L’huile de palme est l’oléagineuse la plus produite au monde. Si depuis 2021, les cours étaient orientés à la baisse, ils ont repris des couleurs l’année passée.
En 2024, les prix de référence de la tonne d’huile de palme brute (CPO) ont gagné 20 % sur le Bursa Malaysia Derivatives Exchange clôturant l’année autour de 4 861 ringgits (1079,25 $).
Il s’agit de la première hausse sur le marché mondial de l’huile de palme après deux années consécutives de baisse. Cette embellie des prix a été rendue possible par le resserrement du marché avec des disponibilités réduites chez les grands producteurs d’Asie du Sud-Est que sont l’Indonésie et la Malaisie.
Dans le premier pays, l’obligation d’incorporation de l’huile de palme dans le biodiesel à un mélange de 35% (mandat 35) a été reconduite pour la seconde année consécutive en 2024.
Cette politique a permis à l’industrie des biocarburants de consommer près de 11 millions de tonnes de l’oléagineux réduisant de facto les volumes exportables dans un contexte où la filière qui subit encore les conséquences de la sécheresse doit également faire face à la baisse des rendements liée au vieillissement des plantations.
Les exportations du 4e pays le plus peuplé du monde sont d’ailleurs attendues en baisse de 2 millions de tonnes en 2024 alors que la production devrait reculer d’un million de tonnes en 2024 à 53,8 millions de tonnes selon l’Association indonésienne de l’huile de palme (GAPKI).
Du côté de la Malaisie, la production d’huile de palme a été affectée par des problèmes météorologiques en plus du problème structurel que représente aussi le vieillissement des plantations. Les fortes pluies enregistrées par le pays perturbent en effet la production depuis septembre dernier.
En novembre, cette situation a déjà conduit à une baisse de l’offre à 1,62 million de tonnes, soit son plus bas depuis 2020 alors que les ventes ont reculé de 14,7 % en glissement annuel à 1,49 million de tonnes d’après l’Office malaisien de l’huile de palme (MPOB). Pour décembre, des sources de l’industrie anticipent déjà un 4e mois consécutif de baisse dans une proportion allant de 5 à 20 % selon la sévérité des inondations.
Quelles perspectives pour 2025 ?
Sur le marché, les yeux sont tournés vers l’Indonésie qui selon plusieurs observateurs pourrait imprimer la dynamique sur le marché dans les prochains mois. Dans le pays, premier producteur mondial, il est attendu l’application d’une nouvelle politique d’incorporation de l’huile de palme dans le biodiesel à un mélange de 40 % (mandat 40). Cette démarche devrait nécessiter 1,7 million de tonnes d’huile de palme supplémentaires en 2025.
Si la mesure avait été annoncée pour le début du mois de janvier, l’industrie mondiale reste dans l’expectative. Pour le moment, aucun détail technique n’a été révélé sur cette politique et le gouvernement n’a pas encore publié un décret entérinant la décision. Quoi qu’il en soit, les acteurs du marché s’accordent déjà pour pronostiquer cette année encore une orientation des prix vers le haut.
Comme un signe avant-coureur, depuis le 2 janvier dernier, les prix de référence sont au-dessus des 4000 ringgits alors qu’un an plus tôt ils tournaient autour de 3630-3690 ringgits.
Dans une note publiée le 20 décembre dernier, la firme malaisienne d’analyse MARC Ratings a indiqué que les prix de référence pourraient tourner en moyenne autour de 4600 ringgits en 2025, en raison de la réduction de l’offre exportable par les deux plus importants producteurs mondiaux et la lenteur des replantations.
La société prévoit également que les perturbations dans les zones de production en Malaisie se poursuivent jusqu’à la fin du premier trimestre 2025.
« Les conditions météorologiques devraient revenir à la normale vers le second semestre de 2025. Si cela devrait permettre d’améliorer la récolte, l’essentiel des retombées positives pourrait ne pas être perçu avant 2026 », prévient la firme.
Au-delà du climat, l’évolution de la demande indienne en huile de palme sera aussi scrutée par les observateurs.
Une augmentation des achats par le premier importateur mondial d’huiles végétales pourrait contribuer à réduire davantage les stocks dans les pays producteurs et soutenir les contrats à terme de référence sur l’huile de palme malaisienne.
D’un autre côté, une préférence plus marquée pour l’huile de soja et l’huile de tournesol qui sont actuellement moins chères et donc plus attractives pour les acheteurs indiens pourrait miner la demande pour l’huile de palme et peser sur le marché. Le pays le plus peuplé du monde importe entre 9 et 10 millions de tonnes d’huile de palme par an, soit plus de la moitié de ses achats totaux d’huiles végétales.
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