommateurs de Coca Cola « doivent être informés de l’instabilité moléculaire de la bouteille en plastique », dans un communiqué.

L’association a demandé à deux laboratoires de mener des recherches de microparticules et nanoparticules de plastique sur des bouteilles d’un litre de Coca-Cola et d’un litre et demi de Schweppes. Et pour s’approcher au plus près des conditions réelles d’utilisation par les consommateurs, les mesures ont été faites après une, dix et vingt ouvertures.

Plus la bouteille est ouverte, plus les microparticules sont nombreuses
« Le nombre de microparticules (inférieures à 5mm, NDLR) augmente sensiblement à mesure que le nombre d’ouvertures croît, permettant d’émettre l’hypothèse d’une responsabilité de la dégradation du bouchon dans l’origine des microplastiques identifiés », explique Agir pour l’environnement.

En effet, après 20 ouvertures, « 46 microparticules (dont 25 de PVC) ont été identifiées dans un litre de Coca-Cola. Rapporté à un litre, ce sont 62 microparticules (dont 57 de PE) qui ont été identifiées dans le Schweppes Indian Tonic », détaille le rapport.

« L’ouverture du bouchon étant indispensable à la consommation de la boisson, c’est donc la quantité minimum de microplastiques qui sera ingérée avec le soda », alerte l’ONG.

L’association évoque dans son compte-rendu une découverte « étonnant(e) » étant donné que « les fabricants ne déclarent que 2 polymères en contact avec la boisson: du PE (polyéthylène, NDLR) pour le bouchon et du PET (téréphtalate de polyéthylène) pour la bouteille ».

Même constat pour les nanoparticules de plastique, dont la taille moyenne augmente à mesure des ouvertures et fermetures.

Encore « moins bien dénombrées » et 1.000 fois plus petites qu’une microparticule, leur taille infime les rend plus facilement assimilables par les organismes vivants, posant « un risque de santé bien plus important », selon l’enquête.

Des particules pas « intentionnellement » ajoutées
Sollicité par Le Parisien, le groupe Schweppes a réagi en expliquant que la totalité des emballages qu’il met sur le marché répondent « aux exigences strictes de qualité de grade alimentaire fixées par les autorités sanitaires françaises et européennes ».

En ce qui concerne les microplastiques retrouvés par Agir pour l’environnement dans ses boissons, Schweppes explique que « s’ils s’avéraient présents (…) ils ne sont pas intentionnellement incorporés dans nos emballages ».

Le groupe rappelle également que la réglementation en vigueur concernant la commercialisation de boisson « n’oblige pas la recherche de microplastiques pour nos boissons rafraîchissantes ».

Selon la marque, ces résidus sont « omniprésents dans l’environnement et ont été détectés dans les eaux marines, les eaux usées, l’eau douce, les aliments, l’air et l’eau potable ». Elle évoque une « exposition humaine difficilement évitable au vu des connaissances actuelles ». Contacté par Le Parisien et RMC Conso, le groupe Coca-Cola n’a quant à lui pas réagi.

Une omniprésence dans les aliments
Les micro et nanoparticules de plastique ont en effet été retrouvées dans de nombreux produits alimentaires, dont notamment l’eau en bouteille, comme l’a révélé une enquête américaine publiée en janvier dernier.

Des résidus ont été détectés dans « l’eau potable, le lait, les boissons de consommation courante (sodas, boissons énergisantes, thé, bière, etc.), les sels de table, le miel, les fruits de mer et les fruits et légumes, mais également dans les biberons, les sachets de thé et les gobelets jetables », énumère Guillaume Duflos, chef d’unité à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur le site de l’agence.

En mars 2022, une étude publiée dans la revue Environment International montrait que ces résidus plastiques étaient également présents dans le sang humain. Une autre enquête a montré une présence au niveau du placenta.

Des conséquences incertaines sur la santé
Si leurs conséquences concrètes sur la santé sont encore incertaines, des effets néfastes sur le microbiote intestinal ont déjà été identifiés, comme l’expliquait en janvier Muriel Mercier-Bonin, directrice de recherche à l’Inrae à l’unité Toxalim de Toulouse, à BFMTV.

« Il y a une augmentation de l’abondance de bactéries potentiellement pathogènes et une diminution de certaines espèces bénéfiques », a-t-elle détaillé.
D’après l’Anses, des études sur les animaux suggèrent des effets nocifs sur le métabolisme, l’intestin, le développement cérébral, des dégâts sur le matériel génétique ou encore la respiration cellulaire, pouvant entraîner jusqu’à une mort précoce.

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L’étude n’a pas valeur d’étude scientifique mais montre une « corrélation », précise Agir pour l’environnement, qui rappelle que « l’internalisation et l’accumulation de microparticules dans le corps humain posent donc des risques significatifs pour la santé qui sont encore mal connus ». Elle appelle la direction générale de la Santé (DGS), l’Anses et les services de la DGCCRF (Répression des fraudes) à des mesures « afin de mettre un terme à cette contamination ‘fortuite' ».

AFP

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