France : les émissions de gaz à effet de serre repartent à la hausse au 3e trimestre

Rush hour traffic fills an avenue leading up to the Arc de Triomphe which is seen through a small-particle haze at Neuilly-sur-Seine, Western Paris, March 13, 2014 as warm and sunny weather continues in France. Residents and visitors to Paris basking in a streak of unseasonable sunshine were also being treated with a dangerous dose of particles from car fumes that pushed air pollution to levels above other northern European capitals this week. Swathes of France, including the French capital, were on maximum alert over air pollution on Thursday, prompting Paris authorities to make green transportation such as its Velib bike-share and the Autolib electric car fleet free for the day. REUTERS/Charles Platiau (FRANCE - Tags: ENVIRONMENT TRANSPORT TRAVEL)

Après un recul important en 2023, la baisse des émissions de gaz à effet de serre en France montre des signes de ralentissement en 2024. Elles sont même reparties à la hausse au 3e trimestre. Pas de quoi faire « prendre du retard » au pays, selon Agnès Pannier-Runacher.

Il faut encore faire des efforts. Les émissions de gaz à effet de serre en France sont reparties à la hausse (+ 0,5 %) au 3e trimestre sur un an, notamment sous l’effet de contributions des secteurs du bâtiment et du transport, a annoncé ce vendredi le Citepa, l’organisme chargé de dresser le bilan carbone français.

Sur les neuf premiers mois de 2024, la tendance reste toutefois à la baisse, avec un recul de 2,4 %, hors puits de carbone, par rapport à cette même période en 2023. Mais la diminution des émissions de gaz à effet de serre ralentit. À titre de comparaison, l’an dernier sur neuf mois, le recul était de 6 %. 2023 s’était conclue par une baisse des émissions de 5,8 % par rapport à 2022.

« Compte tenu des efforts des deux dernières années, on ne prend pas retard », a réagi Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique, sur RTL ce vendredi matin. La hausse du 3e trimestre « nous laisse encore sur la bonne trajectoire », a-t-elle affirmé, jugeant que ces chiffres « nous rappellent qu’il ne faut pas baisser la garde ».

La dernière année où les émissions étaient en hausse date de 2021, avec une augmentation de 6,4 % en raison de la reprise post-Covid. Sans aller jusque-là, 2024 devrait logiquement être un moins bon cru sur le plan de la baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES).

« La tendance sur 12 mois glissants actuellement est de -3,1 % (année mobile) », indique le Citepa, dont les données restent pour l’heure provisoires. Et elles n’intègrent pas l’absorption de CO2 par les puits de carbone, comme les forêts et les sols, fortement dégradés en raison du réchauffement climatique et des pollutions diverses, mais essentiels dans l’atteinte des objectifs climatiques de la France.

Les émissions en hausse dans le bâtiment et les transports
Le ralentissement de la baisse des émissions sur neuf mois provient de deux secteurs : le bâtiment et les transports, dont les émissions sont reparties à la hausse ces derniers mois. Concernant les transports, cette hausse est principalement due une augmentation des émissions du trafic routier (+ 1,1 % sur le trimestre). Mais c’est surtout le bâtiment qui plombe le bilan du 3e trimestre, avec une augmentation de 11,8 %. Ce fort rebond provient de « la hausse des émissions associée au chauffage des bâtiments résidentiels et tertiaires au mois de septembre 2024 ».

Le pays connaît « un ralentissement du passage à la voiture électrique, en particulier dans les entreprises, qui ne jouent pas le jeu », a pointé Agnès Pannier-Runacher sur RTL ce vendredi matin. Par ailleurs, selon la ministre, « on constate une hausse des poses de chaudière au gaz et de l’utilisation du fioul » alors qu’« on avait eu un rythme important de baisse des gaz à effet de serre dans les bâtiments avec la rénovation thermique et le changement des chaudières fossiles ».

Les secteurs de la production d’énergie et de l’industrie contribuent, eux, toujours à la dynamique de réduction des émissions sur le 3e trimestre (-12,9 %). Du côté des bonnes nouvelles, le transport aérien domestique, bien que moindre par rapport au transport international, voit ses émissions se réduire de 4,1 %, amplifiant la baisse déjà constatée en 2023 (-3,5 %).

La décarbonation de la production d’électricité se poursuit, en raison du moindre recours aux énergies fossiles. L’industrie manufacturière continue aussi de baisser ses GES, même si le rythme ralentit : après -2,8 % au 2e trimestre, le recul n’est plus que de 1,3 % au 3e.

Pour l’agriculture, le Citepa précise que « seule une partie des évolutions des émissions du secteur » est estimée et que la « quasi-stagnation des émissions (+ 0,3 %) » sur neuf premiers mois « reste un aperçu partiel ».

Tous les secteurs en baisse en 2023
Le Citepa rappelle qu’en 2023, tous les secteurs avaient contribué à la baisse des émissions. « Cette dynamique, multifactorielle, doit se poursuivre pour maintenir une trajectoire de décarbonation compatible avec les objectifs de la Stratégie Nationale Bas-Carbone » (SNBC), souligne l’organisme.

La trajectoire de réduction pour atteindre la nouvelle cible provisoire de 270 millions de tonnes (Mt) équivalent CO2 (CO2e) en 2030 hors puits de carbone indiqué dans le projet de SNBC 3 implique une réduction nécessaire de 4,7 % par an (soit -16 Mt CO2e/an en moyenne) entre 2022 et 2030, indique le Citepa.

La France, qui doit s’aligner sur l’objectif européen de -55 % d’émissions d’ici 2030 par rapport à 1990 et qui ambitionne la neutralité carbone en 2050, avait échoué à respecter son premier budget carbone (2015-2018) et avait revu ses ambitions à la baisse en 2019. Le bilan de la SNBC 2 devrait être dressé en 2025.

leparisien

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