Lors de son discours de politique générale mardi après-midi, le Premier ministre a annoncé un « conclave » de trois mois pour réviser la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, « sans aucun totem et sans aucun tabou » sur le départ ultracontesté à 64 ans.
François Bayrou a peut-être glissé un clin d’œil à la récente actualité du cinéma mardi après-midi. Au cours de son discours de politique générale prononcé devant les députés, le chef du gouvernement a annoncé l’organisation d’un « conclave » afin de remettre en chantier la réforme des retraites de 2023. Un terme qui n’est pas sans faire penser au titre du film d’Edward Berger sorti en fin d’année et qui fait figure de favori pour la prochaine cérémonie des Oscars.
Le conclave désigne l’assemblée des cardinaux qui élit le souverain pontife après la mort du pape.
Et le film illustre cette mission à hauts risques, dans un petit monde du clergé où tout le monde se connaît et où les rancunes sont tenaces. D’autant qu’aux luttes intestines s’ajoutent les rivalités politiques, entre les tenants d’une église ouverte sur le monde et les gardiens du temple.
L’emploi du mot « conclave » par le Premier ministre donne donc un aperçu, dans un autre registre, du défi que représente cette réunion des partenaires sociaux pendant trois mois laquelle est censée aboutir à une révision de la dernière réforme des retraites.
Un spécialiste du sujet pour animer les discussions
Si François Bayrou met en place ce « conclave », c’est qu’il a constaté que de nombreux participants aux discussions sur les retraites affirment qu’il existe « des voies de progrès » dans le cadre de la dernière réforme et qu’il est possible de la rendre « plus juste » tout en obtenant « le même résultat » de réduction du déficit du régime par répartition.
Le chef du gouvernement qualifie ce projet de « conclave » de « méthode inédite et quelque peu radicale ».
Concrètement, il s’agira de réunir l’ensemble des partenaires sociaux, aussi bien les organisations syndicales que patronales, en un même lieu afin de mettre sur la table toutes les pistes identifiées pour que « la réforme soit socialement plus juste et cependant équilibrée. »
En amont, une mission flash est confiée à la Cour des comptes afin « de faire un point sur l’ensemble des données concernant les retraites, de façon à ce que le constat soit partagé » par l’ensemble des participants comme l’expliquait mercredi matin sur BFMTV la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles de France Catherine Vautrin.
« Chacun des partenaires sociaux aura le droit de faire inscrire à l’ordre du jour de ces discussions et négociations les questions qui le préoccupent », a souligné François Bayrou, rappelant que « rien n’est fermé. »
Les discussions seront animées par un spécialiste du sujet des retraites qui sera nommé « dans les prochains jours » selon Catherine Vautrin qui précise qu’il ne s’agira pas d’un « politique ». Sur Franceinfo, la ministre chargée du Travail et de l’Emploi Astrid Panosyan-Bouvet a indiqué que « la réunion sera dirigée par un tiers de confiance : un expert, un garant de la négociation quelqu’un qui peut susciter la confiance » et a demandé « aux partenaires sociaux de (lui) proposer quelques noms ».
Un accord retranscrit dans une loi ou intégré au PLFSS 2026
Le projet de « conclave » doit se concrétiser dès cette semaine. Alors que des représentants syndicaux indiquaient mercredi matin que la réunion préalable souhaitée par François Bayrou avant le week-end serait finalement reportée, Matignon vient de confirmer que celle-ci se tiendrait bien vendredi à 11 heures.
Le Premier ministre proposera aux représentants de chaque organisation « de travailler autour de la même table, de s’installer dans les mêmes bureaux, ensemble, pendant trois mois à dater du rapport de la Cour des comptes. »
À l’issue de ce délai de trois mois, deux options apparaîtront.
Soit le « conclave » aura permis de déboucher sur « un accord d’équilibre et de meilleure justice » autour des retraites auquel cas celui-ci sera adopté par le biais d’une loi ou dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026. Dans le cas contraire, le chef du gouvernement a prévenu que la réforme des retraites actuelle continuerait de s’appliquer.
AFP