« Le secteur extractif africain peut jouer un rôle clé dans la transition vers la révolution numérique » (Pacôme Boidi, Orange Côte d’Ivoire)

Les secteurs extractifs et énergétiques connaissent une transformation grâce à l’Industrie 4.0, avec l’intégration de technologies comme l’automatisation, l’intelligence artificielle, l’IoT et la big data. Ces innovations optimisent la production, la gestion des ressources et la maintenance, tout en améliorant l’efficacité énergétique et en réduisant les coûts. Toutefois, cette évolution soulève des défis, notamment en matière de cybersécurité, de formation des talents et d’adaptation des infrastructures pour répondre aux exigences numériques croissantes.

Senior Manager Presles, Bid Managment & Experts vendeurs à la Direction Orange Business et Broadband, Pacôme Boidi s’est exprimé sur la thématique, en marge du Salon International des Ressources Extractives et Energétiques (SIREXE).

Agence Ecofin : Dans un contexte où les experts estiment que les minéraux stratégiques africains seront au cœur de la prochaine révolution numérique, quelles opportunités voyez-vous pour le secteur extractif du continent pour les années à venir ?

Pacôme Boidi : Le secteur extractif africain pourrait jouer un rôle clé dans la transition vers la révolution numérique, en fournissant les minéraux stratégiques nécessaires pour les technologies de demain, tels que le cobalt, le lithium et le cuivre. Cela ouvre des opportunités pour le continent de devenir un acteur majeur dans la chaîne d’approvisionnement mondiale des technologies, tout en stimulant l’industrialisation locale, l’innovation et la création d’emplois. Le développement d’infrastructures numériques et d’énergies renouvelables pourrait également renforcer cette dynamique.

AE : L’Industrie 4.0 est appelée à modifier profondément les systèmes de production de nos économies en accordant un rôle central au numérique. Selon vous, quels impacts a-t-elle ou aura-t-elle sur l’optimisation des processus dans les secteurs extractifs et énergétiques ?

PB : L’Industrie 4.0 transformera les secteurs extractifs et énergétiques en intégrant des technologies numériques comme l’IoT, l’IA, la 5G et l’automatisation, permettant une gestion plus efficace des ressources et une réduction des coûts opérationnels. Cela favorisera la maintenance prédictive, l’optimisation des chaînes d’approvisionnement et l’amélioration de la sécurité. Les données en temps réel permettront de prendre des décisions plus éclairées, augmentant ainsi la productivité et la durabilité des opérations avec des connectivités fiables, résilientes et sécurisées.

AE : Comment les technologies telles que l’Internet des objets (IoT) et l’intelligence artificielle (IA) transforment-elles la gestion des opérations minières et énergétiques ?

PB : L’IoT et l’IA transforment la gestion des opérations minières et énergétiques en permettant une surveillance en temps réel des équipements et des conditions de travail. L’IoT collecte des données pour optimiser les processus de production, tandis que l’IA analyse ces données pour prédire les pannes, améliorer la maintenance prédictive et optimiser les rendements. Cela réduit les coûts, améliore la sécurité et augmente l’efficacité des opérations.

AE : Quels avantages économiques et environnementaux les entreprises peuvent-elles tirer de l’adoption de l’Industrie 4.0 dans les secteurs extractifs ?

PB : L’adoption de l’Industrie 4.0 dans les secteurs extractifs permet aux entreprises de réduire les coûts opérationnels grâce à l’automatisation et à l’optimisation des processus. Sur le plan économique, cela améliore la productivité et la rentabilité. Environnementalement, elle permet de minimiser les déchets, d’optimiser l’utilisation des ressources et de réduire l’empreinte carbone grâce à une gestion plus précise et durable des opérations. Orange s’inscrit bien dans cette démarche avec la certification 14001 obtenue au Q3 de cette année 2024.

AE : Comment l’automatisation et la robotisation modifient-elles les compétences requises pour les travailleurs des secteurs miniers et énergétiques ?

PB : L’automatisation et la robotisation exigent des travailleurs des compétences techniques avancées en gestion des systèmes automatisés, en maintenance des robots et en analyse de données. Cela remplace certains métiers manuels, tout en nécessitant des profils plus spécialisés dans les technologies numériques, le cloud et la cybersécurité. Les travailleurs doivent s’adapter à des environnements de plus en plus technologiques et collaboratifs. Nos Etats doivent accompagner les entreprises dans la formation de leur personnel dans les nouveaux métiers et réguler le secteur.

AE : A quels défis les entreprises des secteurs extractifs et énergétiques font-elles face dans la mise en œuvre des technologies de l’Industrie 4.0 en Afrique ?

PB : Les entreprises des secteurs extractifs et énergétiques en Afrique font face à des défis liés à l’infrastructure technologique insuffisante, aux coûts élevés d’implémentation des technologies de l’Industrie 4.0 et à un manque de compétences locales spécialisées. De plus, les problèmes de connectivité résiliente (en Fibre, via le satellite, les coûts des fréquences et des outils qui restent onéreux pour nos pays) et la résistance au changement dans certaines régions compliquent l’adoption de ces technologies. La gestion des données et la cybersécurité représentent également des défis importants.

AE : Quels sont les risques liés à la cybersécurité pour les infrastructures critiques des industries extractives et énergétiques en Afrique à l’ère du numérique ?

PB : Les infrastructures critiques des industries extractives et énergétiques en Afrique sont exposées à des risques accrus de cyberattaques, pouvant perturber la production et causer des fuites de données sensibles. Les vulnérabilités liées à des systèmes vieillissants ou mal sécurisés augmentent le risque de sabotage, de vol de données et d’intrusions. Ces attaques peuvent également compromettre la sécurité des travailleurs et l’intégrité des opérations. Un renforcement de la cybersécurité est crucial pour protéger ces secteurs essentiels. Faire des audits et pentests réguliers, mettre en place des plans de continuité d’activité sans oublier d’assurer la supervision des incidents et événements de sécurité (SOC) et sensibiliser le personnel à la gestion de crise.

AE : Quels rôles les gouvernements et les institutions publiques peuvent-ils jouer pour soutenir l’intégration de l’Industrie 4.0 dans les secteurs extractifs et énergétiques ?

PB : Les gouvernements et les institutions publiques peuvent soutenir l’intégration de l’Industrie 4.0 en offrant des incitations fiscales et des subventions pour encourager l’adoption des technologies numériques. Ils peuvent s’appuyer sur des opérateurs comme Orange qui a investi dans l’optimisation de la connectivité (Fibre Satellite, Réseau privé mobile, SDWAN : Division Broadband) et l’énergie pour tous (Division Orange Energie), encore plus proche des populations avec son slogan « Orange est là » qui est une réalité surtout pour ces activités qui se déroulent dans des zones isolées, reculées. De plus, ils doivent promouvoir la formation et le développement des compétences locales pour accompagner la transition technologique. Enfin, la mise en place de régulations et de normes de sécurité favorise un environnement propice à l’innovation.

ecofin

You may like