Macron au Liban pour soutenir ses nouveaux dirigeants

Le président français, Emmanuel Macron, rencontre vendredi les nouveaux dirigeants libanais pour soutenir un déblocage politique qu’il n’avait pu obtenir lors de ses deux visites il y a quatre ans dans la foulée d’une explosion dévastatrice.

Sa visite express de 12 heures coïncide avec celle du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, arrivé jeudi soir à Beyrouth, et il est possible que les deux hommes se voient sur place, selon une source diplomatique française.

La France est impliquée dans la surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre à la guerre entre Israël et le Hezbollah au Liban.

Le président français a déambulé vendredi matin dans le quartier de Gemmayzé, qui avait été dévasté par l’explosion au port en 2020 et est revenu à la vie grâce à l’initiative de ses habitants et d’ONG.

Acclamé par les habitants, il a pris des selfies avec les passants, qui lui ont offert du café. « C’est le premier qui est venu en 2020, après l’explosion, nous n’avons pas oublié », lui a dit une dame âgée.

Emmanuel Macron avait été accueilli en sauveur en 2020 par une population remontée contre ses dirigeants, qu’elle rendait responsable de l’incurie ayant abouti au drame.

L’explosion, provoquée par le stockage de tonnes de nitrate d’ammonium, avait défiguré la capitale libanaise et fait plus de 220 morts.

– « Diplomatie régionale » –

Ce déplacement du président français vise à « aider » son homologue Joseph Aoun, élu il y a une semaine après deux ans de vacance à ce poste, et le Premier ministre désigné Nawaf Salam « à consolider la souveraineté du Liban, à assurer sa prospérité et à maintenir son unité », a déclaré l’Elysée.

« Au Liban, on est passé en quelques mois mois d’une situation d’escalade dramatique à une situation d’espoir de possible redressement. C’est une dynamique à laquelle la France a fortement contribué », souligne une source diplomatique française.

Elle ajoute que Nawaf Salam, un juge international respecté, « a une aura internationale et est une vraie figure réformatrice », mais estime que « cet espoir » doit encore se concrétiser « avec un gouvernement et des réformes ».

M. Salam est engagé dans des consultations délicates pour former son gouvernement mais se heurte encore aux réserves du puissant Hezbollah pro-iranien, incontournable au Liban.

L’Elysée a indiqué jeudi qu’Emmanuel Macron et le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, avaient apporté « tout leur soutien » à la formation d’un « gouvernement fort » lors d’un entretien téléphonique.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé de son côté à la formation rapide d’un gouvernement au Liban, une étape « cruciale » pour la stabilité du pays et de la région après l’élection d’un président.

Emmanuel Macron a souligné dans une interview au quotidien libanais indépendant l’Orient-Le Jour que Paris et Ryad avaient « travaillé ensemble » sur le Liban, ajoutant que « l’élection de Joseph Aoun et la désignation de Nawaf Salam étaient aussi le fruit de ce travail de diplomatie régionale ».

Emmanuel Macron, qui a été accueilli à sa descente d’avion par le Premier ministre sortant, Najib Mikati, s’est réuni dans la matinée avec le chef d’état-major de la force de paix de l’ONU (Finul), le général Jean-Jacques Fatinet, ainsi qu’avec les chefs du mécanisme mis en place sous la houlette de la France et des Etats-Unis pour vérifier l’application du cessez-le-feu arraché par les deux puissances entre l’armée israélienne et le Hezbollah.

« Les choses avancent, la dynamique est positive », sur l’application du cessez-le-feu, a-t-il déclaré à des journalistes à l’issue de la rencontre.

Conformément à l’accord, l’armée israélienne doit se retirer des zones frontalières et l’armée libanaise s’y déployer avant la date butoir du 26 janvier.

Le président français avait effectué deux visites au Liban en 2020, arrachant à la classe politique un engagement à former un gouvernement réformateur, promesse qu’elle n’a jamais tenue.

Depuis, il a continué de maintenir à distance la pression sur les dirigeants libanais, nommant en juin 2023 son ex-ministre, Jean-Yves Le Drian, comme émissaire personnel pour faciliter l’élection d’un président.

Mais il aura fallu encore un an et demi pour que le Parlement parvienne la semaine dernière à élire le général Aoun.

Selon Ziad Majed, professeur à l’université américaine de Paris, plusieurs facteurs ont contribué au déblocage: « la guerre dévastatrice » entre Israël et le Hezbollah, « l’affaiblissement » de celui-ci par l’armée israélienne, « la crise économique qui dure ». Mais aussi la chute de Bachar al-Assad en Syrie, allié de l’Iran, et « une crainte de l’arrivée de Donald Trump » à la Maison Blanche, avec son « soutien à Israël ».

lunion

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