L’organisation de défense des droits humains Amnesty International a publié jeudi un rapport accusant Israël de « commettre un génocide » contre les Palestiniens dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, appelant la communauté internationale à ne pas en être « complice ». Israël rejette ce rapport, considéré comme « fabriqué de toutes pièces ».
« Mois après mois,Israël a traité les Palestiniens de Gaza comme un groupe de sous-humains, indigne du respect des droits humains et de la dignité, démontrant son intention de les détruire physiquement », a déclaré la secrétaire générale de l’organisation, Agnès Callamard.
Ce sont 300 pages, très documentées.
Le fruit de 10 mois d’enquête de terrain, à Gaza et d’analyses des prises de paroles de responsables israéliens. Le résultat est sans appel d’après les auteurs : Israel commet un génocide sur les Palestiniens. L’ONG explique se fonder sur des critères définis par la Convention des Nations unies sur le génocide.
« Ce que nous disons aujourd’hui, c’est que le crime de génocide, ce n’est plus un risque plausible, mais une réalité de tous les instants, affirme à RFI Tchérina Jerolon, responsable du programme conflit, migration, justice à Amnesty International. Nos preuves démontrent que les autorités israéliennes ont commis trois des cinq actes interdit par la convention sur le génocide : le meurtre, les atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale et la mise en place de conditions d’existence qui ont vocation à entrainer une mort lente et calculée des populations de Gaza. »
Dans le rapport, Amnesty International pointe des « attaques délibérées sur les civils et les infrastructures civiles […], l’usage d’armes hautement explosives dans des zones abondamment peuplées », les entraves à délivrer l’aide humanitaire dans le territoire et le déplacement forcé de 90% de sa population.
Depuis le début de la guerre déclenchée en représailles par Israël, 44 532 personnes sont mortes à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l’ONU. Israël a décrété dès octobre 2023 un « siège complet » du territoire, qui compte près de 2,4 millions d’habitants, avec le mot d’ordre suivant : « Pas d’électricité, pas d’eau, pas de gaz », et impose désormais des restrictions sévères à l’acheminement de l’aide. Les Palestiniens y sont soumis à « la malnutrition, la famine et la maladie », selon l’ONG
Selon le rapport, aucune guerre récente n’aura tué autant d’enfants en si peu de temps. Il est maintenant impossible pour la communauté internationale de fermer les yeux, estime Tchérina Jerolon : « Tous les signaux sont au rouge. On a besoin de mesures concrètes pour faire cesser le génocide qui est en cours. Parmi ces mesures, il y a la nécessité d’avoir un embargo total sur les armes qui sont transmises à Israël. »
« Les gouvernements doivent arrêter de prétendre qu’ils n’ont aucun pouvoir pour mettre fin à l’occupation, l’apartheid et le génocide à Gaza », a affirmé Agnès Callamard. « Les États qui envoient des armes vers Israël violent leurs obligations d’empêcher un génocide, et risquent d’en devenir complices », a-t-elle accusé.
Amnesty International appelle également à remettre le plus rapidement possible Benyamin Netanyahu à la Cour pénale internationale (CPI). L’ONG a également annoncé qu’elle publierait un rapport sur les crimes commis par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre 2023.
Sur les 251 personnes enlevées en territoire israélien, 97 sont toujours captives à Gaza, dont 35 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne.
Rejet d’Israël
« L’organisation déplorable et fanatique Amnesty International a une fois de plus produit un rapport fabriqué de toutes pièces, entièrement faux et basé sur des mensonges », a indiqué un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères dans un communiqué repris par l’AFP. « Le massacre génocidaire du 7 octobre 2023 a été perpétré par l’organisation terroriste Hamas contre des citoyens israéliens.
Depuis lors, les citoyens israéliens sont soumis à des attaques quotidiennes sur sept fronts différents.
Israël se défend contre ces attaques en agissant en pleine conformité avec le droit international », indique encore ce texte.
rfi