L’ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan, incarcéré depuis l’été 2023, a de nouveau été condamné à quatorze ans de détention dans une affaire de corruption. Son épouse Bushra Bibi a, elle aussi, été condamnée à sept ans de prison. Elle a été arrêtée ce 17 janvier 2025.
« Je ne passerai pas d’accord ni ne chercherai à alléger (ma peine) », a lancé l’ex-Premier ministre pakistanais Imran Khan à la presse dans la salle d’audience installée dans le complexe d’Adiala, la prison dans laquelle il est incarcéré. Sa troisième épouse, Bushra Bibi qui comparaissait libre, a été condamnée à sept ans de prison dans la même affaire. Le couple était jugé pour des accusations de transferts illicites de fonds destinés à l’État vers des comptes privés. Le verdict avait été plusieurs fois reporté.
Selon certains experts, l’armée pousserait Imran Khan, incarcéré et cité dans 200 affaires, à se retirer de la vie politique après avoir précipité sa chute en 2022 après quatre années à la tête du gouvernement.
Le chef de l’opposition au Sénat, membre du PTI, le parti d’Imran Khan, a qualifié ce vendredi 17 janvier de « jour noir », raconte la correspondante de RFI, Sonia Ghezali. Les avocats de l’ex-Premier ministre ont annoncé qu’ils feraient appel de cette condamnation pour corruption. Imran Khan, qui a été durant quatre années à la tête du gouvernement jusqu’à son éviction en avril 2022 à la suite d’une motion de censure.
Emprisonné depuis août 2023, Imran Khan est en campagne contre l’armée, une institution pourtant intouchable depuis l’indépendance au Pakistan.
Depuis son incarcération, il n’a cessé d’accuser l’establishment, c’est-à-dire l’armée, et le gouvernement de vouloir l’exclure de la vie politique en s’acharnant sur lui via des accusations politiquement motivées.
L’été dernier, l’ONU avait estimé que la détention d’Imran Khan était « arbitraire », réclamant « sa libération immédiate ».
Un appel resté sans réponse à ce jour. Il y a eu des espoirs de dialogue engagé entre le parti d’Imran Khan et l’establishment cette semaine après une entrevue survenue entre le chef de l’armée et des chefs du PTI. Une entrevue tenue secrète, mais rapportée dans la presse. L’ex-Premier ministre pakistanais a fait savoir sur ses réseaux sociaux qu’on lui avait « proposé un accord » sur ses affaires judiciaires, mais qu’il ne souhaitait aucun compromis : « Je n’ai jamais détourné de fonds, donc pourquoi devrais-je accepter des compromis ?
Je ne me résignerai à aucun marché jusqu’à mon dernier souffle. »
Jusqu’ici, les quatre condamnations prononcées contre lui ont été annulées en appel ou suspendues par des juges. La condamnation ce 17 janvier 2025 d’Imran Khan et de son épouse attisent encore plus les tensions politiques.
rfi