Corée du Sud : le parti présidentiel veut le départ de Yoon Suk-yeol, un « grand danger » pour le pays

Le chef du parti présidentiel sud-coréen Hang Dong-hoon a considéré vendredi que le maintien au pouvoir du président Yoon, après sa tentative d’instaurer la loi martiale, faisait courir un « grand danger » pour son peuple.

Le maintien au pouvoir du président sud-coréen Yoon Suk-yeol fait courir un « grand danger » au pays après sa tentative d’instaurer la loi martiale, a déclaré vendredi 6 décembre le chef de son propre parti.

« Si le président Yoon continue d’occuper le poste de président, il existe un risque important que des actions extrêmes similaires à la déclaration de la loi martiale soient répétées, ce qui pourrait mettre la République de Corée et ses citoyens en grand danger », a déclaré Han Dong-hoon, chef du Parti du pouvoir au peuple (PPP).

Han Dong-hoon a également déclaré qu’il avait connaissance de « preuves crédibles » que le président avait ordonné l’arrestation de dirigeants politiques importants la nuit de mardi à mercredi, où il avait déclaré la loi martiale, avant d’être forcé d’y renoncer.

Un vote de destitution prévu en fin de semaine
« Le président Yoon Suk-yeol a demandé au chef du commandement du contre-espionnage […] d’arrêter des politiciens importants, en les qualifiant de forces anti-étatiques, et a mobilisé les agences de renseignement [pour le faire] », a-t-il déclaré lors d’une intervention télévisée.

Ces déclarations interviennent alors que le Parlement doit voter samedi sur une motion en destitution déposée par l’opposition. Elles font désormais apparaître l’adoption de celle-ci inéluctable si Yoon ne démissionne pas d’ici là.

Le vote est prévu à 19 heures, heure locale samedi, selon l’agence nationale Yonhap.

Dans son discours en forme de réquisitoire vendredi, Han Dong-hoon a évoqué des « preuves crédibles » que le président avait ordonné l’arrestation de dirigeants politiques de premier plan dans la nuit de mardi à mercredi.

Jeudi, Han Dong-hoon avait affirmé que le parti présidentiel ferait front contre la motion. Ce changement de discours semble finalement garantir son succès, alors l’opposition, majoritaire au Parlement, n’a besoin de rallier que huit élus du PPP.

Si le Parlement approuve, aux deux tiers, la destitution de Yoon, ce dernier sera suspendu, dans l’attente que la Cour constitutionnelle valide sa destitution. Une nouvelle élection présidentielle devra alors être organisée dans les soixante jours. La cote de popularité de Yoon Suk-yeol a atteint un plus bas de 13 %, selon un sondage Gallup publié vendredi.

À la surprise générale, le président avait décrété la loi martiale mardi soir et tenté de museler le Parlement où son camp est minoritaire en y envoyant l’armée, qui avait mis le bâtiment sous scellés. Des manifestants s’étaient aussitôt massés devant l’institution pour demander l’arrestation de Yoon Suk-yeol, par ailleurs visé par une enquête pour « rébellion », a indiqué la police jeudi.

Ce crime est théoriquement passible de la peine de mort, qui n’est cependant plus appliquée en Corée du Sud depuis 1997. Le président n’a pas été vu en public depuis son annonce de la levée de la loi martiale aux premières heures mercredi.

Jeudi, son cabinet a annoncé la démission du ministre de la Défense Kim Yong-hyun. Mais d’autres responsables-clé de son gouvernement s’accrochent, dont le ministre de l’Intérieur Lee Sang-min.

L’opposition cible également d’autres alliés de poids de Yoon Suk-yeol, dont l’éphémère commandant de la loi martiale Park An-su, chef d’état-major de l’armée. Yoon Suk-yeol avait expliqué avoir déclaré cet état d’exception pour protéger « la Corée du Sud libérale des menaces des forces communistes nord-coréennes et pour éliminer les éléments hostiles à l’État », dans un contexte de bras de fer sur l’adoption du budget 2025.

La démocratie « piétinée »
Les manifestations de milliers de Sud-Coréens devant les lieux de pouvoir se multiplient depuis lors. « Notre démocratie sera piétinée si nous laissons Yoon Suk-yeol au pouvoir un instant de plus », a assuré jeudi un manifestant de 39 ans. Élu de justesse en 2022 et qui n’a jamais disposé de majorité au Parlement, avait accusé les élus de l’opposition de bloquer « tous les budgets essentiels aux fonctions premières de la nation ».

Malgré le bouclage de l’Assemblée nationale, 190 députés avaient réussi à se faufiler à l’intérieur dans la nuit de mardi à mercredi, parfois en escaladant les clôtures, et à tenir une séance extraordinaire.

Ils ont voté à l’unanimité une motion réclamant la levée de loi martiale, pendant que leurs assistants empêchaient les soldats de pénétrer dans l’hémicycle en barricadant les portes avec des meubles.

Le président a finalement cédé six heures après son annonce initiale et rappelé l’armée. « C’est un crime impardonnable, qui ne peut pas, ne doit pas et ne sera pas pardonné », a tonné Kim Seung-won, député du Parti démocrate, principale composante de l’opposition.

AFP

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