L’armée israélienne a revendiqué jeudi la mort de « cinq terroristes retranchés dans une mosquée », dont un commandant du Jihad islamique, à Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie occupée. De son côté, le ministère palestinien de la Santé fait état de « douze morts » depuis le début des raids israéliens.
L’armée israélienne a indiqué avoir tué jeudi cinq combattants palestiniens retranchés dans une mosquée, au deuxième jour d’une vaste « opération antiterroriste » dans le nord de la Cisjordanie occupée, en marge de la guerre dans la bande de Gaza contre le mouvement islamiste Hamas.
Cette opération, portant à au moins 12 le nombre de morts depuis mercredi, a suscité l’inquiétude de l’ONU, qui a mis en garde contre le risque « d’aggraver une situation déjà catastrophique » dans le territoire palestinien.
במבצע של לוחמי הימ״מ, שב״כ, וכוחות צה״ל בטול כרם שבמרחב חטיבת מנשה ובפיקוד חטיבת כפיר, לאחר קרב ירי, לוחמי הימ"מ חיסלו בהכוונת השב״כ חמישה מחבלים אשר התחבאו במסגד. בין המחבלים, חוסל מחמד ג'אבר, "אבו שג'אע", ראש התארגנות הטרור בנור א-שמס >>
— צבא ההגנה לישראל (@idfonline) August 29, 2024
Mercredi, l’armée israélienne avait déjà dit avoir « éliminé » neuf combattants après avoir lancé dans la nuit des colonnes de blindés sur Jénine, Tulkarem, Toubas et leurs camps de réfugiés, où les groupes armés en lutte contre Israël sont particulièrement actifs. De son côté, le ministère palestinien de la Santé fait état de « douze morts » depuis le début des raids.
Selon le Club des prisonniers palestiniens, qui défend les personnes détenues dans les prisons d’Israël, au moins 45 Palestiniens ont été arrêtés depuis mercredi.
Un commandant du Jihad islamique tué
Les cinq Palestiniens tués jeudi dans le camp Nour Chams de Tulkarem étaient « retranchés dans une mosquée », selon l’armée. Le Jihad islamique, allié du Hamas, a confirmé la mort jeudi de son « commandant » dans le camp, Mohammed Jaber, dit « Abou Choujaa ».
« Abou Choujaa commandant de la brigade de Tulkarem des brigades al-Qods », la branche armée du Jihad islamique, mouvement islamiste très implanté dans les camps de réfugiés du nord de la Cisjordanie, « est mort avec plusieurs des frères de sa brigade après un combat héroïque contre les soldats de l’occupation » israélienne, affirme le communiqué du groupe.
Le Jihad islamique assure encore qu' »Abou Choujaa » avait par le passé « échappé à des tentatives d’assassinat et d’arrestation » de la part des troupes israéliennes, qui ont multiplié ces derniers mois les raids dans les camps et les villes palestiniennes des zones autonomes.
L’armée israélienne accuse notamment Abou Choujaa d’avoir été « impliqué dans plusieurs attaques terroristes » et d’avoir « ordonné une fusillade en juin qui avait tué un civil israélien ».
Le 22 juin, un Israélien juif d’une soixantaine d’années avait été abattu à Qalqiliya, une ville palestinienne du nord de la Cisjordanie où, selon la loi israélienne, les Israéliens ont interdiction de se rendre.
À Nour Shams, les branches armées des différents mouvements palestiniens annoncent régulièrement perdre des hommes, dans des combats contre des soldats ou lors de frappes d’aéronefs israéliens.
Plus de 13 000 Palestiniens s’entassent sur un cinquième de kilomètre carré dans le camp de réfugiés de Nour Chams, ouvert en 1952 pour accueillir des Palestiniens ayant fui ou ayant été forcés de quitter les villages des environs de Haïfa, sur la côte, à la création d’Israël quatre ans plus tôt.
Des affrontements toujours en cours en Cisjordanie
Des affrontements avaient toujours lieu jeudi matin à Jénine, survolée par un drone israélien, selon un journaliste de l’AFP.
Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé avoir perdu le contact avec ses équipes dans cette ville. Selon lui, les réseaux de téléphone et d’internet sont coupés.
Des soldats israéliens continuaient également d’opérer à Tulkarem, selon un autre journaliste de l’AFP.
Les incursions israéliennes dans des zones autonomes palestiniennes sont quotidiennes en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par l’armée israélienne. Il est cependant rare qu’elles soient menées simultanément dans plusieurs villes, et appuyées par des aéronefs, comme cela est le cas depuis mercredi.
Au titre des accords de paix israélo-palestiniens d’Oslo en 1993, moribonds, l’armée israélienne n’est cependant pas censée entrer dans les zones autonomes placées sous le contrôle exclusif des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne.
Parmi les morts de mercredi figurent « des enfants », selon l’ONU, dont le secrétariat général a déploré « des tactiques de guerre meurtrières qui semblent dépasser les normes internationales en matière de maintien de l’ordre ».
« Les destructions sont énormes », a rapporté à l’AFP Hakim Abou Safiyeh, employé municipal à Tulkarem.
Mostafa Taqataqa, gouverneur de Tulkarem, a dit à l’AFP voir dans ces raids « un signal dangereux et sans précédent ».
« Importance à l’effort humanitaire »
Dans la bande de Gaza, la Défense civile a annoncé jeudi huit morts dans une frappe israélienne sur Gaza-ville, au nord de l’enclave. Une source médicale a rapporté à l’AFP que trois Palestiniens avaient péri dans une frappe de drone à Rafah, dans le sud.
L’armée israélienne a indiqué pour sa part avoir frappé, lors des dernières 24 heures, environ 40 « cibles terroristes » dans la bande de Gaza, où elle a éliminé des « dizaines de terroristes ». L’un des combattants éliminés avait participé au massacre du 7 octobre, selon elle.
Les troupes israéliennes poursuivent par ailleurs leurs opérations à Rafah, dans la région de Khan Younès et à la périphérie de Deir al Balah (centre), selon l’armée.
De très nombreuses familles en détresse continuent de se déplacer à travers ce territoire au gré des ordres d’évacuation de l’armée israélienne qui se multiplient.
Le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) a annoncé mercredi suspendre « jusqu’à nouvel ordre » des mouvements de son personnel après que l’un de ses véhicules qui avait « reçu de multiples autorisations des autorités israéliennes » a été touché mardi par des tirs israéliens, sans victimes. L’armée israélienne a dit que ce tir était en cours d’examen.
Pendant ce temps, les médiateurs entre Israël et le Hamas (Qatar, Égypte et États-Unis) tentent toujours, sans succès, d’arracher un cessez-le-feu à Gaza assorti de la libération d’otages en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
L’attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de 1 199 personnes côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP effectué à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 103 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 déclarées mortes par l’armée.
En représailles, l’offensive militaire israéliennes sur la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, a dévasté ce petit territoire et fait 40 602 morts selon le dernier bilan en date du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués. Selon l’ONU, la majorité des morts sont des femmes et des mineurs.
AFP