Le nouveau président libanais, Joseph Aoun, a entamé lundi des consultations en vue de nommer un Premier ministre. Parmi les noms évoqués pour le poste, qui est réservé à un musulman sunnite, figurent le chef du gouvernement intérimaire Najib Mikati et le juge président de la Cour internationale de justice, Nawaf Salam.
Le nouveau président libanais, Joseph Aoun, a entamé lundi 13 janvier des consultations parlementaires en vue de désigner un Premier ministre pour former un gouvernement.
Ces consultations, une obligation constitutionnelle dans le cadre du système confessionnel de partage du pouvoir au Liban, interviennent quelques jours après l’élection de Joseph Aoun, sous pressions étrangères, notamment de la part des États-Unis et de l’Arabie saoudite, pour une issue rapide.
Dirigé par un gouvernement intérimaire mené par Najib Mikati, le petit pays méditerranéen n’avait plus de président depuis octobre 2022 du fait des dissensions politiques, malgré une grave crise économique et le conflit qui a opposé pendant plus d’un an, avant un cessez-le-feu fin novembre, le Hezbollah libanais à Israël.
Najib Mikati, Nawaf Salam ?
Parmi les noms évoqués pour le poste de Premier ministre, qui est réservé à un musulman sunnite, figurent Najib Mikati et le juge président de la Cour internationale de justice (CIJ) qui siège à La Haye (Pays-Bas), Nawaf Salam.
À l’issue d’une première série de consultations, 12 députés ont désigné Nawaf Salam, et sept Najib Mikati, tandis que deux autres n’ont soutenu aucun des candidats. Les consultations doivent se poursuivre avec les principales formations parlementaires.
Selon une source proche du Hezbollah, la formation pro-iranienne et le mouvement allié Amal du puissant président du Parlement, Nabih Berri, soutiennent Najib Mikati.
Sa désignation « fait partie de l’accord conclu avec l’envoyé saoudien (…) qui a conduit le Hezbollah et Amal à voter pour porter Joseph Aoun à la présidence » le 9 janvier, a ajouté à l’AFP cette source sous couvert d’anonymat en raison du caractère sensible du dossier.
L’Arabie saoudite et les États-Unis ont été en première ligne des efforts diplomatiques internationaux pour mettre fin à deux ans de vacance présidentielle au Liban.
Riyad avait auparavant pris ses distances de la scène politique libanaise pendant des années, opposé à l’influence du Hezbollah, depuis fortement affaibli par sa confrontation avec Israël.
Najib Mikati, qui entretient de bonnes relations avec les partis politiques libanais et plusieurs pays étrangers, a nié l’existence d’un tel accord préalable. Celui qui fait partie des hommes les plus riches du pays avait déclaré jeudi être prêt à servir le pays « si nécessaire ».
Défis majeurs
Quel que soit le nom du prochain Premier ministre, il sera confronté à des défis majeurs, notamment la mise en œuvre de réformes économiques pour satisfaire les donateurs internationaux.
Il aura également la lourde tâche de reconstruire des pans entiers du pays après la guerre entre Israël et le Hezbollah et mettre en œuvre l’accord de cessez-le-feu du 27 novembre, qui prévoit notamment un retrait du Hezbollah de la zone frontalière avec Israël.
Les forces politiques opposées au Hezbollah considèrent que Najib Mikati fait partie d’un système politique dépassé et sous l’emprise de cette formation.
Elles ont mené dimanche des tentatives de dernière minute pour unifier les positions de l’opposition et des indépendants derrière Nawaf Salam.
Un troisième candidat, le député anti-Hezbollah Fouad Makhzoumi, riche homme d’affaires entretenant de bonnes relations avec les pays du Golfe et Washington, a annoncé son retrait pour se ranger du côté de Nawaf Salam.
Le journal Al-Akhbar, proche du Hezbollah, a écrit lundi que la nomination de Nawaf Salam serait un « coup d’État complet des États-Unis ».
Le professeur d’université Ali Mrad a déclaré à l’AFP que « l’idée que la nomination de Salam constituerait un coup d’État et renverserait les équilibres est une mentalité issue de la période précédente ».
Il considère que la désignation de Nawaf Salam serait un « retour à la logique de la réforme, de la souveraineté et de l’unité nationale. »
Selon la Constitution libanaise, le président désigne, en consultation avec le président du Parlement, le candidat qui a recueilli le plus de voix lors des consultations.
Rien ne garantit ensuite la formation immédiate d’un gouvernement, le processus ayant parfois pris des mois par le passé, retardé par les divisions politiques.
AFP