Actuellement fixé à 3 %, le rendement du livret A baissera à partir du 1er février prochain. Ce mercredi matin, François Villeroy de Galhau a proposé un taux de 2,4 % au gouvernement, qui prendra la décision finale
Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a proposé ce mercredi matin au ministre de l’Économie de fixer à 2,4 % le nouveau taux du livret A dès le 1er février, contre 3 % actuellement, et de ramener celui du livret d’épargne populaire (LEP), réservé aux ménages modestes, à 3,5 %, contre 4 % aujourd’hui.
Ce nouveau taux du livret A, boussole de l’épargne française, « permettra d’amplifier le mouvement très positif de relance du financement du logement social et des collectivités locales observé depuis plus d’un an », écrit la Banque de France dans un communiqué
Le gouverneur attendait le chiffre définitif de l’inflation de décembre, fixé par l’Insee à 1,3 % sur un an, dernière composante indispensable au calcul du nouveau taux du produit phare de l’épargne réglementée. François Villeroy de Galhau a remis sa proposition au ministre, à qui appartient la décision finale. Éminemment politique, elle peut toujours réserver des surprises. La formule de calcul est d’ailleurs loin d’être systématiquement appliquée et a fait l’objet de fréquentes dérogations ces dernières années.
Recul de l’inflation
Pour son premier exercice, Éric Lombard avait préparé le terrain. Le 6 janvier sur France Inter, il avait évoqué un taux « autour de 2,5 % ». La baisse, à partir des 3 % en vigueur depuis deux ans, est logique puisqu’elle reflète le recul de l’inflation des derniers mois. Ce serait la première baisse depuis début 2020, quand le taux était passé de 0,75 % à 0,50 %.
Il faut remonter à l’été 2013 pour retrouver une baisse d’ampleur aussi importante, d’un demi-point de pourcentage.
Même avec un livret A moins rémunérateur, « l’épargne est non seulement protégée, mais elle permet au patrimoine réel d’augmenter », justifiait la semaine dernière Éric Lombard. Mais la perspective d’une baisse du taux du livret A est bien une mauvaise nouvelle pour les 57 millions de détenteurs d’un « petit livret rouge ».
Elle offre cependant un bol d’air aux acteurs qui le rémunèrent : les établissements bancaires et la Caisse des dépôts (CDC), qu’Éric Lombard dirigeait jusqu’à sa nomination en tant que ministre fin décembre.
La formule de calcul du taux du Livret A est basée pour moitié sur l’évolution des prix des six derniers mois et pour une autre moitié sur un taux d’échange entre les banques
Encours de 582 milliards d’euros
La conséquence d’une baisse de taux « est très importante pour nous », a souligné mercredi dernier sur BFM Business le directeur général par intérim de la « Caisse » Olivier Sichel, « ça va nous permettre de baisser le taux d’emprunt des bailleurs sociaux ». Cette baisse attendue sera aussi vue d’un bon œil par les assureurs, qui proposent un produit d’épargne concurrent, l’assurance-vie.
Le taux du livret A, aussi valable pour les 26 millions de Livrets de développement durable et solidaire (LDDS), est la véritable boussole du marché de l’épargne. Il est théoriquement révisé deux fois l’an. Les Livrets A et les LDDS se sont étoffés de 17,5 milliards d’euros entre janvier et novembre 2024, pour atteindre un encours de 582,3 milliards d’euros, selon les dernières données de la CDC.
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