En Roumanie, les pro-européens s’accordent pour former un gouvernement

Les forces politiques proeuropéennes en Roumanie ont trouvé lundi un accord pour former un nouveau gouvernement contre l’extrême-droite et pour présenter un candidat unique à la présidentielle.

Quatre forces politiques proeuropéennes ont trouvé un accord lundi 23 décembre pour former un gouvernement en Roumanie, contre une extrême droite en pleine ascension, et pour présenter un candidat unique à la présidentielle après son annulation surprise.

Le président libéral Klaus Iohannis a reconduit le Premier ministre social-démocrate sortant Marcel Ciolacu, lui souhaitant « beaucoup de succès pour la nouvelle coalition proeuropéenne », « capable de gérer le calendrier des futures élections ».

Le Parlement a ensuite validé dans la soirée la composition du nouveau gouvernement à une majorité de 240 députés, 143 autres ayant voté contre.

Un peu plus tôt, Marcel Ciolacu avait reconnu que sa tâche ne serait « pas facile » après le récent chaos électoral. « Notre devoir est avant toute chose de défendre les valeurs démocratiques, dans l’Otan », avait-il ajouté.

En vertu de ce pacte, la nouvelle majorité issue des législatives du 1ᵉʳ décembre emmenée par les sociaux-démocrates du PSD, arrivés en tête avec 22 % des voix, sera appuyée par les libéraux du PNL, comme au cours de la précédente législature. Mais aussi cette fois par le parti UDMR de la minorité hongroise et par le rassemblement des minorités ethniques (GPMN).

Un large spectre, qui ne masque pas un affaiblissement face à la montée inédite de l’extrême droite dans ce pays du flanc est de l’Otan dont le rôle est crucial dans le soutien à l’Ukraine voisine. Car le parti nationaliste AUR a récolté 18 % des voix aux législatives et au total, les trois formations du bloc souverainiste représentent désormais 32 % des électeurs, soit plus du triple du score enregistré en 2020 par AUR, alors seul en lice.

Un candidat commun à la présidence
D’autant que la formation de cette majorité intervient après un coup de théâtre sans précédent, l’annulation le 6 décembre de la présidentielle par la Cour constitutionnelle, à deux jours du second tour.

Auparavant, les autorités avaient déclassifié des documents des services de renseignement étayant les accusations sur le rôle « massif » de TikTok dans la campagne électorale, avec la Russie dans le viseur.

Au premier tour, le candidat nationaliste Calin Georgescu était arrivé en tête à la surprise générale, balayant les favoris dans les rangs des partis de gouvernement et provoquant un séisme politique.

Cet ancien haut fonctionnaire de 62 ans, critique de l’UE, de l’Otan et de toute aide militaire à l’Ukraine, avait alors parlé de « coup d’État » et estimé que la « démocratie était en danger ».

Le nouveau gouvernement roumain devra organiser le scrutin, et les forces politiques composant sa majorité se sont mises d’accord pour avoir un candidat commun à la présidence, Crin Antonescu.

Âgé de 65 ans, il était arrivé troisième à la présidentielle en 2009. Chef des libéraux entre 2009 et 2014, il a été président à titre provisoire de la Roumanie à l’été 2012 et a dirigé le Sénat pendant deux ans. Au média Digi24, Crin Antonescu a dit « revenir » parce que la « situation » est « exceptionnelle ».

« Le moment est critique et si des partis importants, comme la société civile, pensent que je peux être utile, je suis à leur disposition », a-t-il répondu.

Dan Tanasa, le porte-parole du parti d’extrême droite AUR, a quant à lui dénoncé dans un communiqué de presse un « simulacre démocratique », « toutes les procédures ayant été forcées » pour mettre en place « un gouvernement illégitime ».

AFP

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