Howard Lutnick, PDG de la banque d’investissement Cantor Fitzgerald et co-président de l’équipe de transition de Donald Trump, a été choisi, mardi, par le président élu pour devenir secrétaire au Commerce.
C’est un prix de consolation pour Howard Lutnick. Mais pas n’importe lequel. Celui qui faisait jusqu’ici partie des favoris pour le poste plus prestigieux, et stratégique, de secrétaire au Trésor a été nommé, mardi 19 novembre, secrétaire au Commerce. Ce farouche contempteur de la Chine hérite du département qui décide notamment des restrictions aux exportations.
Howard Lutnick, 63 ans, avait, en octobre, déploré la perte d’emplois dans le secteur manufacturier aux États-Unis. Et qualifié les voitures électriques de « non-sens des élites », dans une interview accordée à l’entrepreneur et investisseur Anthony Pompliano.
Il avait aussi souligné la nécessité de faire baisser l’inflation, l’un des principaux sujets de la campagne présidentielle.
Mais le financier milliardaire s’était surtout attaqué à la Chine, dans le sillage de son mentor Donald Trump, la désignant comme à l’origine de la propagation de fentanyl aux États-Unis. Cet opiacé mortel, bien plus puissant que l’héroïne, est responsable de dizaines de milliers de décès par surdose chaque année.
« La Chine attaque l’Amérique aux tripes », a-t-il affirmé.
À la tête du département du Commerce, il aura la possibilité de restreindre un peu plus l’accès des entreprises chinoises aux technologies américaines de pointe.
Doté également d’une « responsabilité directe » sur le représentant de la Maison Blanche au Commerce (USTR), qui dépend habituellement directement du président, Howard Lutnick jouera un rôle majeur dans la mise en place de la hausse importante et généralisée des droits de douane promise par Donald Trump, touchant les pays concurrents des États-Unis, ainsi que les alliés.
« Je suis à fond avec Donald Trump », a déclaré Howard Lutnick dans un podcast le mois dernier.
Il avait notamment reçu un soutien de poids pour sa désignation au Trésor en la personne d’Elon Musk, allié du président élu, qui a exprimé sa préférence face à un autre candidat pressenti, le financier Scott Bessent.
Yes. @elonmusk and I cannot agree more. https://t.co/XSeuUX2lsd
— Howard Lutnick (@howardlutnick) November 10, 2024
« Mon opinion pour ce que ça vaut, c’est que Bessent serait un choix de statu quo, alors qu’Howard Lutnick mettrait vraiment en œuvre le changement », avait déclaré sur sa plateforme X l’homme le plus riche du monde.
11-Septembre
Diplômé en économie du Haverford College, Howard Lutnick est à la tête de Cantor Fitzgerald depuis 1991, ce qui en fait l’un des plus anciens PDG de Wall Street. Il dirige également la société de technologie financière BGC Group et la société de services immobiliers Newmark Group.
Sa vie a basculé il y a 23 ans. « Le matin du 11 septembre 2001, j’emmenais mon fils à son premier jour de maternelle », a-t-il raconté sur LinkedIn il y a deux mois. « Mon téléphone n’arrêtait pas de sonner et de se déconnecter. J’ai appris plus tard que c’était mon frère Gary qui essayait d’appeler pour me dire au revoir ».
Gary travaillait chez Cantor Fitzgerald, dont les bureaux étaient situés « entre le 101e et le 105e étage du World Trade Center. Nous avons perdu 658 personnes ce jour-là, dont mon frère Gary, âgé de 36 ans, et mon meilleur ami Doug, âgé de 39 ans ».
Dans les jours qui ont suivi l’attaque, il a lancé le Cantor Fitzgerald Relief Fund, qui a engagé 180 millions de dollars en faveur des familles de victimes du 11-Septembre ainsi qu’une couverture santé sur 10 ans, et aide toujours aujourd’hui les victimes du terrorisme, des catastrophes naturelles et d’autres situations d’urgence, rapporte le site internet de la banque.
Howard Lutnick a été nommé Personnalité de l’année par le Financial Times en 2001 et Entrepreneur de l’année aux États-Unis par Ernst & Young en 2010.
Au sein de l’équipe de transition de Donald Trump, il a été chargé d’identifier de nouvelles recrues pour l’administration.
Sa nomination au Commerce plutôt qu’au Trésor lui permet d’éviter une potentielle situation de conflit d’intérêts, un élément qui n’a cependant pas dû compter dans sa désignation.
Le Wall Street Journal rapportait en effet, en octobre, que le Trésor envisageait de sanctionner la société de cryptomonnaie Tether, pour laquelle Cantor Fitzgerald agit en tant que dépositaire.
france24