Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, a entamé depuis hier une tournée africaine de 72h qui le conduira successivement en Mauritanie, en Gambie et au Sénégal.
Le choix de ces trois pays n’a certainement pas été fait au hasard. En effet, ces Etats sont devenus des points de départ des migrants clandestins qui, contre vents et marées, vont à la recherche d’un hypothétique eldorado, notamment européen. Dans cette quête, l’Espagne est sans doute l’un des pays du Vieux Continent les plus exposés. On estime en effet à 22 000 le nombre de personnes qui ont débarqué depuis janvier sur les îles Canaries.
Un chiffre qui est passé du simple au double, comparativement à l’année passée au même moment.
La raison majeure qui pousse ces damnés de la terre à prendre le large avec l’énergie de désespoir est bien connue : le manque de perspectives dans leur pays d’origine où le chômage frappe les jeunes de plein fouet, que ce soit en ville ou en campagne.
Une situation d’autant plus déplorable que rares sont les Etats qui ont de véritables politiques en matière de création d’emploi et de lutte contre le chômage.
En lieu et place de solutions vigoureuses, ce ne sont souvent que des mesures cosmétiques, qui ne sauraient résister au temps.
A cela s’ajoute l’instabilité à laquelle sont en proie les pays sahéliens depuis maintenant une dizaine d’années avec notamment le terrorisme qui sévit au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Une raison supplémentaire qui donne bonne conscience aux candidats au départ. A ce propos, la Mauritanie, considérée comme un modèle de stabilité dans la région instable du Sahel, accueille environ 200 000 réfugiés maliens à sa frontière.
Il faut dire que depuis des lustres, l’Espagne, comme toute l’Europe, cherche des moyens de se barricader contre les migrants clandestins qu’elle tente désespérément de maintenir sur place, quitte à délier les cordons de la bourse à travers différents projets et programmes de développement.
Pedro Sanchez ne vient d’ailleurs pas les mains vides, puisque l’Espagne compte étendre son programme de migration circulaire, qui permet aux migrants de venir travailler temporairement dans son pays dans des domaines comme l’agriculture. Il est également annoncé des investissements à long terme et des partenariats commerciaux dans les domaines du développement, de la connectivité et de l’éducation.
Cela suffira-t-il à endiguer la marée humaine qui, chaque jour, déferle sur le Vieux Continent ?
On peut raisonnablement en douter dans la mesure où derrière chaque migrant clandestin se trouve une famille, voire tout une tribu, dont les membres sont prêts à vider leurs bas de laine pour envoyer leur enfant dans de supposés pays de cocagne où couleraient le lait et le miel. Même si, hélas, ce n’est souvent qu’illusion.
La Méditerranée se transforme, en effet, bien souvent en cimetière marin dans lequel finissent la plupart de ces candidats à l’aventure.
Quand ce n’est pas le cas, parfois ceux-ci se retrouvent à végéter dans des camps où les conditions de séjour font parfois regretter bien de téméraires.
L’Observateur Paalga.