Dans sa guerre avec Nasser al-Khelaïfi, John Textor laisse parfois penser que son club est victime d’une DNCG aux ordres de l’influent dirigeant qatari. Mais l’OL est-il vraiment particulièrement visé par le gendarme financier ?
Une sanction logique et des garanties à apporter
Y a-t-il vraiment un complot parisiano-qataro-DNCG à l’encontre de l’OL ? Il y a peut-être une petite fixette, et quelques vacheries visant les Rhodaniens, notamment le délai d’un mois et demi, révélé par L’Équipe, avant de recevoir la lettre de sanction du gendarme financier (habituellement reçue par les clubs sous 48 heures).
Mais à part ça, difficile d’abonder dans le sens de Textor.
« Il n’y avait pas les éléments pour ne pas sanctionner l’OL », estime David Gluzman, banquier à la Deutsche Pfandbriefbank, spécialiste du foot business. « Peut-être que Nasser a de l’influence, mais le fait est que si Textor voulait ne pas avoir de sanctions, il aurait pu préfinancer ces montants.
Mais il ne peut pas parce qu’il n’a pas la surface financière et qu’aucun établissement bancaire ou financier ne veut lui fournir une garantie », poursuit-il.
C’est-à-dire que l’homme d’affaires, s’il n’a pas encore reçu d’offres concrètes pour les joueurs dont il promet le départ, aurait dû placer la somme attendue sur un compte bancaire pour rassurer concernant ses capacités financières.
« C’est exactement que ce que le groupe Nicollin a fait, précise Gluzman. Il a fourni une garantie. » Lyon aurait donc dû être sanctionné et l’a été. Mais ce n’est pas pour autant que la sévérité de ces punitions est justifiée. D’autant plus que brandir de telles mesures envers un club qui a besoin de vendre n’est jamais lui rendre service pour faire monter les enchères.
Et l’attitude de Textor, un poil condescendante, envers ses interlocuteurs de la DNCG n’a pas forcément aidé son club à gagner la clémence des autorités. David Gluzman : « Le “ils comprennent pas mon modèle” alors qu’il y a sept clubs en multipropriété en Ligue 1… ils comprennent très bien le modèle. Jean-Marc Mickeler est biaisé de temps en temps, il dit parfois tout et son contraire, mais professionnellement on ne peut pas le qualifier de truffe. »
Il y a beaucoup trop d’appuis politiques, beaucoup trop d’appuis financiers, beaucoup trop d’actifs et d’atouts pour que l’OL disparaisse.
David Gluzman
« La DNCG se trompe parfois ! Sur Angers, elle s’est trompée.
Elle s’est trompée sur Bordeaux l’année dernière. Elle reste faillible, pondère tout de même le banquier, qui se veut rassurant concernant l’exécution de la rétrogradation en Ligue 2. Il y a beaucoup trop d’appuis politiques, beaucoup trop d’appuis financiers, beaucoup trop d’actifs et d’atouts pour que l’OL disparaisse. Surtout qu’il y a Ares derrière. Ares, c’est sur le très haut du panier, c’est la fine fleur de la finance. Ils ont forcément exploré toutes les options pour garantir leur investissement. »
De son côté, l’OL se présenterait cette fois avec de nouveaux arguments, notamment l’injection de 100 millions d’euros promise depuis l’annonce de l’introduction d’Eagle (la holding de Textor) à la bourse américaine.
Les ventes de Gift Orban, de Jeffinho et le départ d’Anthony Lopes pourraient également être mis en avant. Enfin, le gros dossier concerne l’avenir des parts de l’Étasunien dans le capital de Crystal Palace. Nul doute que l’OL va mettre en avant la récente annonce de l’entrée en négociations exclusives avec un groupe américano-saoudien pour les 45% du club londonien. Peut-être le week-end le plus décisif de la saison de l’OL.
sofoot