Au Bénin, la dégradation des terres et la perte des forêts constituent un frein majeur à la sécurité alimentaire et au développement socio-économique des communautés rurales. La situation est particulièrement préoccupante dans les régions où la déforestation massive et les pratiques agricoles non durables ont entraîné une perte de fertilité des sols et une baisse des rendements agricoles. Afin de remédier à ces enjeux, le gouvernement béninois, avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), a lancé le Projet intégré de restauration et d’amélioration de la valeur des terres et des écosystèmes forestiers dégradés (PIRVaTEFoD-Bénin).
Ce projet vise à restaurer les écosystèmes dégradés tout en améliorant la productivité agricole et en renforçant la résilience climatique des communautés vulnérables.
Boubakar Issoufou : un exemple de réussite grâce à la gestion durable des terres
Boubakar Issoufou, agriculteur dans le village de Fô-Tancé, situé dans la commune de Kouandé, au nord du Bénin, est un exemple emblématique de l’impact du projet PIRVaTEFoD. Il vit dans une région caractérisée par un relief accidenté et des sols dégradés en raison de la déforestation. Avant de bénéficier du projet, Boubakar faisait face à une baisse importante de ses rendements agricoles. « La parcelle sur laquelle je cultive était une forêt. J’ai contribué à sa destruction en coupant les arbres pour pouvoir installer mon champ.
J’étais loin d’imaginer que cela affecterait la fertilité du sol et la productivité de mes cultures », raconte-t-il.
Avant la mise en œuvre des nouvelles pratiques agricoles, il récoltait jusqu’à 20 sacs de maïs par hectare, mais cette production est tombée à seulement 5 sacs par hectare au cours des cinq dernières années. Le projet PIRVaTEFoD a permis à Boubakar d’adopter des pratiques agricoles innovantes, telles que la gestion durable des terres (GDT) et des techniques d’adaptation aux changements climatiques. « Grâce à PIRVaTEFoD-Bénin, j’ai appris à ne plus brûler les résidus agricoles. Je les conserve pour en faire du compost, et j’applique le labour perpendiculaire à la pente pour mieux préserver le sol. Aujourd’hui, je vois mon champ reprendre vie », se réjouit-il.
Un projet ambitieux pour la restauration des écosystèmes et l’amélioration de la sécurité alimentaire
Le PIRVaTEFoD-Bénin intervient dans huit communes du pays : Karimama, Kouandé, Ségbana, Gogounou, Aplahoué, Klouékammè, Za-Kpota et Covè. Ce projet a permis de former plus de 500 agriculteurs et agricultrices sur des techniques de restauration des terres, comme l’utilisation de plantes améliorantes telles que le mucuna et le pois d’angole, le travail du sol sans labour, ainsi que l’installation de cordons pierreux pour lutter contre l’érosion. En 2024, près de 200 champs de démonstration, couvrant plus de 200 hectares, ont été mis en place pour appliquer ces nouvelles méthodes de gestion durable des terres (GDT).
En 2024, les actions de restauration des écosystèmes terrestres et forestiers ont touché 4887 personnes, dont 2541 femmes.
Cela inclut des initiatives de reforestation, de renforcement de la résilience climatique, et d’amélioration de la productivité agricole dans 137 villages. Plusieurs initiatives ont été mises en œuvre, notamment 72 146 plants d’acacia, de leucena et de moringa ont été plantés pour la création de ceintures vertes et de brise-vents autour des champs ; plus de 5159 hectares de terres dégradées ont été mises en restauration et 181 Unités de conseil agricole (UCA) ont été créées pour aider les producteurs dans les huit communes d’intervention.
Une approche intégrée pour lutter contre la dégradation des terres et le changement climatique
Le projet PIRVaTEFoD-Bénin repose sur une approche intégrée visant à restaurer les terres dégradées tout en répondant aux défis climatiques et socio-économiques des communautés rurales. À travers des formations, des échanges de bonnes pratiques et le soutien à des infrastructures vertes, le projet contribue à la création de ceintures vertes et à la promotion de solutions basées sur la nature pour lutter contre la désertification.
Le PIRVaTEFoD-Bénin prévoit d’ici 2028 de renforcer les capacités des agriculteurs et agricultrices à adopter des systèmes de production durables et résilients au climat, de soutenir la reforestation et d’améliorer la productivité dans des secteurs sensibles au changement climatique, tels que l’horticulture.
Le rôle du PNUD et du FEM dans le succès du projet
Le PNUD et le FEM ont fourni un soutien financier et technique pour la mise en œuvre de ce projet ambitieux. En collaboration avec la Direction Générale de l’Environnement et du Climat (DGEC) et la Direction Générale des Eaux, Forêts et Chasse (DGEFC), le projet PIRVaTEFoD-Bénin est une réponse stratégique pour améliorer la sécurité alimentaire, restaurer les écosystèmes dégradés et soutenir les communautés vulnérables face aux effets du changement climatique.
Boubakar Issoufou témoigne en ces termes. « Grâce à PIRVaTEFoD-Bénin, j’ai appris à adopter des pratiques agricoles plus durables. Celles-ci ont non seulement amélioré mes rendements, mais m’ont aussi permis de mieux subvenir aux besoins de ma famille et de participer à la préservation de notre environnement pour les générations futures. »
VivAfrik