Le chef d’État major des armées du pays a annoncé, ce jeudi 13 août, que les soi-disant « tests de virginité » ne seraient plus pratiqués auprès des recrues féminines. Une prise de parole qui met fin à une pratique que subissaient les femmes de l’armée indonésienne depuis 1965.
Officiellement, Il s’agissait d’« examens gynécologiques » que devaient passer les nouvelles recrues femmes de l’armée indonésienne, au même titre par exemple qu’un test de vision. Mais derrière cette expression, c’est bien le contrôle de la virginité des femmes dont il était question. Si le but d’une telle opération subissait de plus en plus de critiques parmi la société indonésienne, son déroulement également.
Car chercher à s’assurer de la virginité d’une femme à travers ce qui était très crûment appelé « le test des deux doigts » relève de la pure superstition, rappelle Andreas Harsono, à la tête de l’ONG Human Rights Watch en Indonésie. Cependant, un amalgame entre l’état de l’hymen d’une femme et son absence ou non de vie sexuelle demeure très présent et ce dans le langage, tout d’abord. « En indonésie, hymen se dit selaput dara, ce qui veut littéralement dire membrane virginale », analyse le chercheur.
Théorie de l’horloge
Partant de là, des mythes médicaux ont également commencé à se répandre pour lier les différents états de l’hymen d’une femme à son activité sexuelle. Parmi eux, Andreas Harsono cite par exemple « la théorie de l’horloge », qui était même mentionnée par le chef d’État major des armées. Si un hymen est déchiré à l’endroit où l’aiguille d’une montre indique sept heures, c’est qu’elle est sexuellement active. Si l’hymen est par contre rompu entre 11 et 13 heures, cela voudrait dire que cette déchirure est accidentelle. Cette superstition est très répandue en Indonésie, elle est même véhiculée dans les médias.
Mais ces dernières années, les efforts d’ONGs, de femmes anonymes ou publiques, et de la Commission Nationale contre les Violences faites aux Femmes ont permis de faire évoluer les mentalités. Ainsi en 2015 c’est la police qui la première annonce renoncer aux « tests de virginité » avant l’État major cette semaine.
Combat des filles et des épouses de militaires
Dans cette bataille de longue haleine, des soutiens discrets à l’intérieur même des bases militaires ont été notables, rappelle Andreas Harsono, qui travaille lui-même sur cette question depuis sept ans. « Il y avait des filles de militaires, sur Instagram et ailleurs qui ont dénoncé cela, l’une d’elle est d’ailleurs à l’origine de la pétition adressée au président Joko Widodo pour que cette pratique cesse, constate-t-elle. On a également pu constater que certains médecins militaires étaient opposés aux tests de virginité. Les femmes de militaires, enfin, disaient en coulisse parfois à leurs époux “Cela doit cesser” en connaissance de cause, puisque ces soi- disant tests pouvaient aussi les concerner. »
Mais après un aussi long combat, l’abandon officiel de cette pratique est un grand soulagement pour tous ces acteurs qui restent néanmoins vigilants : l’armée de l’air et la marine n’ont pour l’instant pas annoncé qu’elles condamnaient cette pratique. S’il est difficile de savoir pour l’instant comment cette annonce pourrait permettre à l’armée de recruter plus de femmes, une chose est certaine : le manque de parité reste grand et parfois dommageable.
Source: lefigaro
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