En Corée du Sud, le président Yoon Suk-yeol poussé vers la sortie par son propre parti

Le président de la Corée du Sud, Yoon Suk-yeol, a été poussé dimanche vers la sortie par son parti, après avoir survécu à une tentative de destitution. Son ex-ministre de la Défense a toutefois été arrêté dimanche matin pour son rôle dans l’éphémère loi martiale.

Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol est poussé vers la sortie dimanche 8 décembre par son propre parti, malgré l’échec la veille d’une motion en destitution contre lui, après son coup de force manqué en début de semaine qui a plongé son pays dans le chaos politique.

Le Parti du pouvoir au peuple (PPP) a affirmé dans un communiqué avoir « obtenu » de Yoon Suk-yeol la promesse qu’il se retirerait.

« Même avant, il n’interférera pas dans les affaires de l’État, dans les affaires étrangères non plus », a certifié le leader du PPP, Han Dong-hoon, ajoutant que le président avait accepté de confier la gestion à sa formation.

L’ex-ministre de la Défense de Yoon, Kim Yong-hyun, a été arrêté plus tôt dimanche, selon des médias locaux, pour son rôle dans la proclamation de l’éphémère loi martiale qui a plongé son pays dans le chaos. L’ancien ministre a été « arrêté et placé en détention » par l’équipe d’enquêteurs spécialement nommée pour faire la lumière sur le coup de force de Yoon Suk-yeol dans la nuit de mardi à mercredi, affirme l’agence nationale Yonhap.

Kim Yong-hyun a été « identifié comme l’un des principaux artisans » de la loi martiale, ajoute Yonhap, qui précise que son téléphone portable a été « confisqué ». Selon l’agence, Kim Yong-hyun s’est présenté de lui-même aux autorités à 01 h 30 locales (16 h 30 samedi) et son arrestation a été décidée après six heures d’interrogatoire.

Il avait déjà démissionné après l’éphémère état d’exception déclaré tard mardi à la surprise générale par le président Yoon Suk-yeol, qui a dû abroger la loi martiale six heures plus tard sous la pression du Parlement et de la rue.

L’ex-ministre était aussi sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire. La police avait aussi annoncé l’ouverture d’une enquête contre Yoon Suk-yeol pour « rébellion ». Le ministère public n’était pas disponible dans l’immédiat pour réagir à cette arrestation, rapportée également par d’autres médias sud-coréens.

Une « crise politique de plus longue durée »
Aux alentours de 21 h 30 locales samedi (12 h 30 GMT), le président Yoon avait survécu à une motion de destitution déposée contre lui et soumise au vote du Parlement. Le parti présidentiel a boycotté le scrutin et l’a rendu invalide, faute d’un quorum de 200 députés nécessaire. Seuls 195 d’entre eux ont participé. Peu après, le Parti du pouvoir au peuple (PPP) de Yoon Suk-yeol a expliqué qu’il avait bloqué cette motion afin d’éviter « une grave fracture et le chaos », disant qu’il « résoudrait la crise d’une manière plus ordonnée et responsable ».

Dans la matinée précédant le vote samedi, l’impopulaire président Yoon, 63 ans, avait présenté ses excuses pour avoir déclaré la loi martiale et laissé à son parti le soin de décider de la suite de son mandat.

« Je ne fuirai pas mes responsabilités légales et politiques concernant la déclaration de la loi martiale », avait-t-il ajouté dans une adresse télévisée. Il avait expliqué son coup de force par son « désespoir en tant que président », alors que le Parlement largement dominé par l’opposition torpillait pratiquement toutes ses initiatives.

« J’ai causé de l’anxiété et des désagréments au public. Je présente mes excuses sincères », avait-il conclu avant de s’incliner devant les téléspectateurs.

L’échec de la motion de destitution « implique une crise politique de plus longue durée », a analysé auprès de l’AFP Vladimir Tikhonov, professeur d’études coréennes de l’université d’Oslo.

« Nous aurons un président politiquement mort, tout simplement incapable de gouverner une seconde de plus, et des centaines de milliers de personnes dans les rues chaque semaine jusqu’à ce que Yoon soit remplacé », a-t-il estimé.

AFP

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