L’impact de l’abandon des terres agricoles sur la biodiversité dans le bassin du Congo : Un défi crucial pour la conservation

Une nouvelle étude révèle que l’expansion des terres arables dans des régions telles que le bassin du Congo a été suivie par l’abandon de vastes superficies agricoles au cours des dernières décennies. Ce phénomène, bien que présentant des avantages pour certaines espèces animales, constitue également un facteur majeur de perte de la biodiversité dans la région.

En effet, si le bassin du Congo, riche en biodiversité, représente un modèle écologique d’une grande valeur, l’abandon de ses terres agricoles engendre des conséquences à long terme sur les habitats naturels et la faune locale.

L’abandon des terres : une opportunité et un risque pour la biodiversité

L’étude menée par des chercheurs des universités de Princeton et Madison aux États-Unis et publiée dans la revue Nature Sustainability en octobre 2024, examine les effets de l’abandon des terres agricoles sur la biodiversité dans 11 sites à travers quatre continents, dont le bassin du Congo. Les résultats montrent que de nombreuses espèces, telles que les oiseaux et les mammifères, ont bénéficié de l’abandon de terres agricoles entre 1987 et 2017. Par exemple, 62,7 % des espèces d’oiseaux et 77,7 % des mammifères ont vu leur habitat s’améliorer grâce à cet abandon.

Cependant, une proportion encore plus grande (74,2 % des oiseaux et 86,3 % des mammifères) aurait profité de ces terres si elles n’avaient pas été laissées à l’abandon. Ce phénomène soulève la question de l’utilisation future de ces terres pour la conservation de la biodiversité.

Les défis démographiques et socioéconomiques : une menace pour la biodiversité

Les projections du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR-ICRAF) indiquent que la population du bassin du Congo pourrait doubler d’ici 2035, entraînant une demande accrue en terres agricoles. Cette croissance démographique, couplée à des facteurs socioéconomiques et technologiques, pose la question de savoir comment augmenter la production agricole sans compromettre les écosystèmes et la biodiversité de la région.

Selon Dr Christopher Crawford, auteur principal de l’étude et professeur à Princeton University, une gestion responsable des terres abandonnées pourrait être une solution clé pour la conservation. Il préconise une limitation de la remise en culture afin de minimiser la perte d’habitats naturels et d’éviter la conversion des terres protégées en terres agricoles.

La protection des terres intactes : une priorité pour la conservation

La conversion de zones intactes à des fins agricoles est considérée comme la plus grande menace pour la biodiversité, en particulier dans des points chauds comme le bassin du Congo. Dr Crawford et He Yin, professeure à l’Université de Kent, soulignent que, bien que l’abandon des terres agricoles puisse favoriser la régénération naturelle des habitats, l’agriculture durable reste essentielle pour éviter de nouvelles pertes de biodiversité. La productivité agricole doit donc être augmentée grâce à l’innovation, sans étendre davantage les terres cultivées.

Les conséquences de l’abandon des terres : un dilemme pour la conservation

L’étude met en lumière les résultats mitigés de l’abandon des terres agricoles, notamment en Afrique centrale. Si certaines terres abandonnées peuvent se régénérer et offrir des bénéfices à la biodiversité, la transition vers la conservation prendra du temps. D’après Dr Apollinaire Williams, expert en conservation au Centre d’excellence en biodiversité et gestion des ressources naturelles à l’Université du Rwanda, les conséquences de l’abandon des terres agricoles dans le bassin du Congo peuvent être négatives, notamment en termes de services écosystémiques. Une gestion communautaire active est nécessaire pour maximiser les avantages liés à la conservation tout en prenant en compte les besoins agricoles.

L’importance de l’innovation pour la durabilité des terres

Pour que l’abandon des terres agricoles dans le bassin du Congo soit bénéfique à la biodiversité, il est crucial de limiter la remise en culture et de permettre aux espaces abandonnés de se régénérer sans être perturbés. Toutefois, la recherche indique que cette régénération n’est pas toujours rapide ni complète.

Pour cette raison, une stratégie d’agriculture durable, combinée à la protection des terres intactes, pourrait être la clé pour équilibrer les besoins de production agricole et la préservation de la biodiversité dans la région. La collaboration locale, la gestion durable des terres et l’innovation technologique sont des pistes à explorer pour une agriculture plus respectueuse de l’environnement.

VivAfrik

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