Le M23 progresse à Minova, dans l’est de la RD Congo

L’armée congolaise a confirmé « une percée » du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo « sur Bweremana au Nord-Kivu et Minova au Sud-Kivu ». En revanche, le groupe rebelle armé a été « contenu » au sud du territoire de Lubero. De nombreux habitants fuient Minova et vont tenter de chercher refuge à Goma.

Un soldat congolais (C) marche parmi des déplacés congolais fuyant la région de Minova près du port de Nzulo le 21 janvier 2025 où ils embarqueront sur des bateaux pour chercher refuge à Goma.

Le M23 a encore gagné du terrain, mardi 21 janvier, dans l’est de la République démocratique du Congo.

Le groupe armé qui combat le gouvernement de Kinshasa dans la région avec le soutien du Rwanda et son armée s’est emparé de Minova, nœud commercial ravitaillant Goma.

Depuis des mois, la localité de quelque 65 000 habitants dans la province du Sud-Kivu craignait une offensive des combattants du M23 (« Mouvement du 23 mars »). La cité enclavée, coincée entre le lac Kivu et les montagnes du Masisi, est finalement tombée lundi à l’aube. « Nous échangeons (des tirs, ndlr) avec l’ennemi mais il a pris Minova », a affirmé à l’AFP un officier de l’armée congolaise sous couvert d’anonymat.

« Le M23 est arrivé à 06 h 00 (04 h 00 GMT). La population est en fuite », a confirmé Shosho Ntale, chef coutumier à Minova joint par téléphone.

Une source hospitalière et plusieurs sources humanitaires ont également confirmé la prise de Minova.

Pour sa part, l’armée congolaise (FARDC) évoque « une percée » du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo. « L’ennemi a fait une percée sur Bweremana au Nord-Kivu et Minova au Sud-Kivu », a déclaré le porte-parole de l’armée, le général Sylvain Ekenge, dans un rare communiqué des FARDC.

Les FARDC ajoutent que le M23 a été « contenu » et « repoussé », en revanche, au sud du territoire de Lubero, dans les hauteurs de Sake et dans le Nyiragongo ».

Détonations résonant jusqu’à Goma
Cette nouvelle conquête du M23, qui depuis sa résurgence fin 2021 n’a cessé d’étendre son contrôle territorial dans l’est de la RDC, est la dernière d’une série d’avancées significatives réalisées au cours des dernières semaines.

Début janvier, le M23 a notamment ravi Masisi-centre aux forces armées congolaises, la capitale administrative du territoire du même nom située à 80 km de Goma comptant environ 40 000 habitants.

La bataille se déroule actuellement sur plusieurs fronts autour de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu déchirée par des conflits depuis trente ans. Il est difficile de prédire si le M23 planifie une offensive sur Goma, tombée brièvement aux mains du groupe armé fin 2012.

Mais les combats les plus proches se tiennent désormais dans les collines de Sake, à une vingtaine de kilomètres seulement de la ville. Depuis lundi, les détonations résonnent jusqu’à Goma, selon des journalistes de l’AFP.

Des déplacés en masse
Minova était jusqu’ici un point de ravitaillement vers Goma. Située sur l’autre rive du lac Kivu, la capitale provinciale d’environ un million d’habitants est quasi encerclée par les combats et des centaines de milliers de déplacés s’entassent en périphérie.

Avec de nombreux axes menant à Goma coupés par les combats, hommes et vivres traversaient le lac sur des embarcations souvent surchargées. Les naufrages sont fréquents sur le lac et les bilans peu fiables. Il y a rarement une liste des passagers bien établie.

Depuis lundi matin, selon des sources locales, les bateaux transportent des populations qui fuient Minova et vont tenter de chercher refuge à Goma.

« Nous continuons à recevoir les déplacés qui arrivent en masse », a alerté Ishara Kaziwa, chargé de la protection du camp de Lushagala, situé en périphérie de Goma. « Nous avons déjà reçu plus de 100 ménages ».

« Les rebelles disent qu’ils amènent la paix et que nous n’avons rien à craindre », raconte un habitant de Minova joint par téléphone. Mais apeuré par les combats, celui-ci refuse de donner son nom.

L’ONU avait déjà estimé la semaine dernière que 237 000 personnes ont dû quitter leur foyer depuis début janvier, évoquant une « escalade des affrontements ».

Le nombre de blessés amenés sur des brancards par des proches ou des membres de la communauté à l’hôpital de Goma, souvent au terme de plusieurs heures difficiles de marche, a également dramatiquement augmenté.

Selon le CIRC, en charge de la chirurgie de guerre dans l’établissement de santé, plus de 200 blessés dont des enfants ont été accueillis au cours des trois dernières semaines, majoritairement des civils touchés par des balles ou des éclats dans des tirs d’obus.

AFP

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