RDC : 25 millions de personnes touchées par l’insécurité alimentaire, 800 000 menacées par la faim en 3 mois, alerte l’ONU

En République Démocratique du Congo (RDC), un quart de la population continue de souffrir de la faim en raison des conflits armés, des déplacements massifs et des perturbations économiques, avertissent les agences humanitaires des Nations Unies. Selon les dernières données publiées, la situation alimentaire ne s’améliore pas, et la sécurité alimentaire reste une crise de plus en plus grave dans le pays.

D’après le dernier rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), environ 6,2 millions de personnes sont actuellement confrontées à des niveaux de faim de crise ou d’urgence dans les provinces orientales du pays.

Cela représente une détérioration par rapport aux estimations précédentes, avec 800 000 personnes supplémentaires menacées par la faim en seulement trois mois. Cette situation s’aggrave particulièrement dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où les violences armées et les déplacements forcés continuent de perturber la production alimentaire.

Une crise humanitaire exacerbée par les conflits et le changement climatique

L’insécurité alimentaire est alimentée par la violence continue des groupes armés et les tensions géopolitiques dans l’est du pays, une zone déjà fragile. La flambée des prix des denrées alimentaires et la destruction des infrastructures essentielles, notamment les routes et les marchés, compliquent davantage l’accès à la nourriture pour des millions de Congolais.

Selon les Nations Unies, plus de 25 millions de personnes en RDC vivent désormais dans des conditions d’insécurité alimentaire aiguë.

Parallèlement, la situation est aggravée par le changement climatique, qui entraîne des phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des inondations importantes, en particulier dans la province du Tanganyika, désormais la plus touchée par la crise alimentaire.

Des ressources abondantes, mais des obstacles au développement

Bien que la RDC dispose de terres fertiles et de ressources en eau abondantes qui pourraient lui permettre d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, les conflits prolongés, les épidémies et le manque d’investissement dans le développement rural empêchent le pays de réaliser son potentiel agricole. L’absence de soutien gouvernemental et d’infrastructures appropriées rend difficile la mise en place de solutions durables pour lutter contre la faim à grande échelle.

Une aide humanitaire insuffisante face à la montée des besoins

Les appels de fonds des agences humanitaires, tels que le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), restent largement sous-financés. Le PAM, par exemple, a fourni une aide alimentaire à 1,95 million de personnes en octobre 2024, mais a un déficit de financement critique de 350 millions de dollars pour les six prochains mois.

De son côté, la FAO a besoin de près de 234 millions de dollars pour soutenir ses opérations en RDC.

Bien que la FAO ait pu aider 3 millions de personnes en 2024, elle n’a pas les ressources nécessaires pour atteindre tous ceux qui en ont besoin. Ces insuffisances financières entravent la capacité des agences humanitaires à répondre efficacement à la crise alimentaire.

Appels à l’action pour renforcer la résilience alimentaire en RDC

Les responsables des agences humanitaires insistent sur l’importance d’un soutien accru pour renforcer la résilience des communautés vulnérables. Aristide Ongone Obame, Représentant de la FAO en RDC, a souligné l’urgence d’interventions ciblées pour renforcer les moyens de subsistance des ménages, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage, afin de réduire les effets du changement climatique.

Peter Musoko, Représentant du PAM en RDC, a également appelé à une action renforcée, soulignant que « dans un contexte aussi fragile, le coût de l’inaction est impensable ». Il a ajouté que le financement nécessaire doit être augmenté pour répondre aux besoins croissants de la population, qui risque de sombrer encore davantage dans la famine si la situation persiste.

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