UE: le retour de Donald Trump remet la question du financement de l’Otan au cœur des débats

L’avenir de l’Otan en débat après le retour de Donald Trump au pouvoir. Selon le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, les Européens doivent dépenser plus pour leur défense et payer pour les armes que les États-Unis enverront à l’Ukraine.

Face à l’envoyé de Donald Trump pour les missions spéciales, le débat sur le financement de l’Otan par les Européens s’est tenu ce jeudi lors du Forum économique de Davos, mais en réalité la question financière sera centrale d’abord pour l’avenir de la garantie de sécurité américaine au sein de l’Alliance atlantique et ensuite pour l’UE.

« Vous ne pouvez pas demander au peuple américain d’étendre à l’Ukraine le parapluie de l’Otan tant que les membres actuels de l’Alliance ne paient pas leur juste part », assène Richard Grenell, l’envoyé de Donald Trump pour les missions spéciales.

Le message de Washington est loin d’être une surprise à l’heure où Donald Trump répète qu’un océan sépare l’Europe et l’Amérique, ce qui fait que la guerre en Ukraine est un problème pour les Européens, pas pour lui, rappelle notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet. Il répète par ailleurs à l’envi qu’ils doivent dépenser 5% de leur produit intérieur brut pour la défense, alors même qu’un tiers d’entre eux n’atteint pas encore l’objectif de 2%.

Dépenser plus

Mais pour le secrétaire général de l’Otan, il faut effectivement dépenser plus, une position partagée par la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas.

Le problème n’est pas les États-Unis, c’est l’Europe. Le problème, c’est qu’en Europe, nous ne dépensons pas assez en termes de défense. Le problème, bien sûr, c’est que nous ne sommes pas encore tous à 2%. C’est le problème numéro un. Le problème numéro deux, c’est que ces 2% sont loin d’être suffisants. Nous sommes en sécurité aujourd’hui, mais l’Otan collectivement ne sera pas en mesure de se défendre dans quatre ou cinq ans si nous nous en tenons aux 2%.

Mark Rutte caresse ainsi Donald Trump dans le sens du poil, et le secrétaire général de l’Alliance atlantique va plus loin. Pour lui, les Européens seront prêts à payer la facture si Donald Trump accepte que l’industrie de défense américaine continue à fournir des armements pour l’Ukraine.

Très officieusement, la Commission européenne n’écarte pas cette concession dans l’espoir d’éviter une guerre commerciale avec les États-Unis.

Dans ce contexte, la Banque européenne d’investissement s’est dite prête à doubler son soutien aux industries de défense. Dans une interview donnée à Bloomberg depuis le forum économique de Davos, la patronne de la BEI, l’Espagnole Nadia Calviño, dresse le tableau de ce que doit être, selon elle, la réponse de l’Europe à Donald Trump.

Les dépenses de l’Alliance ont doublé

« Le diagnostic est clair : l’Europe a besoin de plus d’intégration et de plus d’investissement. La Banque européenne d’investissement se doit de mobilier l’investissement public et privé pour financer la transition verte et renforcer l’industrie de défense et de sécurité européenne, a-t-elle assuré. L’an dernier, nous avons mobilisé un milliard d’euros en faveur de la défense européenne, et nous voulons doubler ce montant en 2025. »

Une promesse qui ne suffira probablement pas à apaiser Donald Trump alors que l’Alliance atlantique a doublé ses dépenses militaires entre 2023 et 2024. La Pologne, pays de l’Otan qui consacre la plus grande part de son budget à la défense, dépasse tout juste 4% de sa richesse nationale.

rfi

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